ça sent le soufre !
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 16/09/2016 à 10h23
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Question d'origine :
Bonjour!
Je prépare ces temps-ci un petit spectacle pour enfants ayant pour base la fameuse légende du dragon de Cracovie.
On sait que ce dragon fut réduit à l'impuissance grâce à l'intervention d'un petit cordonnier qui lui donna à manger un agneau rempli de soufre. Le monstre en aurait connu alors une soif inextinguible qui l'aurait conduit à boire toute l'eau de la Vistule. Pour finir, le ventre plein d'eau, il aurait explosé ou, selon une autre version, désormais incapable de cracher du feu, il aurait fui vers d'autres contrées...
En tout cas, je redoute les questions souvent pertinentes des enfants! Le soufre donne-t-il réellement soif?
Ou alors, n'a-t-il, dans cette légende, qu'une sorte de rôle un peu magique, injustifiable selon des arguments scientifiques?
Et enfin, quand on dit que quelque chose est sulfureux, est-ce en lien avec des propriétés chimiques fondées sur une réalité ou plutôt une allusion "alchimico-philosophale" ou apparentée?!
Merci de votre réponse!
Réponse du Guichet

Bonjour,
Le soufre peut provoquer chez les personnes allergiques ou sensibles diverses réactions désagréables, mais la soif ne semble pas en faire partie :
Avec ou sans surdosage, le dioxyde de soufre peut déclencher des manifestations d’intolérance (maux de tête, nez qui coule, démangeaisons …).
Source : A cause du vin, un million de Français en surdose de sulfites, rue89.nouvelobs.com
Les symptômes d’une intoxication au dioxyde de soufre sont divers :irritations, brûlures des yeux potentiellement invalidantes, du nez, de la gorge et de la peau, difficultés à respirer que la personne peut éprouver quelques jours après l’inhalation .
A très forte concentration, le dioxyde de soufre devient irrespirable.
Une exposition prolongée au dioxyde de soufre peut entraîner une diminution de la fonction respiratoire.
Source : Dioxyde de soufre : Quels signes d’une intoxication ?, sante.lefigaro.fr
INGESTION :
l'absorption massive du soufre entraine desvomissements, des douleurs abdominales et une diarrhee . La survenue d'une sulfhemoglobinemie ou methemoglobinemie ou sulfmethemoglobinemie et/ou d'une acidose est exceptionnelle.
INHALATION :
elle provoque uneirritation des voies respiratoires ; le SO2 et le H2S sont irritants pour les voies respiratoires. Ils provoquent une toux associee a une oppression thoracique et une expectoration pouvant etre sanguinolente. Ils peuvent entrainer des tracheobronchites spasmodiques ou des crises asthmatiformes (SO2). Enfin, a hautes concentrations, ils sont responsables d'un syndrome respiratoire aigue et un OAP peut survenir tardivement. Le soufre est souvent associe avec des derives du cuivre, des organophosphores et des carbamates heterocycliques.
Source : Université Paris Descartes
Nous supposons donc que la soif éprouvée par le dragon serait plutôt liée à d’autres aspects du soufre, en particulier ses aspects symboliques :
Corps solide non métallique de couleur jaune, le soufre est symbole de feu éternel et purificateur, et le principe actif des alchimistes.
Dans la Grèce antique, le soufre a des vertus purificatrices. On commence par le feu et le soufre la purification d’une maison, avant de l’arroser d’eau salée. Et Homère décrit le soufre comme ayant la vertu « d’éloigner la vermine ».
Dans la croyance médiévale, les apparitions du diable s’accompagnent d’une odeur qui l’identifie, celle du soufre, dont les propriétés incandescentes l’associent au feu. Sentir le soufre, c’est sentir le diable, présenter un caractère d’hérésie. Le soufre reprend donc le caractère dual du feu, à la fois infernal et purificateur, sans qu’il y ait de contradiction : élément principal des enfers, l’endroit où se rendent ceux qui ont besoin d’être purifiés, le soufre est associé à la purification par le châtiment. Ainsi, dans la Bible, le soufre est le symbole de la fureur divine et du châtiment : dans la Genèse, l’Eternel fait « pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu » (XIX, 24). Le soufre, associé au feu, tombe aussi sur les Edomites, sur les hommes impies, ou encore sur la Bête et ses adorateurs.
Mais c’est en hermétique que le soufre, représenté par un triangle au-dessus d’une croix, revêt un sens essentiel. Le soufre est le principe actif et mâle des corps en leur intérieur, comme le Soleil dans l’univers. Associé à la terre et au feu, le soufre, « soleil noir des alchimistes », est l’esprit de la matière.
Source : Petit Larousse des symboles
Pour revenir à un niveau plus prosaïque, les aliments qui « donnent soif » sont souvent ceux qui sont fortement épicés ou pimentés, ceux qui nous mettent (métaphoriquement) le feu à la bouche. Il semble que dans ce conte, le soufre agit sur le gosier du dragon d’une manière similaire…
Quant à l’adjectif « sulfureux », voici les différents sens donnés par le Dictionnaire culturel en langue française :
1 Qui contient du soufre libre ou à l’état d’ion sulfure ; relatif au soufre. Vapeurs, exhalaisons sulfureuses. « Ce reflet, émané du corps de Lucifer, / C’était le pâle jour qu’il traîne en nos ténèbres, / Le rayon sulfureux qu’en des songes funèbres / Il nous apporte de l’enfer » (Hugo, Odes et ballades).
