Question d'origine :
bonjour
je voulais savoir où es ce que je pourrais trouver des information sur les "Pikarti ou Picards, qui, au XVe siècle ont rejoint les taborites en bohème.
je voulais savoir qui était ces gens, qu'es ce qui a fait qu'ils ont rejoint les taborites et quelle est leur histoire avant de quitter la picardie.
je voulais vous remercier pour ce que vous faites
c'est super d'aider les gens comme ca.
aurevoir
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/09/2016 à 14h38
Bonjour,
Si le sort des pikartis en Bohême est plutôt bien connu, leur origine semble plus obscure. Voici quelques extraits de documents de notre fonds qui pourront vous intéresser :
Picards
Membres extrémistes du mouvement des hussites. L’origine de leur nom est controversée : la plus simple hypothèse est évidemment qu’ils venaient de Picardie, avant de se répandre en Bohême. Mais d’autres disent que leur nom est une altération de bégards. En tant que spirituels, on les range sous le nom générique de Mouvement du Libre Esprit. Par leur radicalité, leur choix pour la pauvreté et le dénuement, ils participent de la même orientation que les apostoliques. Par leur idéalisme et leur ignorance de la culpabilité, ils sont des adamites de la fin du Moyen-Âge. Ils vivaient en effet nus, sans condamner en aucune façon la sexualité, qu’ils considéraient comme tout à fait naturelle. Ils furent exterminés en 1421 par Zizka, chef militaire des taborites, autre groupe suscité par les idées de Jean Huss, qui prétendait lui-même à l’orthodoxie hussite.
source : Petit lexique des hérésies chrétiennes / Michel Théron
Le 14 juillet 1420, Zizka, installé sur la colline qui porte aujourd'hui son nom, repoussa l'armée des assaillants qui se débanda.
Ayant sauvé Prague, Zizka revint à Tabor qui devait rester la capitale spirituelle des hussites. Il l'éleva au rang d'évêché en y installant un évêque hussite.
Alors se produisit l'inévitable: une aile gauche se forma. Ses membres voulaient revenir, non au christianisme primitif, mais au paradis terrestre, d'où leur surnom d'adamites. Selon leurs vainqueurs, ils vivaient nus, du moins en été, car l'hiver très dur de la Bohême ne devait guère permettre cette fantaisie en d'autres saisons. De plus, les ancêtres de nos nudistes se seraient livrés à d'affreuses débauches. Expression agréablement imagée lorsqu'il s'agit de se débarrasser de gens encombrants, ennemis du régime. Macek affirme, et sans doute, a-t-il raison, que ces adamites, ou picards, voulaient une société sans classes.
En 1418, une quarantaine de réfugiés, venant de Lille et de Tournai, appartenant, probablement, aux Homines Intelligentiae de Bruxelles, étaient arrivés à Prague . Furent-ils, ainsi qu'on le suppose, à l'origine des adamites? Il est difficile de le savoir. Toujours est-il que Zizka leur déclarant une guerre à outrance, fit brûler vingt-cinq d'entre eux comme hérétiques! L'époque de Luther nous offrira un spectacle semblable avec les anabaptistes. Un témoin raconte que les adamites allaient joyeusement à la mort, affirmant que le jour même, ils se retrouveraient avec le Christ en paradis. Ce qui permet de se demander s'il ne s'agissait pas de Cathares?
Leur chef, dont le nom rappelle à la fois Huss et Luther, Martin Huska, traqué et brûlé solennellement avec quelques fidèles, la révolution rentrait dans l'ordre.
source : Les papes de la Renaissance : du concile de Constance au concile de Trente / par Fred Bérence
Au sein du mouvement hussite, qui se développe après l'exécution de Jan Hus, à Constance, en 1415, et libère la Bohême du joug de l'Église, les taborites s'apparentent à ce courant vaudois où le Libre-Esprit s'est souvent frayé un chemin par le biais de la pauvreté volontaire.
Vers 1418 arrivent en Bohême, des groupes de Picards fuyant la persécution engagée contre les Hommes de l'Intelligence ou cherchant dans l'insurrection hussite l'opportunité de se livrer impunément à la pratique de la liberté.
