Robert Lemercier
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/10/2019 à 06h52
492 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Je possède 4 toiles de Robert Lemercier ( entourage du peintre Lhote). Avez-vous d'autres renseignements : vie, oeuvre cote)
Merci Cordialement
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/10/2019 à 09h11
Bonjour,
Robert Lemercier résidait à La Cadière d’Azur et était notamment le voisin et ami d’André Favory. Dans Souvenirs sans fin, André Salmon raconte une visite à André Favory, atteint d’une maladie grave et invalidante :
« Un ami se trouvait là, lui aussi. Un ami digne du nom, ce que j’éprouve depuis qu’il est devenu le mien. Le plus immédiat voisin d’André Favory, le peintre Robert Lemercier. Les artistes en voyage dans le Midi rendaient tous visite à André Favory. Une visite plus ou moins brève selon que l’on résistait plus ou moins au spectacle. On repartait. – « Tu me pardonnes, mon vieux ? Je suis attendu à Cannes… Oui ça va, tu as de jolis tons… » - « A un de ces jours. Sûrement à mon retour de Vence… Quoi ? Tu es en pleine évolution. » Tu parles !
Même Kisling et moi ne sommes pas demeurés très longtemps à l’atelier. La femme de Favory était toujours là. Robert Lemercier tenait pour devoir d’y être en feignant de venir au hasard, en voisin. Deux présences entretenaient chez Favory l’illusion d’être encore André Favory le peintre. Pour qu’il pût se croire toujours lui-même, Robert Lemercier négligeait son atelier et sa propre peinture.
André Favory est mort. Il compte parmi ceux d’une certaine Jeune Peinture française. Maintenant, ceux de ce qui fut moi et mon ami Robert Lemercier, devenu l’ami Bobby, la Jeune Peinture, c’est, s’ils survivent, des vieux au regard de la nouvelle Jeune Peinture. La mort est souvent favorable à plus ou moins de gloire. Elle n’a pas bien servi André Favory qui la joignit en trébuchant de la main, sa main de peintre.
Lorsque je vais à La Cadière, chez Bobby, comment ne pas évoquer André Favory dont la maison est toujours debout, juste en face. Peintre, Robert Lemercier est aussi écrivain. Un écrivain de circonstance. Et quelle circonstance ! La guerre. Il a écrit Champ d’honneur. L’histoire ou les histoires des deux guerres. C’est en homme de la classe, quand il pensait hurler avec tous les anciens le chant libérateur de « ceux qui vont enfin rentrer dans leurs foyers » que l’auteur éprouve le plus le poids de la guerre, avec les godillots dans le sac ; la Première Guerre, garantie la dernière, par le Gouvernement lui-même. Elle lui fut dure, cruelle. Il en revint autant écoeuré que décoré. Chose digne de remarque pour ce qu’elle donne à penser, une sorte de rage nourrie de l’écoeurement pousse l’ancien combattant à en reprendre, volontairement cette fois, pour la durée de la Seconde Guerre.
Tour à tour fantassin et aviateur de chasse, Robert Lemercier a écrit un énorme bouquin. Un livre assez volumineux, ce Champ d’honneur, pour que les éditeurs reculent devant les frais d’impression quand ils estiment le public fatigué des histoires de guerre. C’est à regretter si les authentiques mémoires du soldat de 1914 et de 1939 ajoutent aux Croix de bois de Dorgelès et au Feu de Barbusse. Je conseille à Bobby de déposer son lourd manuscrit à la Bibliothèque nationale si la librairie ne se décide pas. »
Nos recherches ne nous ont pas permis d’en découvrir plus sur ce peintre, mais vous pouvez consulter sa fiche sur Art Price.
Bonne journée.
Robert Lemercier résidait à La Cadière d’Azur et était notamment le voisin et ami d’André Favory. Dans Souvenirs sans fin, André Salmon raconte une visite à André Favory, atteint d’une maladie grave et invalidante :
« Un ami se trouvait là, lui aussi. Un ami digne du nom, ce que j’éprouve depuis qu’il est devenu le mien. Le plus immédiat voisin d’André Favory, le peintre Robert Lemercier. Les artistes en voyage dans le Midi rendaient tous visite à André Favory. Une visite plus ou moins brève selon que l’on résistait plus ou moins au spectacle. On repartait. – « Tu me pardonnes, mon vieux ? Je suis attendu à Cannes… Oui ça va, tu as de jolis tons… » - « A un de ces jours. Sûrement à mon retour de Vence… Quoi ? Tu es en pleine évolution. » Tu parles !
Même Kisling et moi ne sommes pas demeurés très longtemps à l’atelier. La femme de Favory était toujours là. Robert Lemercier tenait pour devoir d’y être en feignant de venir au hasard, en voisin. Deux présences entretenaient chez Favory l’illusion d’être encore André Favory le peintre. Pour qu’il pût se croire toujours lui-même, Robert Lemercier négligeait son atelier et sa propre peinture.
André Favory est mort. Il compte parmi ceux d’une certaine Jeune Peinture française. Maintenant, ceux de ce qui fut moi et mon ami Robert Lemercier, devenu l’ami Bobby, la Jeune Peinture, c’est, s’ils survivent, des vieux au regard de la nouvelle Jeune Peinture. La mort est souvent favorable à plus ou moins de gloire. Elle n’a pas bien servi André Favory qui la joignit en trébuchant de la main, sa main de peintre.
Lorsque je vais à La Cadière, chez Bobby, comment ne pas évoquer André Favory dont la maison est toujours debout, juste en face. Peintre, Robert Lemercier est aussi écrivain. Un écrivain de circonstance. Et quelle circonstance ! La guerre. Il a écrit Champ d’honneur. L’histoire ou les histoires des deux guerres. C’est en homme de la classe, quand il pensait hurler avec tous les anciens le chant libérateur de « ceux qui vont enfin rentrer dans leurs foyers » que l’auteur éprouve le plus le poids de la guerre, avec les godillots dans le sac ; la Première Guerre, garantie la dernière, par le Gouvernement lui-même. Elle lui fut dure, cruelle. Il en revint autant écoeuré que décoré. Chose digne de remarque pour ce qu’elle donne à penser, une sorte de rage nourrie de l’écoeurement pousse l’ancien combattant à en reprendre, volontairement cette fois, pour la durée de la Seconde Guerre.
Tour à tour fantassin et aviateur de chasse, Robert Lemercier a écrit un énorme bouquin. Un livre assez volumineux, ce Champ d’honneur, pour que les éditeurs reculent devant les frais d’impression quand ils estiment le public fatigué des histoires de guerre. C’est à regretter si les authentiques mémoires du soldat de 1914 et de 1939 ajoutent aux Croix de bois de Dorgelès et au Feu de Barbusse. Je conseille à Bobby de déposer son lourd manuscrit à la Bibliothèque nationale si la librairie ne se décide pas. »
Nos recherches ne nous ont pas permis d’en découvrir plus sur ce peintre, mais vous pouvez consulter sa fiche sur Art Price.
Bonne journée.
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