ethnies africaines

Réponse du service Guichet du Savoir

Utilisé sans discernement pour désigner les peuples des anciennes colonies, le mot "ethnie", passé dans le langage populaire avec son adjectif "ethnique" (mode ethnique, musique ethnique) et ses composés (pluriethnique, multiethnique, interethnique), a toujours été difficile à cerner. Il fait régulièrement l'objet de tentatives de définition par les ethologues, qui se sont pourtant appuyés sur cette notion imprécise pour établir la plupart des monographies portant sur les peuples non européens. Au cours des années 1930, le terme a été associé dans le langage courant à celui de "race", puis de "tribu", pour finir par les remplacer après la Seconde Guerre mondiale.
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L'intervention des historiens, suivis par des ethnologues de la nouvelle génération, apprit combien la composition des populations africaines était mouvante et montra que la moindre monographie aboutissait immanquablement à une étude sur le peuplement.
Cette notion est maintenant préférée car plus à même d'englober la complexité de sociétés qui demandent à être abordées sur le même pied d'égalité que sur les autres continents.
Suite et source : Dictionnaire d'histoire et civilisations africaines.

Pour distinguer les peuples les uns des autres, le critère le plus commode reste celui de la langue, du moins en règle générale : il présente le double avantage d'être relativement objectif et perçu comme significatif par les intéressés
On recense toutefois en Afrique près de 1500 langues différentes : faut-il distinguer autant de peuples ? En principe oui, mais on peut concentrer l'attention sur les plus importants, numériquement, en sachant que de nombreuses langues ne sont parlées que par des groupes restreints et très localisés.
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Ce critère linguistique donne des indications intéressantes, à condition de garder à l'esprit que, de tout temps, les langues évoluent, se diversifient en dialectes, disparaissent pour certaines ou, au contraire, se montrent conquérante", en se substituant à d'autres.

Les langues (M = millions):
- Les langues afro-asiatiques :
. Autrefois dites « chamito-sémitiques », elles se répartissent en cinq groupes. Le groupe sémitique inclut l'arabe et une douzaine de langues d'Ethiopie (amharique, tigréen, etc., 36 M).
. À partir du VIIIe siècle, l'arabe (150 M en Afrique) s'est imposé (de façon exclusive ou dominante) dans toute l'Afrique au nord du Sahara.
. Le groupe berbère (15 à 20 M) reste vivant en Afrique du Nord et dans le Sahara central.
. Du groupe tchadien(120 langues environ, 40 M), géographiquement isolé des autres, relève le haoussa.
. En Afrique du Nord-Est se côtoient les groupes couchitique (35 langues, dont l'oromo et le somali, 42 M) et omotique (34 langues, 3 M).

- Les langues nilo-sahariennes : La validité de cette famille (140 langues environ, 47 M) a fait l'objet de querelles entre linguistes. Elle comprend neuf groupes d'importance inégale.
. Le groupe soudanais oriental (80 langues, 28 M) correspond aux populations dites « nilotiques ».
. Le groupe soudanais central (36 langues, 7 M) est dispersé du Tchad à l'Ouganda.
. Le groupe saharien (cinq langues, 7 M) se situe près du lac Tchad (kanouri) et
plus au nord (toubou).
. Le songhaï (moyenne vallée du Niger) forme un groupe à part (3,5 M).
. Les cinq autres groupes sont restreints : maban et fur aux confins du Tchad et
du Soudan, berta, kunama et komuz aux confins du Soudan et de l'Ethiopie.

- Les langues nigéro-congolaises : De façon stricte, la famille se nomme « nigéro-kordofanienne » et inclut les langues kordofaniennes (une trentaine, 0,2 M), parlées au Kordofan, dans le centre-sud du Soudan. Toutes les autres (au nombre de plus d'un millier) sont « nigéro-congolaises ».
En simplifiant une classification complexe, on peut distinguer sept groupes :
- mandé (29 langues, 18 M), incluant le malinké, le bambara, etc. ;
- ouest-atlantique (46 langues, 36 M), comprenant le ouolof et le peul (parlé du Sénégal au Cameroun) ;
- krou (18 langues, 6 M) ;
- dogon (une langue, 0,5 M) ;
- voltaïque ou gour (73 langues, 22 M), incluant le more, langue des Mossi ;
- adamaoua-oubanguien (114 langues, 12 M), dont l'aire s'étend du Cameroun au
sud du Soudan, témoignant d'une migration ancienne, contemporaine de celle des
Bantous ;
- centre-sud (750 langues environ, 355 M). Parmi ces dernières figurent des langues telles que l'akan, le yoruba et l'ibo (ancien groupe « kwa »), mais aussi toutes les langues bantoues (au nombre de 500 environ, 255 M), qui demeurent apparentées.
source : Atlas des peuples d'Afrique