Question d'origine :
Bonjour,
je suis en train de travailler sur Jeanne d'arc. J'aimerai savoir combien de temps dure le supplice du bucher. Combien de temps avant qu'une personne meure asphyxié ou brulé ? Si celle-ci comme Jeanne d'arc n'a pas été étranglé avant.
Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/05/2018 à 10h16
Bonjour,
D’après un document sur l’intoxication au monoxyde de carbone et les incendies accidentels diffusé par inpes.santepubliquefrance.fr, « une simple exposition aux fumées, même très brève (moins de 5 minutes), peut donner lieu à un handicap à vie : asthme chronique, insuffisance rénale, hépatique, cardiaque et respiratoire » - quelques minutes de plus suffisent pour entraîner le décès.
Cela dit, aucune des sources que nous n’avons consultées ne précise la durée moyenne d’une exécution par les flammes. Et pour cause, celle-ci dépend de nombre de facteurs, tels que la quantité et la qualité du combustible utilisé, le sens du vent… et la forme du bûcher en lui-même :
« La plupart des condamnés à mourir par le feu ne montèrent pas sur le bûcher mais entrèrent dans celui-ci, formé de de fagots au milieu desquels ils étaient enfermés jusqu’à mi-corps avant d’y être brûlés par les flammes. […] A Mons et à Maastricht, on brûlait même dans une espèce de hutte conique dans laquelle le condamné était complètement enfermé. A Anvers, c’est aussi dans une véritable « maisonnette faite de fagots » que sont introduits les suppliciés ».
(Source : Freddy Joris, Mourir sur l'échafaud: sensibilité collective face à la mort et perception des exécutions capitales du Bas Moyen Âge à la fin de l’Ancien Régime, consultable sur books.google.fr)
Pourquoi un tel luxe architectural ? Peut-être justement parce que la mort par asphyxie est plus rapide que celle due aux brûlures – or dans un espace fermé la fumée se répand plus vite et la température augmente plus vite aussi.
« la durée d’une exécution aussi didactique dépend de beaucoup de circonstances : du temps qu’il fait, du bois sec ou humide, de sa dureté, de la volonté des juges et des capacités du bourreau.
Il est arrivé que le supplice dure plus d’une heure ! […] la mort tarde à venir si le vent détourne les flammes, ou si la pluie se met à tomber. Poser un tison dans le la paille provoque un feu instantané. […] Le bourreau peut atténuer les souffrances en usant d’un privilège de retentum : il poignarde, assomme ou étrangle le supplicié avant que les flammes ne l’atteignent […] La combustion est accélérée par l’emploi de résine ou de poix, enduite à même la peau ou d’une chemise soufrée […] la mort peut, à l’inverse, être volontairement retardée pour rendre les derniers instants plus douloureux encore. »
(Source : Jean-Pierre Leguay, Le Feu au Moyen-Âge,)
Excès de cruauté qui s’explique par le fait qu'au Moyen Âge, compte avant tout l’impact psychologique sur le public venu assister à l’exécution.
La mort par la flamme "porte en soi une marque d’infamie que n’a pas la décapitation réservée aux nobles. Le bûcher, avec la mise en scène qui l’accompagne, horrifie les plus endurcis en les livrant à la vue et à l’odorat un corps léché par les flammes, des ossements calcinés, une odeur imprégnante. Le feu purificateur est considéré comme le bon moyen d’éradiquer une gangrène de l’âme, le venin d’un serpent, le mal qui s’insinue, pénètre dans l’organisme et le contamine. Le feu anéantit, fait disparaitre à tout jamais des individus qui, par leurs paroles ou leur attitude, n’ont plus rien de commun avec l’humanité. Il est arrivé que le corps d’un sorcier mort en prison soit déterré pour être brûlé".
Bonne journée.
D’après un document sur l’intoxication au monoxyde de carbone et les incendies accidentels diffusé par inpes.santepubliquefrance.fr, « une simple exposition aux fumées, même très brève (moins de 5 minutes), peut donner lieu à un handicap à vie : asthme chronique, insuffisance rénale, hépatique, cardiaque et respiratoire » - quelques minutes de plus suffisent pour entraîner le décès.
Cela dit, aucune des sources que nous n’avons consultées ne précise la durée moyenne d’une exécution par les flammes. Et pour cause, celle-ci dépend de nombre de facteurs, tels que la quantité et la qualité du combustible utilisé, le sens du vent… et la forme du bûcher en lui-même :
« La plupart des condamnés à mourir par le feu ne montèrent pas sur le bûcher mais entrèrent dans celui-ci, formé de de fagots au milieu desquels ils étaient enfermés jusqu’à mi-corps avant d’y être brûlés par les flammes. […] A Mons et à Maastricht, on brûlait même dans une espèce de hutte conique dans laquelle le condamné était complètement enfermé. A Anvers, c’est aussi dans une véritable « maisonnette faite de fagots » que sont introduits les suppliciés ».
(Source : Freddy Joris, Mourir sur l'échafaud: sensibilité collective face à la mort et perception des exécutions capitales du Bas Moyen Âge à la fin de l’Ancien Régime, consultable sur books.google.fr)
Pourquoi un tel luxe architectural ? Peut-être justement parce que la mort par asphyxie est plus rapide que celle due aux brûlures – or dans un espace fermé la fumée se répand plus vite et la température augmente plus vite aussi.
« la durée d’une exécution aussi didactique dépend de beaucoup de circonstances : du temps qu’il fait, du bois sec ou humide, de sa dureté, de la volonté des juges et des capacités du bourreau.
Il est arrivé que le supplice dure plus d’une heure ! […] la mort tarde à venir si le vent détourne les flammes, ou si la pluie se met à tomber. Poser un tison dans le la paille provoque un feu instantané. […] Le bourreau peut atténuer les souffrances en usant d’un privilège de retentum : il poignarde, assomme ou étrangle le supplicié avant que les flammes ne l’atteignent […] La combustion est accélérée par l’emploi de résine ou de poix, enduite à même la peau ou d’une chemise soufrée […] la mort peut, à l’inverse, être volontairement retardée pour rendre les derniers instants plus douloureux encore. »
(Source : Jean-Pierre Leguay, Le Feu au Moyen-Âge,)
Excès de cruauté qui s’explique par le fait qu'au Moyen Âge, compte avant tout l’impact psychologique sur le public venu assister à l’exécution.
La mort par la flamme "porte en soi une marque d’infamie que n’a pas la décapitation réservée aux nobles. Le bûcher, avec la mise en scène qui l’accompagne, horrifie les plus endurcis en les livrant à la vue et à l’odorat un corps léché par les flammes, des ossements calcinés, une odeur imprégnante. Le feu purificateur est considéré comme le bon moyen d’éradiquer une gangrène de l’âme, le venin d’un serpent, le mal qui s’insinue, pénètre dans l’organisme et le contamine. Le feu anéantit, fait disparaitre à tout jamais des individus qui, par leurs paroles ou leur attitude, n’ont plus rien de commun avec l’humanité. Il est arrivé que le corps d’un sorcier mort en prison soit déterré pour être brûlé".
Bonne journée.
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