Question d'origine :
Bonsoir,
Alors voilà, je travaille sur un mini-mémoire dont le sujet est "en quoi les personnages de Molloy peuvent-ils être des personnages en quête de leurs philosophies ?"
J'aimerais avoir plus de précision à propos de ce qu'est la philosophie comme l'entendait Voltaire par exemple. Je me noies un petit peu dans tout cet univers. Mon professeur m'a conseillé d'aborder un petit peu ce sujet à la lumière des philosophes qui ont influencé Beckett tels que Descartes, Geulincx et Shopenhauer. Dans ce devoir, j'ai commencé à aborder la métaphysique mais, encore une fois, c'est un terme très complexe qui, malgré mes recherches, reste très flou.
Mon idée, pour ce sujet, c'était d'aborder la façon dont les personnages arrivent à trouver leur "être" humain, comment ils se positionnent par rapport au monde et aux choses.
J'espère que vous pourrez m'aider à y voir plus clair dans ce sujet qui commence à me perdre...
Bien à vous, Clara
Réponse du Guichet

Bonjour,
Nous vous rappelons que nous ne faisons pas les travaux des étudiants, vous trouverez cependant ci-dessous des pistes de recherche et de réflexion pour vous aider dans l’analyse de votre sujet.
L’encyclopédie Larousse dans son article François-Marie Arouet dit Voltaire résume les grandes notions développées par la philosophie de Voltaire cela vous permettra d’éclaircir sa pensée.
Pour mieux comprendre Descartes, vous pouvez consulter les articles suivants de l’Encyclopédie Larousse et de Maxicours.
Pour Schopenhauer : Le cœur de la philosophie de Schopenhauer et Encyclopédie Larousse.
Enfin, pour Geulincx : Encyclopédie Universalis et Notes de Beckett sur Geulincx.
Nous vous conseillons la collection « Apprendre à philosopher avec » qui propose une introduction à la pensée des grands philosophes :
- Apprendre à philosopher avec Voltaire, Alain Sager.
- Apprendre à philosopher avec Schopenhauer, Christophe Salaün.
- Apprendre à philosopher avec Descartes, Thibaut Gress.
Pour comprendre la notion de métaphysique, nous vous conseillons la lecture de l’introduction de l’article métaphysique de l’encyclopédie Universalis.
Mais l’essentiel pour votre sujet est de comprendre les liens de Beckett avec la philosophie, les sites et articles ci-dessous vous aideront dans cette démarche :
- Samuel Beckett. De l’usage littéraire de la philosophie sur Salon littéraire.
- Gérard Piacentini : "Le référent philosophique comme caractère du personnage dans le théâtre de Samuel Beckett".
- Beckett et la décomposition de la subjectivité : le moi à l’épreuve de l’écriture, Jean-Daniel Thumser sur Implications philosophiques.
- Beckett, littérature, philosophie, université Jean Moulin.
- Molloy dans l’encyclopédie Universalis.
- Introdution à Molloy de Samuel Beckett, extrait de DELREUX, J.-E, Cadence et décadence : philosophie, temporalité et obsession dans Molloy de Samuel Beckett, 2010.
- La trilogie romanesque de Beckett, sur Lettres volées.
Le centre Pompidou, dans une exposition consacrée à Samuel Beckett revient sur la trilogie et éclaire l’œuvre de Beckett :
« La trilogie romanesque : Molloy, Malone meurt, L’Innommable
C’est aussi à la nuit que s’ouvrent Molloy et Moran, figures de l’écrivain et protagonistes du double récit donné sous la forme de deux monologues d’égale longueur qui composent Molloy. Dans le premier récit, Molloy, ancien vagabond de plus en plus invalide, part dans une quête qui se révélera comme une quête de soi à travers l’écriture. Moran, qui relate le deuxième récit, est un citoyen irréprochable qui quitte son domicile paisible pour partir à la recherche de Molloy. Il le ratera de la même manière que ce dernier ratera sa mère qu’il veut retrouver.
Premier tome de la trilogie romanesque où, comme le souligne David Hayman, Beckett a recours, sous le mode ironique, à l’utilisation des « trois états post-mortels définis par Dante dans la Divine Comédie », à savoir L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis, Molloy représenterait L’Enfer. L’insistance de la nuit dans le roman retrouve encore une caractéristique infernale par excellence, l’obscurité. La nuit de Beckett est ici une nuit sans lumières, toute en ténèbres profondes : « Qu’on ne vienne pas me parler de la lune, il n’y a pas de lune dans ma nuit, et si cela m’arrive de parler des étoiles c’est par mégarde. » Nuit d’éveil où l’écoute règne. Le récit s’y déroule à la première personne et le héros ou plutôt l’anti-héros avance dans un monde dénoué de sens « dans un éboulement sans fin, sous un ciel sans mémoire », véritable antithèse du narrateur de la Recherche proustienne.