La doctrine picarde l'emporte surtout dans les régions de faible influence taborite, comme celles de Zatec, Plzeh et Prague. Elle se manifeste sous une forme édulcorée dans le champ clos des querelles théologiques, chez Sigmund de Repan et, principalement chez Martin Hûska, dit Loquis, qui prêche une manière de dolcinisme, évoquant la fin des temps et le règne des saints. Il y aura, selon lui, «un nouveau royaume des saints sur la terre et les bons ne souffriront pas davantage». Et il ajoute : «Si les chrétiens devaient toujours souffrir ainsi, je ne voudrais pas être un serviteur de Dieu.»
En février 1421, Laurent de Brczovâ signale, dans sa chronique, une progression du Libre-Esprit dans les milieux taborites :
"A cause de cette hérésie, hélas, les frères vivant à Tabor se scindèrent en deux fractions, l'une picarde, l'autre taborite. Le parti le plus fidèle, les taborites, expulsa plus de 200 hommes et femmes infectés par l'hérésie picarde".
Le terme d'adamites, par lequel Beausobre les désignera, tient aux mœurs d'innocence édénique qu'ils commencent alors à propager ouvertement. Selon Laurent :
" Parcourant forêts et collines, quelques-uns d'entre eux tombèrent dans une telle démence qu'hommes et femmes se débarrassaient de leurs habits et allaient nus, disant que les habits avaient été adoptés à cause du péché commis par leurs premiers parents, mais qu'eux étaient dans un état d'innocence. Par une folie similaire, ils s'imaginaient ne pas pécher si l'un des frères avait commerce avec l'une des sœurs. Et, si la femme accouchait, elle disait qu'elle avait conçu du Saint-Esprit"". [Le baptême n'existe pas, car] les enfants de parents vivant en sainteté [c'est-à-dire les membres de la communauté] sont conçus sans la péché mortel originel"'. [...] Ils prient le Dieu qu'ils possèdent en eux en disant : «Notre Père qui êtes en nous...»"
Martin Hûska se tient à l'écart de la radicalisation picarde. Fidèle à la tradition apostolique, il récupère les revendications les plus modérées en une défense du modernisme religieux alors préoccupé de querelles scolastiques sur l'eucharistie.
Le véritable porte-parole de la communauté picarde, dont l'autonomie durera de décembre 1420 à janvier 1421, c'est Pierre Kanis, secondé par des hommes et des femmes du peuple, Rohan le Forgeron, Nicolas, dit Moïse, Adam, Marie. Les chroniqueurs s'indignent des sermons prêchés dans les tavernes et de la licence sexuelle partout célébrée dans le groupe.
Le chef du parti taborite, Nicolas de Pehlrimov, publie un traité contre Pierre Kanis et, vers la mi-avril, Jan Zizka, le responsable militaire, lance son armée contre les expulsés de Tabor. Cinquante prisonniers, dont Pierre Kanis, seront brûlés à Klokoty. Les survivants de la communauté picarde se retirent alors non loin de Tabor, où la résistance s'organise sous la conduite de Rohan le Forgeron. Le 20 avril, après de violents combats, Zizka les défait et envoie au bûcher 25 prisonniers. D'autres sont brûlés à Prague, sans que le mouvement disparaisse tout à fait. Le 21 octobre 1421, des partisans de Kanis, réfugiés dans une forêt des environs de Bernatice, sont capturés et exécutés, à l'exception d'un seul, épargné pour qu'il rapporte la doctrine du groupe. D'autres occuperont, un moment, la forteresse d'Ostrov, avant de gagner le sud. De leur longue retraite date vraisemblablement le reproche, qui leur est adressé, de s'adonner au pillage et d'assurer leur subsistance par des razzias contre les villages.
Bien que Martin Hûska ait abjuré et se soit désolidarisé des picards dès mars 1421, la terreur généralisée en fit une victime expiatoire. Comme il faisait route vers la Moravie, avec Procope le Borgne, il tomba entre les mains du baron hussite Borek. Zizka émit le vœu que les deux hommes fussent brûlés à Prague. Cependant, par peur des troubles — car Martin avait de nombreux partisans dans la ville —, les magistrats envoyèrent leur bourreau à Roudnice, où, après de longues tortures, Martin et Procope furent mis à mort.
source : Mouvement du libre-esprit : généralités et témoignages sur les affleurements de la vie à la surface du Moyen Age, de la Renaissance et, incidemment, de notre époque
La doctrine des Hommes de l'intelligence et notamment de Willem van Hildernissem est décrite aux pages 180 à 185.
