Question d'origine :
Quels sont les point communs des différents régimes totalitaires tels que le nazisme en Allemagne, le fascisme en Italie et le communisme de Russie? Et, accessoirement, quelles sont leur différence?
Réponse du Guichet

Bonjour,
Sur les totalitarismes, il existe une littérature pléthorique. Leur histoire, leur bilan humain, et jusqu’à leur définition, ont été âprement discutées au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Nous pouvons vous proposer la lecture d’un article qui semble être un bon point de départ pour une réflexion sur le sujet :
« Ces trois régimes partagent une première pratique du pouvoir : le contrôle total exercé par un homme sur un parti (Benito MUSSOLINI en Italie, Joseph STALINE en URSS et Adolf HITLER en Allemagne), d’un parti sur l’État (Parti fasciste en Italie, NSDAP en Allemagne et Parti Communiste d’Union Soviétique en URSS) et du contrôle total de l’État sur la société. C’est le totalitarisme : le contrôle total de l’État sur la totalité des citoyens et la totalité de leur vie. Ces trois États totalitaires proposent chacun l’application d’une idéologie (Fascisme, Nazisme et Communisme) afin de changer l’homme et par la suite changer le monde. Les trois régimes partagent le projet de forger un homme nouveau. Le contrôle de la population est en partie acquis par son envie de croire qu’un homme providentiel (« Culte du chef ») peut envers et contre toute probabilité faire son bonheur et réussir là où tous les autres ont échoué. Mais pour ancrer cette envie de croire dans la durée un fort contrôle des esprits par la propagande est nécessaire. »
A toutes ces choses, on peut ajouter l’utilisation du meurtre de masse comme moyen d’action politique et l’omniprésence de la police politique créant un climat de peur et de délation au sein de la population.
Cependant, il existe bien des différences entre ces trois régimes.
Le nazisme et le fascisme mussolinien sont deux formes extrêmes du nationalisme, alors que le communisme est une idéologie internationaliste, bien que des formes de nationalisme aient été introduites par Staline en URSS, surtout à partir de l’entrée en guerre de l’URSS en 1941. Il convient aussi de rappeler qu’à l’origine, le racisme n’est pas une composante du fascisme mussolinien - la persécution des Juifs italiens n’a commencé qu’en 1938, après que l’Italie est devenu un allié de l’Allemagne nazie.
De plus, la violence est au centre des idéologies fasciste et nazie, l’ « homme nouveau » qu’elles se proposaient de bâtir étant avant tout un guerrier, alors que la propagande soviétique exalte surtout la figure du travailleur. Et même si le bilan de la terreur stalinienne est estimé autour de 9 millions de morts, il n’est pas de même nature que la Shoah. Le goulag soviétique, contrairement au Lager nazi, n’est pas un camp d’extermination, mais un lieu de production. « L’objectif du chef de camp sibérien », écrit Bernard Bruneteau, « se mesure en hectares de forêt défrichés, en tonnes de minerais extraits, en kilomètres de chemin de fer construits quel qu’en soit le coût humain ; l’objectif de son homologue nazi est le nombre de « sous-hommes » morts ».
Il faut souligner aussi que si nazisme et fascisme italien sont avant tout les régimes d’un homme, l’URSS a une histoire beaucoup plus longue, de la Révolution d’octobre 1917, avec la prise de pouvoir des bolcheviks, à la dissolution de l’Union Soviétique, le 8 décembre 1991. De Lénine à Gorbatchev, elle a vu se succéder à sa tête sept dirigeants, et la terreur stalinienne a été dénoncée dès 1956 par son successeur Nikita Krouchtchev, qui procéda à la fermeture de la plupart des goulags dans les années qui suivirent.
Enfin, n’oublions pas que le communisme se définit avant tout comme un système économique basé sur la réquisition et la collectivisation des moyens de production, quand le nazisme, dès avant son arrivée au pouvoir, n’a eu de cesse de s’assurer le soutien des grands industriels, comme l’a rappelé récemment le prix Goncourt 2017…
Pour aller plus loin :
L’Âge totalitaire de Bernard Bruneteau
Naissances du totalitarisme sous la direction de Philippe de Lara
La Nature du totalitarisme d’Hannah Arendt
Bonne journée.
