Question d'origine :
Bonjour, j'ai entendu que le mot "solfège" aurait une origine/étymologie en lien avec une activité déplaisante (torture?) , et le terme "formation musicale" est maintenant préconisé. J'aimerais connaître l'origine du mot solfège, et la génèse du remplacement par "formation musicale". Secondairement, j'aimerais savoir comment et depuis quand le "solfège" a été introduit comme discipline à part entière dans les cursus de formation des musiciens, et sous quelle forme/contenu. Merci d'avance, Véronique Bornert
Réponse du Guichet

Bonjour,
Nous commencerons par citer la définition donnée par le Dictionnaire historique de la langue française qui vous apportera des éléments de réponse sur l’étymologie du mot solfège :
Solfège n.m. est la francisation (1790) de solfeggi (1767), introduit par Rousseau dans son Dictionnaire de musique et emprunté à l’italien solfeggio, dérivé du verbe solfeggiare correspondant au français solfier. Ce verbe dérive de solfa « gamme », mot composé des noms italiens de notes de musique, sol et fa, de même origine que les noms français/
Au sens de « solfège », l’ancien provençal avait solfa (v. 1250) et l’ancien français sofe (XIIIe s.) devenu solfe (1611) « art de solfier » ; ces formes sont empruntées au latin médiéval solfa « gamme », de même origine que l’italien.
Le mot désigne l’étude des principes élémentaires de la musique et de sa notation et, par extension (1798), un manuel d’apprentissage comportant des exercices et des morceaux . Il se dit par métonymie d’exercices pour les chanteurs et par extension pour tous les musiciens.
Frédéric Platzer définit dans Petit lexique des termes musicaux le solfège "comme un ensemble des exercices destinés à l’apprentissage de la musique. On trouve ainsi sous ce vocable des lectures de notes (…) Sans oublier le solfège chanté qui consiste à chanter une musique en disant le nom des notes (…) S’il est très ancien (on trouvait déjà dans l’Antiquité grecque de tels exercices), il a changé de nom assez récemment :on parle désormais de « formation-musicale » de façon à ne pas trop effaroucher les apprentis-musiciens avec un terme qui a souvent causé l’effroi et parfois le dégoût de leurs aînés ".
L’origine du changement – du solfège à la formation musicale - est aussi rappelée dans le Mémoire de fin d’études Redonner du sens au cours de formation musicale aujourd’hui , Lucie Large (2017) :
Le « solfège », en tant que matière isolée au sein du fonctionnement traditionnel du conservatoire, est né au moment de la Révolution française . Celle-ci ayant « presque tous les musiciens de son côté »,ceux-ci ont voulu se servir de la musique comme d’une arme politique afin « d'endoctriner ouvertement ou insidieusement les citoyens ou les sujets ». La musique avait déjà été souvent utilisé dans l'histoire comme outil politique ou de propagande ; mais pour la première fois, les acteurs de la révolution ont décidé de systématiser cet usage. Le besoin de « fabriquer » des musiciens en vue de renvoyer une image d'excellence artistique, de prestige au reste de l'Europe fut ressenti. Ainsi fut créée une institution nouvelle, à Paris : le Conservatoire. Celle-ci mit fin à l'ancien système de formation musicien-apprenti, dans lequel un musicien formait des apprentis suivant sa spécialité ; ainsi on apprenait des savoirs spécifiques à la spécialisation de son maître. Au contraire, la volonté forte du conservatoire était d'uniformiser la transmission des savoirs. Il n'était plus question de profiter de la richesse et de la synergie de pratiques musicales diverses. Le but recherché était d'obtenir une unité dans l'enseignement musical en France, et ceci, dans toutes les écoles de musiques de province construites sur le modèle du Conservatoire de Paris
(…)
En 1795, au lendemain de la Révolution française, naît la première classe de solfège . Afin d'y transmettre un enseignement à la fois clair et uniformisé, sont créés les « principes de musique ».L'assemblée générale du conservatoire les présenta en ces termes : « L'institut, considérant, que la précision et la simplicité des principes élémentaires sont la base constitutive d'une bonne école [...] établit unecommission spécialement chargée de la rédaction des principes élémentaires de musique. Cette commission est formée de compositeurs. »2Après une première édition, un second volume simplifié est p
( …)
Après une première édition, un second volume simplifié est publié, pour mieux servir à l'instruction des débutants. Accusé d'employer un ton rébarbatif, l'ouvrage subit rapidement une modification : il paraît alors sous la forme d'exercices en questions-réponses, pour une tournure « plus pédagogique ». Près d'un siècle plus tard, en 1872, ces principes conduiront à la publication et à l'adoption enthousiaste par le Conservatoire de la Théorie de la musique d'Adolphe-Leopold Danhauser. Ce livre simplifie, clarifie et unifie les principes de la musique. Il est resté, pendant plus d'un siècle, l'ouvrage référence du solfège traditionnel.
