contr'un
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/08/2016 à 11h21
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Question d'origine :
en 1549 Etienne de la Boetie écrivait son célèbre "discours sur la servitude volontaire" auquel il ajoutait un titre de substitution "ou le contr'un" quel sens donner à ce rajout?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/08/2016 à 15h06
Bonjour,
L’ajout tardif du titre « Contr’un » n’est pas le fait d’Etienne de la Boétie, qui n’a pas publié le Discours… de son vivant (et ne lui a pas donné de titre). En revanche ce titre serait dû aux monarchomaques, protestants hostiles à la monarchie :
Il peut paraître surprenant d’évoquer Etienne de la Boétie (1530-1563) dans le contexte des guerres de religion. Non seulement il n’est pas lui-même réformé, mais son pamphlet condamnant la tyrannie, le Discours de la servitude volontaire (v.1548), est une œuvre de jeunesse rédigée bien avant le début des conflits religieux. L’ouvrage n’avait pas été publié du vivant de son auteur (Montaigne n’osa pas l’inclure, en 1571, dans la publication posthume des œuvres de son ami). Ce sont les protestants qui, face aux persécutions, décident en 1574 de le diffuser, sous le titre Contr’un, dans un recueil collectif. Le livre constitue une excellente préfiguration de la pensée anti-absolutiste qui commence alors à se diffuser dans le royaume..
Source : Histoire des idées politiques, Olivier Nay
Le Discours de la servitude volontaire n’a pas été publié du vivant de l’auteur mais il a circulé parmi les cercles intellectuels et les jeunes étudiants […]. On se souvient que Montaigne, dans une lettre célèbre à son père décrivant les derniers instants de son ami Etienne, rapporte que le mourant lui avait légué sa bibliothèque et lui avait demandé de publier son œuvre. Montaigne semblait bien prêt à exécuter cette dernière volonté car il a publié l’ensemble des œuvres poétiques de son ami en 1571 mais il n’a pas publié le Discours de la servitude volontaire, car il souhaitait l’intégrer à sa propre œuvre à venir, les Essais, en hommage à l’ami disparu. […] Mais le cours de l’histoire va amener Montaigne à ne pas publier l’œuvre maîtresse de son alter ego.
En effet, la première publication du Discours n’est pas le fait de Montaigne mais celle d’un pamphlétaire protestant. Ainsi, en 1574, une partie du Discours de la servitude volontaire (celle sur les tyrans et leurs favoris) est publiée dans un pamphlet protestant, Le Réveille-matin des François. […]
Cette première publication tronquée et opérée par des protestants n’est pas sans implication : le texte est présenté comme une condamnation des tyrans, sous-entendu les rois de France. […] Deux ans plus tard, en 1576, un autre auteur protestant, Simon Goulart, publie le Discours de manière intégrale (mais avec quelques retouches), en l’intitulant Contr’un et en l’intégrant dans sa propre œuvre intitulée Mémoires de l’Estat de France sous Charles neuviesme. Ainsi, les réformés s’approprient le texte et en font un texte séditieux, anti-monarchiste.
Source : Servitude et Soumission tout-en-fiches - Prépas scientifiques 2016-2017 La Boétie-Montesquieu-Ibsen.
Déborah Knop et Jean Balsamo donnent d’autres indications sur les variations du titre dans cet ouvrage : De la servitude volontaire: Rhétorique et politique en France sous les derniers Valois.
Bonne journée.
L’ajout tardif du titre « Contr’un » n’est pas le fait d’Etienne de la Boétie, qui n’a pas publié le Discours… de son vivant (et ne lui a pas donné de titre). En revanche ce titre serait dû aux monarchomaques, protestants hostiles à la monarchie :
Il peut paraître surprenant d’évoquer Etienne de la Boétie (1530-1563) dans le contexte des guerres de religion. Non seulement il n’est pas lui-même réformé, mais son pamphlet condamnant la tyrannie, le Discours de la servitude volontaire (v.1548), est une œuvre de jeunesse rédigée bien avant le début des conflits religieux. L’ouvrage n’avait pas été publié du vivant de son auteur (Montaigne n’osa pas l’inclure, en 1571, dans la publication posthume des œuvres de son ami). Ce sont les protestants qui, face aux persécutions, décident en 1574 de le diffuser, sous le titre Contr’un, dans un recueil collectif. Le livre constitue une excellente préfiguration de la pensée anti-absolutiste qui commence alors à se diffuser dans le royaume..
Source : Histoire des idées politiques, Olivier Nay
Le Discours de la servitude volontaire n’a pas été publié du vivant de l’auteur mais il a circulé parmi les cercles intellectuels et les jeunes étudiants […]. On se souvient que Montaigne, dans une lettre célèbre à son père décrivant les derniers instants de son ami Etienne, rapporte que le mourant lui avait légué sa bibliothèque et lui avait demandé de publier son œuvre. Montaigne semblait bien prêt à exécuter cette dernière volonté car il a publié l’ensemble des œuvres poétiques de son ami en 1571 mais il n’a pas publié le Discours de la servitude volontaire, car il souhaitait l’intégrer à sa propre œuvre à venir, les Essais, en hommage à l’ami disparu. […] Mais le cours de l’histoire va amener Montaigne à ne pas publier l’œuvre maîtresse de son alter ego.
En effet, la première publication du Discours n’est pas le fait de Montaigne mais celle d’un pamphlétaire protestant. Ainsi, en 1574, une partie du Discours de la servitude volontaire (celle sur les tyrans et leurs favoris) est publiée dans un pamphlet protestant, Le Réveille-matin des François. […]
Cette première publication tronquée et opérée par des protestants n’est pas sans implication : le texte est présenté comme une condamnation des tyrans, sous-entendu les rois de France. […] Deux ans plus tard, en 1576, un autre auteur protestant, Simon Goulart, publie le Discours de manière intégrale (mais avec quelques retouches), en l’intitulant Contr’un et en l’intégrant dans sa propre œuvre intitulée Mémoires de l’Estat de France sous Charles neuviesme. Ainsi, les réformés s’approprient le texte et en font un texte séditieux, anti-monarchiste.
Source : Servitude et Soumission tout-en-fiches - Prépas scientifiques 2016-2017 La Boétie-Montesquieu-Ibsen.
Déborah Knop et Jean Balsamo donnent d’autres indications sur les variations du titre dans cet ouvrage : De la servitude volontaire: Rhétorique et politique en France sous les derniers Valois.
Bonne journée.
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