2 <1765> Anhydride sulfureux ou gaz sulfureux : composé binaire du soufre (SO2), gaz incolore, d’odeur suffocante, très soluble dans l’eau et très facilement liquéfiable, utilisé dans la fabrication de l’acide sulfurique, les industries du blanchiment (pâtes à papier…) le mutage des moûts (-> soufrage, sulfitage). L’anhydride sulfureux existe à l’état naturel dans les émanations volcaniques. – Acide sulfureux : acide (H2SO3) connu seulement en solution. Sels de l’acide sulfureux : bisulfite, sulfite.
3 <1765> Cour. Eau sulfureuse, qui contient et dégage de l’acide sulfhydrique. Bains sulfureux (contre l’eczéma, etc.). Source sulfureuse.
4 <v. 1225, rare avant le XIXe siècle> Fig. et littér. Qui est en rapport avec les démons, l’enfer. « […] l’emploi d’un mot qui traîne derrière lui un tel sillage sulfureux, « abîme » […] » (M. Leiris, Fourbis). – Par extension, qui évoque le mal, choque la morale sociale. Un livre, un auteur sulfureux. Une réputation sulfureuse.
Bonne journée.
Le soufre peut provoquer chez les personnes allergiques ou sensibles diverses réactions désagréables, mais la soif ne semble pas en faire partie :
Avec ou sans surdosage, le dioxyde de soufre peut déclencher des manifestations d’intolérance (
Source : A cause du vin, un million de Français en surdose de sulfites, rue89.nouvelobs.com
Les symptômes d’une intoxication au dioxyde de soufre sont divers :
A très forte concentration, le dioxyde de soufre devient irrespirable.
Une exposition prolongée au dioxyde de soufre peut entraîner une diminution de la fonction respiratoire.
Source : Dioxyde de soufre : Quels signes d’une intoxication ?, sante.lefigaro.fr
l'absorption massive du soufre entraine des
elle provoque une
Source : Université Paris Descartes
Nous supposons donc que la soif éprouvée par le dragon serait plutôt liée à d’autres aspects du soufre, en particulier ses aspects symboliques :
Corps solide non métallique de couleur jaune, le soufre est symbole de feu éternel et purificateur, et le principe actif des alchimistes.
Dans la Grèce antique, le soufre a des vertus purificatrices. On commence par le feu et le soufre la purification d’une maison, avant de l’arroser d’eau salée. Et Homère décrit le soufre comme ayant la vertu « d’éloigner la vermine ».
Dans la croyance médiévale, les apparitions du diable s’accompagnent d’une odeur qui l’identifie, celle du soufre, dont les propriétés incandescentes l’associent au feu. Sentir le soufre, c’est sentir le diable, présenter un caractère d’hérésie. Le soufre reprend donc le caractère dual du feu, à la fois infernal et purificateur, sans qu’il y ait de contradiction : élément principal des enfers, l’endroit où se rendent ceux qui ont besoin d’être purifiés, le soufre est associé à la purification par le châtiment. Ainsi, dans la Bible, le soufre est le symbole de la fureur divine et du châtiment : dans la Genèse, l’Eternel fait « pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu » (XIX, 24). Le soufre, associé au feu, tombe aussi sur les Edomites, sur les hommes impies, ou encore sur la Bête et ses adorateurs.
Mais c’est en hermétique que le soufre, représenté par un triangle au-dessus d’une croix, revêt un sens essentiel. Le soufre est le principe actif et mâle des corps en leur intérieur, comme le Soleil dans l’univers. Associé à la terre et au feu, le soufre, « soleil noir des alchimistes », est l’esprit de la matière.
Source : Petit Larousse des symboles
Pour revenir à un niveau plus prosaïque, les aliments qui « donnent soif » sont souvent ceux qui sont fortement épicés ou pimentés, ceux qui nous mettent (métaphoriquement) le feu à la bouche. Il semble que dans ce conte, le soufre agit sur le gosier du dragon d’une manière similaire…
Quant à l’adjectif « sulfureux », voici les différents sens donnés par le Dictionnaire culturel en langue française :
1 Qui contient du soufre libre ou à l’état d’ion sulfure ; relatif au soufre. Vapeurs, exhalaisons sulfureuses. « Ce reflet, émané du corps de Lucifer, / C’était le pâle jour qu’il traîne en nos ténèbres, / Le rayon sulfureux qu’en des songes funèbres / Il nous apporte de l’enfer » (Hugo, Odes et ballades).
2 <1765> Anhydride sulfureux ou gaz sulfureux : composé binaire du soufre (SO2), gaz incolore, d’odeur suffocante, très soluble dans l’eau et très facilement liquéfiable, utilisé dans la fabrication de l’acide sulfurique, les industries du blanchiment (pâtes à papier…) le mutage des moûts (-> soufrage, sulfitage). L’anhydride sulfureux existe à l’état naturel dans les émanations volcaniques. – Acide sulfureux : acide (H2SO3) connu seulement en solution. Sels de l’acide sulfureux : bisulfite, sulfite.
3 <1765> Cour. Eau sulfureuse, qui contient et dégage de l’acide sulfhydrique. Bains sulfureux (contre l’eczéma, etc.). Source sulfureuse.
4 <v. 1225, rare avant le XIXe siècle> Fig. et littér. Qui est en rapport avec les démons, l’enfer. « […] l’emploi d’un mot qui traîne derrière lui un tel sillage sulfureux, « abîme » […] » (M. Leiris, Fourbis). – Par extension, qui évoque le mal, choque la morale sociale. Un livre, un auteur sulfureux. Une réputation sulfureuse.
Bonne journée.
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