[…]
La vraie naissance se fait dans le verbe
La quête qui anime les figures de l’écrivain dans les trois œuvres est une quête intérieure visant à changer les données initiales dans l’espoir d’être « un peu moins, à la fin, celui qu’on était au commencement, et par la suite » (Molloy). Comme pour Joyce ou Céline, pour Beckett aussi la vraie naissance n’est pas biologique, elle se fait dans le verbe et si, chez Céline, les « femelles gâchent tout infini », alors « c’est naître qu’il n’aurait pas fallu » (Louis Ferdinand Céline, Mort à crédit). Molloy, considérant les limites de la procréation, s’exclame : « Je sais qu’elle (sa mère) fit tout pour ne pas m’avoir, sauf évidemment le principal, et si elle ne réussit jamais à me décrocher, c’est que le destin me réservait une autre fosse que celle d’aisance. Mais l’intention était bonne et cela me suffit ».
La désolation de la vie sur terre est sans recours, la vie n’a pas de sens elle peut d’ailleurs s’écrire « nuit » dans le roman (Molloy). L’homme y est seul, monade, irrémédiablement fermée à l’autre. L’amour est impossible, il se développe risible et sarcastique à tous les âges : entre vieillards dans Malone meurt, entre le narrateur de Premier Amour et une prostituée, dans les premiers émois de deux jeunes adolescents dans Comment c’est, 1961, où rien n’est épargné, ni « la figure hideuse de la fille », ni celle du narrateur jeune, « moi pâles cheveux en brosse grosse face rouge avec boutons ventre débordant braguette béante jambes cagneuses (…) ».
Reste souveraine l’écriture. Distante et au plus près de la sensation à la fois, rythmée, poétique, car la véritable protagoniste de l’œuvre de Beckett c’est la langue. Une langue qu’il a toujours voulu étrangère, écrivant d’abord en français à la place de l’anglais, langue maternelle, et retournant à l’anglais quand le français lui devenait trop familier afin d’éviter les automatismes d’une langue maternelle, et donner au verbe tout son pouvoir de nomination, c’est-à-dire de création. »
Pour finir, nous vous conseillons la consultation de l'ouvrage: Aux frontières du vide : Beckett, une écriture sans mémoire ni désir, Ciaran Ross.
Nous espérons que ces éléments pourront vous aider dans votre étude.
Bon courage.
Nous vous rappelons que nous ne faisons pas les travaux des étudiants, vous trouverez cependant ci-dessous des pistes de recherche et de réflexion pour vous aider dans l’analyse de votre sujet.
L’encyclopédie Larousse dans son article François-Marie Arouet dit Voltaire résume les grandes notions développées par la philosophie de Voltaire cela vous permettra d’éclaircir sa pensée.
Pour mieux comprendre Descartes, vous pouvez consulter les articles suivants de l’Encyclopédie Larousse et de Maxicours.
Pour Schopenhauer : Le cœur de la philosophie de Schopenhauer et Encyclopédie Larousse.
Enfin, pour Geulincx : Encyclopédie Universalis et Notes de Beckett sur Geulincx.
Nous vous conseillons la collection « Apprendre à philosopher avec » qui propose une introduction à la pensée des grands philosophes :
- Apprendre à philosopher avec Voltaire, Alain Sager.
- Apprendre à philosopher avec Schopenhauer, Christophe Salaün.
- Apprendre à philosopher avec Descartes, Thibaut Gress.
Pour comprendre la notion de métaphysique, nous vous conseillons la lecture de l’introduction de l’article métaphysique de l’encyclopédie Universalis.
Mais l’essentiel pour votre sujet est de comprendre les liens de Beckett avec la philosophie, les sites et articles ci-dessous vous aideront dans cette démarche :
- Samuel Beckett. De l’usage littéraire de la philosophie sur Salon littéraire.
- Gérard Piacentini : "Le référent philosophique comme caractère du personnage dans le théâtre de Samuel Beckett".
- Beckett et la décomposition de la subjectivité : le moi à l’épreuve de l’écriture, Jean-Daniel Thumser sur Implications philosophiques.