Lire aussi :
- articles de l'Encyclopédie universalis : HOMINES INTELLIGENTIAE, ADAMITES, Mouvement du libre esprit
- Dictionnaire de l'Histoire du christianisme
- Les libertins d'Anvers / Georges Eekhoud
- Histoire de l'Inquisition au Moyen Age / Henry-Charles Lea (voir page 819).
Pour plus d'informations, peut-être devriez-vous contacter nos confrères Lillois : Bibliothèque municipale de Lille ?
Bonne journée.
Si le sort des pikartis en Bohême est plutôt bien connu, leur origine semble plus obscure. Voici quelques extraits de documents de notre fonds qui pourront vous intéresser :
Membres extrémistes du mouvement des hussites. L’origine de leur nom est controversée : la plus simple hypothèse est évidemment qu’ils venaient de Picardie, avant de se répandre en Bohême. Mais d’autres disent que leur nom est une altération de bégards. En tant que spirituels, on les range sous le nom générique de Mouvement du Libre Esprit. Par leur radicalité, leur choix pour la pauvreté et le dénuement, ils participent de la même orientation que les apostoliques. Par leur idéalisme et leur ignorance de la culpabilité, ils sont des adamites de la fin du Moyen-Âge. Ils vivaient en effet nus, sans condamner en aucune façon la sexualité, qu’ils considéraient comme tout à fait naturelle. Ils furent exterminés en 1421 par Zizka, chef militaire des taborites, autre groupe suscité par les idées de Jean Huss, qui prétendait lui-même à l’orthodoxie hussite.
source : Petit lexique des hérésies chrétiennes / Michel Théron
Le 14 juillet 1420, Zizka, installé sur la colline qui porte aujourd'hui son nom, repoussa l'armée des assaillants qui se débanda.
Ayant sauvé Prague, Zizka revint à Tabor qui devait rester la capitale spirituelle des hussites. Il l'éleva au rang d'évêché en y installant un évêque hussite.
Alors se produisit l'inévitable: une aile gauche se forma. Ses membres voulaient revenir, non au christianisme primitif, mais au paradis terrestre, d'où leur surnom d'adamites. Selon leurs vainqueurs, ils vivaient nus, du moins en été, car l'hiver très dur de la Bohême ne devait guère permettre cette fantaisie en d'autres saisons. De plus, les ancêtres de nos nudistes se seraient livrés à d'affreuses débauches. Expression agréablement imagée lorsqu'il s'agit de se débarrasser de gens encombrants, ennemis du régime. Macek affirme, et sans doute, a-t-il raison, que ces adamites, ou picards, voulaient une société sans classes.
Leur chef, dont le nom rappelle à la fois Huss et Luther, Martin Huska, traqué et brûlé solennellement avec quelques fidèles, la révolution rentrait dans l'ordre.
source : Les papes de la Renaissance : du concile de Constance au concile de Trente / par Fred Bérence
Au sein du mouvement hussite, qui se développe après l'exécution de Jan Hus, à Constance, en 1415, et libère la Bohême du joug de l'Église, les taborites s'apparentent à ce courant vaudois où le Libre-Esprit s'est souvent frayé un chemin par le biais de la pauvreté volontaire.
Vers 1418 arrivent en Bohême, des groupes de Picards fuyant la persécution engagée contre les Hommes de l'Intelligence ou cherchant dans l'insurrection hussite l'opportunité de se livrer impunément à la pratique de la liberté.
La doctrine picarde l'emporte surtout dans les régions de faible influence taborite, comme celles de Zatec, Plzeh et Prague. Elle se manifeste sous une forme édulcorée dans le champ clos des querelles théologiques, chez Sigmund de Repan et, principalement chez Martin Hûska, dit Loquis, qui prêche une manière de dolcinisme, évoquant la fin des temps et le règne des saints. Il y aura, selon lui, «un nouveau royaume des saints sur la terre et les bons ne souffriront pas davantage». Et il ajoute : «Si les chrétiens devaient toujours souffrir ainsi, je ne voudrais pas être un serviteur de Dieu.»
