Représentation visuelle et spatiale de l'acuité (aigu, grave

Réponse du Département Musique :


Bonjour,

Nous n'avons pas trouvé de représentations « visuelles » qui inversent l'analogie communément utilisée pour figurer le grave et l'aigu, à savoir respectivement le bas et le haut. Cependant nous pouvons vous fournir quelques pistes de réponses et de recherches supplémentaires.

Concernant, dans un premier temps la gestuelle du chef d'orchestre nous pouvons rappeler que généralement ce dernier donne le tempo, la mesure avec la main droite alors qu’avec la gauche, il transmet l’émotion, les couleurs, les nuances. Les mouvements vers le bas ou le haut n'ont pas de rapport avec la hauteur des sons. Même si il n’y a pas de règles absolues en la matière, le temps fort qui est battu vers le bas indique le premier temps de la mesure alors que « la levée » marque le dernier temps de la mesure.
Pour en savoir plus à ce sujet nous vous recommandons l’article «Un chef d'orchestre? Pour faire quoi?  » sur le site du journal Slate.

La figure du chef d’orchestre dans les musiques traditionnelles qui marquerait symboliquement, bas et grave, haut et aigu, ne semble pas exister.
Cependant un dossier complet sur la tradition musicale du gamelan sur le site de la Cité de la Musique met en évidence le caractère premier et supérieur du son grave marquant ainsi une hiérarchie entre les joueurs de gongs et les autres instrumentistes :

« Le gong ou le Om sacré indien, c'est le son multiple originel (AUMm...), qui va du grave à l'aigu, des entrailles aux lèvres… ainsi dans l’organisation spatiale du gamelan hindoue-javanais «  sons et instruments de musique sont hiérarchisés du plus grave, qui est le plus noble (grand), au plus aigu (petit)  dans un agencement du type centre vers périphérie ».
La primauté du son grave est ici symbolisée par sa position centrale.


Les représentations spatiales des sons graves ou aigus sont évidemment liées aux phénomènes physiques correspondant à l’émission d’un son de basse fréquence ou de haute fréquence. Sur ce point nous vous conseillons de vous référer aux nombreuses questions qui nous ont été posé sur ces thématiques :

- Le son tombe- t-il ? ou monte t-il ?
- son aigu
- Ondes sonores
- Fréquences


L’étymologie des mots  "grave" et "aigu" nous donnent aussi quelques éclaircissements. Ainsi le mot « grave » provient du latin "gravis" et du sanscrit "gurus" les deux signifiants « pesant » . En physique les corps graves sont donc les corps pesants...

"Newton trouve que la force qui fait tomber les graves sur la surface de la terre s'étend jusqu'à la lune et la retient dans son orbite", [Buffon, Hist. nat. Preuv. th. terre, t. I, p. 189]
"Les découvertes de Galilée sur la chute des graves", [Laplace, Expos. V, 15]


Par extension dans le domaine musical :

"Il se dit des sons que produisent un petit nombre de vibrations en une seconde, par opposition aux sons aigus qui sont produits par beaucoup de vibrations en ce même intervalle de temps, ces sons étant considérés comme pesants par rapport aux sons aigus."

L’aigu (provenant du latin acutus) quand à lui désigne ce qui se termine en pointe ou ce qui est tranchant.

Source : Le Littré



La famille des cordophones est une famille nombreuse et la disposition des cordes sur l'instrument dépend en partie de la culture musicale à laquelle il appartient.
Pour en savoir plus sur ce point nous vous conseillons de consulter le document "Musiques du monde : guide pédagogique".
Vous apprendrez dans cet ouvrage, en ce qui concerne "la voix chantée", qu' au Gabon comme au Burundi la voix grave est celle qui rapproche des ancêtres, des origines. Par extension pourrait-on dire de la Terre…et qu'en Inde l’utilisation de trois registres vocaux sont fonction du moment de la journée. Le matin est traditionnellement dédié à la voix de poitrine alors que le soir est le moment de la voix de tête, semblable au cri du paon...

Bonnes recherches.