- Beckett, littérature, philosophie, université Jean Moulin.
- Molloy dans l’encyclopédie Universalis.
- Introdution à Molloy de Samuel Beckett, extrait de DELREUX, J.-E, Cadence et décadence : philosophie, temporalité et obsession dans Molloy de Samuel Beckett, 2010.
- La trilogie romanesque de Beckett, sur Lettres volées.
Le centre Pompidou, dans une exposition consacrée à Samuel Beckett revient sur la trilogie et éclaire l’œuvre de Beckett :
« La trilogie romanesque : Molloy, Malone meurt, L’Innommable
C’est aussi à la nuit que s’ouvrent Molloy et Moran, figures de l’écrivain et protagonistes du double récit donné sous la forme de deux monologues d’égale longueur qui composent Molloy. Dans le premier récit, Molloy, ancien vagabond de plus en plus invalide, part dans une quête qui se révélera comme une quête de soi à travers l’écriture. Moran, qui relate le deuxième récit, est un citoyen irréprochable qui quitte son domicile paisible pour partir à la recherche de Molloy. Il le ratera de la même manière que ce dernier ratera sa mère qu’il veut retrouver.
Premier tome de la trilogie romanesque où, comme le souligne David Hayman, Beckett a recours, sous le mode ironique, à l’utilisation des « trois états post-mortels définis par Dante dans la Divine Comédie », à savoir L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis, Molloy représenterait L’Enfer. L’insistance de la nuit dans le roman retrouve encore une caractéristique infernale par excellence, l’obscurité. La nuit de Beckett est ici une nuit sans lumières, toute en ténèbres profondes : « Qu’on ne vienne pas me parler de la lune, il n’y a pas de lune dans ma nuit, et si cela m’arrive de parler des étoiles c’est par mégarde. » Nuit d’éveil où l’écoute règne. Le récit s’y déroule à la première personne et le héros ou plutôt l’anti-héros avance dans un monde dénoué de sens « dans un éboulement sans fin, sous un ciel sans mémoire », véritable antithèse du narrateur de la Recherche proustienne.
[…]
La vraie naissance se fait dans le verbe
La quête qui anime les figures de l’écrivain dans les trois œuvres est une quête intérieure visant à changer les données initiales dans l’espoir d’être « un peu moins, à la fin, celui qu’on était au commencement, et par la suite » (Molloy). Comme pour Joyce ou Céline, pour Beckett aussi la vraie naissance n’est pas biologique, elle se fait dans le verbe et si, chez Céline, les « femelles gâchent tout infini », alors « c’est naître qu’il n’aurait pas fallu » (Louis Ferdinand Céline, Mort à crédit). Molloy, considérant les limites de la procréation, s’exclame : « Je sais qu’elle (sa mère) fit tout pour ne pas m’avoir, sauf évidemment le principal, et si elle ne réussit jamais à me décrocher, c’est que le destin me réservait une autre fosse que celle d’aisance. Mais l’intention était bonne et cela me suffit ».
La désolation de la vie sur terre est sans recours, la vie n’a pas de sens elle peut d’ailleurs s’écrire « nuit » dans le roman (Molloy). L’homme y est seul, monade, irrémédiablement fermée à l’autre. L’amour est impossible, il se développe risible et sarcastique à tous les âges : entre vieillards dans Malone meurt, entre le narrateur de Premier Amour et une prostituée, dans les premiers émois de deux jeunes adolescents dans Comment c’est, 1961, où rien n’est épargné, ni « la figure hideuse de la fille », ni celle du narrateur jeune, « moi pâles cheveux en brosse grosse face rouge avec boutons ventre débordant braguette béante jambes cagneuses (…) ».
Reste souveraine l’écriture. Distante et au plus près de la sensation à la fois, rythmée, poétique, car la véritable protagoniste de l’œuvre de Beckett c’est la langue. Une langue qu’il a toujours voulu étrangère, écrivant d’abord en français à la place de l’anglais, langue maternelle, et retournant à l’anglais quand le français lui devenait trop familier afin d’éviter les automatismes d’une langue maternelle, et donner au verbe tout son pouvoir de nomination, c’est-à-dire de création. »
Pour finir, nous vous conseillons la consultation de l'ouvrage: Aux frontières du vide : Beckett, une écriture sans mémoire ni désir, Ciaran Ross.
Nous espérons que ces éléments pourront vous aider dans votre étude.
Bon courage.
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