En février 1421, Laurent de Brczovâ signale, dans sa chronique, une progression du Libre-Esprit dans les milieux taborites :
"A cause de cette hérésie, hélas, les frères vivant à Tabor se scindèrent en deux fractions, l'une picarde, l'autre taborite. Le parti le plus fidèle, les taborites, expulsa plus de 200 hommes et femmes infectés par l'hérésie picarde".
Le terme d'adamites, par lequel Beausobre les désignera, tient aux mœurs d'innocence édénique qu'ils commencent alors à propager ouvertement. Selon Laurent :
" Parcourant forêts et collines, quelques-uns d'entre eux tombèrent dans une telle démence qu'hommes et femmes se débarrassaient de leurs habits et allaient nus, disant que les habits avaient été adoptés à cause du péché commis par leurs premiers parents, mais qu'eux étaient dans un état d'innocence. Par une folie similaire, ils s'imaginaient ne pas pécher si l'un des frères avait commerce avec l'une des sœurs. Et, si la femme accouchait, elle disait qu'elle avait conçu du Saint-Esprit"". [Le baptême n'existe pas, car] les enfants de parents vivant en sainteté [c'est-à-dire les membres de la communauté] sont conçus sans la péché mortel originel"'. [...] Ils prient le Dieu qu'ils possèdent en eux en disant : «Notre Père qui êtes en nous...»"
Martin Hûska se tient à l'écart de la radicalisation picarde. Fidèle à la tradition apostolique, il récupère les revendications les plus modérées en une défense du modernisme religieux alors préoccupé de querelles scolastiques sur l'eucharistie.
Le véritable porte-parole de la communauté picarde, dont l'autonomie durera de décembre 1420 à janvier 1421, c'est Pierre Kanis, secondé par des hommes et des femmes du peuple, Rohan le Forgeron, Nicolas, dit Moïse, Adam, Marie. Les chroniqueurs s'indignent des sermons prêchés dans les tavernes et de la licence sexuelle partout célébrée dans le groupe.
Le chef du parti taborite, Nicolas de Pehlrimov, publie un traité contre Pierre Kanis et, vers la mi-avril, Jan Zizka, le responsable militaire, lance son armée contre les expulsés de Tabor. Cinquante prisonniers, dont Pierre Kanis, seront brûlés à Klokoty. Les survivants de la communauté picarde se retirent alors non loin de Tabor, où la résistance s'organise sous la conduite de Rohan le Forgeron. Le 20 avril, après de violents combats, Zizka les défait et envoie au bûcher 25 prisonniers. D'autres sont brûlés à Prague, sans que le mouvement disparaisse tout à fait. Le 21 octobre 1421, des partisans de Kanis, réfugiés dans une forêt des environs de Bernatice, sont capturés et exécutés, à l'exception d'un seul, épargné pour qu'il rapporte la doctrine du groupe. D'autres occuperont, un moment, la forteresse d'Ostrov, avant de gagner le sud. De leur longue retraite date vraisemblablement le reproche, qui leur est adressé, de s'adonner au pillage et d'assurer leur subsistance par des razzias contre les villages.
Bien que Martin Hûska ait abjuré et se soit désolidarisé des picards dès mars 1421, la terreur généralisée en fit une victime expiatoire. Comme il faisait route vers la Moravie, avec Procope le Borgne, il tomba entre les mains du baron hussite Borek. Zizka émit le vœu que les deux hommes fussent brûlés à Prague. Cependant, par peur des troubles — car Martin avait de nombreux partisans dans la ville —, les magistrats envoyèrent leur bourreau à Roudnice, où, après de longues tortures, Martin et Procope furent mis à mort.
source : Mouvement du libre-esprit : généralités et témoignages sur les affleurements de la vie à la surface du Moyen Age, de la Renaissance et, incidemment, de notre époque
La doctrine des Hommes de l'intelligence et notamment de Willem van Hildernissem est décrite aux pages 180 à 185.
Lire aussi :
- articles de l'Encyclopédie universalis : HOMINES INTELLIGENTIAE, ADAMITES, Mouvement du libre esprit
- Dictionnaire de l'Histoire du christianisme
- Les libertins d'Anvers / Georges Eekhoud
- Histoire de l'Inquisition au Moyen Age / Henry-Charles Lea (voir page 819).
Pour plus d'informations, peut-être devriez-vous contacter nos confrères Lillois : Bibliothèque municipale de Lille ?
Bonne journée.
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