Sur les totalitarismes, il existe une littérature pléthorique. Leur histoire, leur bilan humain, et jusqu’à leur définition, ont été âprement discutées au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Nous pouvons vous proposer la lecture d’un article qui semble être un bon point de départ pour une réflexion sur le sujet :
« Ces trois régimes partagent une première pratique du pouvoir : le contrôle total exercé par un homme sur un parti (Benito MUSSOLINI en Italie, Joseph STALINE en URSS et Adolf HITLER en Allemagne), d’un parti sur l’État (Parti fasciste en Italie, NSDAP en Allemagne et Parti Communiste d’Union Soviétique en URSS) et du contrôle total de l’État sur la société. C’est le totalitarisme : le contrôle total de l’État sur la totalité des citoyens et la totalité de leur vie. Ces trois États totalitaires proposent chacun l’application d’une idéologie (Fascisme, Nazisme et Communisme) afin de changer l’homme et par la suite changer le monde. Les trois régimes partagent le projet de forger un homme nouveau. Le contrôle de la population est en partie acquis par son envie de croire qu’un homme providentiel (« Culte du chef ») peut envers et contre toute probabilité faire son bonheur et réussir là où tous les autres ont échoué. Mais pour ancrer cette envie de croire dans la durée un fort contrôle des esprits par la propagande est nécessaire. »
A toutes ces choses, on peut ajouter l’utilisation du meurtre de masse comme moyen d’action politique et l’omniprésence de la police politique créant un climat de peur et de délation au sein de la population.
Cependant, il existe bien des différences entre ces trois régimes.
Le nazisme et le fascisme mussolinien sont deux formes extrêmes du nationalisme, alors que le communisme est une idéologie internationaliste, bien que des formes de nationalisme aient été introduites par Staline en URSS, surtout à partir de l’entrée en guerre de l’URSS en 1941. Il convient aussi de rappeler qu’à l’origine, le racisme n’est pas une composante du fascisme mussolinien - la persécution des Juifs italiens n’a commencé qu’en 1938, après que l’Italie est devenu un allié de l’Allemagne nazie.
De plus, la violence est au centre des idéologies fasciste et nazie, l’ « homme nouveau » qu’elles se proposaient de bâtir étant avant tout un guerrier, alors que la propagande soviétique exalte surtout la figure du travailleur. Et même si le bilan de la terreur stalinienne est estimé autour de 9 millions de morts, il n’est pas de même nature que la Shoah. Le goulag soviétique, contrairement au Lager nazi, n’est pas un camp d’extermination, mais un lieu de production. « L’objectif du chef de camp sibérien », écrit Bernard Bruneteau, « se mesure en hectares de forêt défrichés, en tonnes de minerais extraits, en kilomètres de chemin de fer construits quel qu’en soit le coût humain ; l’objectif de son homologue nazi est le nombre de « sous-hommes » morts ».
Il faut souligner aussi que si nazisme et fascisme italien sont avant tout les régimes d’un homme, l’URSS a une histoire beaucoup plus longue, de la Révolution d’octobre 1917, avec la prise de pouvoir des bolcheviks, à la dissolution de l’Union Soviétique, le 8 décembre 1991. De Lénine à Gorbatchev, elle a vu se succéder à sa tête sept dirigeants, et la terreur stalinienne a été dénoncée dès 1956 par son successeur Nikita Krouchtchev, qui procéda à la fermeture de la plupart des goulags dans les années qui suivirent.
Enfin, n’oublions pas que le communisme se définit avant tout comme un système économique basé sur la réquisition et la collectivisation des moyens de production, quand le nazisme, dès avant son arrivée au pouvoir, n’a eu de cesse de s’assurer le soutien des grands industriels, comme l’a rappelé récemment le prix Goncourt 2017…
Pour aller plus loin :
L’Âge totalitaire de Bernard Bruneteau
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