(…)
Voici donc la discipline « solfège » mise en place, en vue de systématiser l'apprentissage de la lecture de la façon la plus efficace possible. Pour ce faire, il est décidé de découper cet enseignement en plusieurs disciplines : « La constitution du solfège tel que nous le connaissons s'est faite dans le sillage de la « mise en discipline » des enseignements musicaux, dans les termes que nous avons déjà évoqués. Le solfège « pur »incarne la hiérarchisation en niveaux, la progressivité des apprentissages, la dé contextualisation maximale des principes enseignés.
(…)
Dans les années 1970, le solfège commence à subir des accusations de plus en plus fréquentes, notamment de la part des acteurs des méthodes dites « actives ». Ceux-ci dénoncent la façon dont le solfège est enseigné, le fait que les professeurs prennent comme entrée principale l'apprentissage du signe et de la notation pour apprendre la musique . Eux prônent au contraire la logique inverse : partir de la musique, des sensations auditives et corporelles qu'elle provoque, pour tenter d'en découvrir le langage et d'en maîtriser ensuite la notation. Ressentir avant de comprendre plutôt que de décortiquer et de tenter de comprendre quelque chose d'inconnu. « On doit d'abord avoir l'émotion du son, de la musique, et ce n'est pas en lisant les notes que ça va arriver. »
(…)
En 1977, la Direction de la musique à Paris établit une commission pour mettre en place une grande réforme du solfège . Celle-ci ne défendra ni le parti des méthodes actives, jugées trop axées sur l'aspect ludique, ni le solfège traditionnel, considéré alors comme obsolète et trop déconnecté de la musique. Elle aboutira au changement de nom de cette discipline, décision marquant la volonté de se débarrasser de la connotation négative du mot « solfège », remplacé par les termes « formation musicale » . Il est intéressant de constater que ce changement de dénomination n'a pas été un succès, car quarante ans plus tard, on entend encore presque plus parler de « solfège » que de « formation musicale », expression même inconnue de beaucoup d'élèves et de parents d'élèves !
Pour finir, vous pourriez consulter l'article "Formation musicale, faut-il remiser le solfège ? " publié sur lalettredumusicien.fr
Nous commencerons par citer la définition donnée par le Dictionnaire historique de la langue française qui vous apportera des éléments de réponse sur l’étymologie du mot solfège :
Solfège n.m. est la francisation (1790) de solfeggi (1767),
Au sens de « solfège », l’ancien provençal avait solfa (v. 1250) et l’ancien français sofe (XIIIe s.) devenu solfe (1611) « art de solfier » ; ces formes sont empruntées au latin médiéval solfa « gamme », de même origine que l’italien.
Frédéric Platzer définit dans Petit lexique des termes musicaux le solfège "comme un ensemble des exercices destinés à l’apprentissage de la musique. On trouve ainsi sous ce vocable des lectures de notes (…) Sans oublier le solfège chanté qui consiste à chanter une musique en disant le nom des notes (…) S’il est très ancien (on trouvait déjà dans l’Antiquité grecque de tels exercices), il a changé de nom assez récemment :
L’origine du changement – du solfège à la formation musicale - est aussi rappelée dans le Mémoire de fin d’études Redonner du sens au cours de formation musicale aujourd’hui , Lucie Large (2017) :
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Après une première édition, un second volume simplifié est publié, pour mieux servir à l'instruction des débutants. Accusé d'employer un ton rébarbatif, l'ouvrage subit rapidement une modification : il paraît alors sous la forme d'exercices en questions-réponses, pour une tournure « plus pédagogique ». Près d'un siècle plus tard, en 1872, ces principes conduiront à la publication et à l'adoption enthousiaste par le Conservatoire de la Théorie de la musique d'Adolphe-Leopold Danhauser. Ce livre simplifie, clarifie et unifie les principes de la musique. Il est resté, pendant plus d'un siècle, l'ouvrage référence du solfège traditionnel.
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Pour finir, vous pourriez consulter l'article "Formation musicale, faut-il remiser le solfège ? " publié sur lalettredumusicien.fr
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