Question d'origine :
Je sais que je ne sais rien.
Suis-je sage ?
Réponse du Guichet

Bonjour,
Voici en tout cas ce que nous rapporte Platon, dans l’Apologie de Socrate :
« J’allai chez un de nos concitoyens, qui passe pour un des plus sages de la ville ; et j’espérais que là, mieux qu’ailleurs, je pourrais confondre l’oracle, et lui dire : tu as déclaré que je suis le plus sage des hommes, et celui-ci est plus sage que moi. Examinant donc cet homme, dont je n’ai que faire de vous dire le nom, il suffit que c’était un de nos plus grands politiques, et m’entretenant avec lui, je trouvai qu’il passait pour sage aux yeux de tout le monde, surtout aux siens, et qu’il ne l’était point. Après cette découverte, je m’efforçai de lui faire voir qu’il n’était nullement ce qu’il croyait être ; et voilà déjà ce qui me rendit odieux à cet homme et à tous ses amis, qui assistaient à notre conversation. Quand je l’eus quitté, je raisonnai ainsi en moi-même : je suis plus sage que cet homme. Il peut bien se faire que ni lui ni moi ne sachions rien de fort merveilleux ; mais il y a cette différence que lui, il croit savoir, quoiqu’il ne sache rien ; et que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc qu’en cela du moins je suis un peu plus sage, que je ne crois pas savoir ce que je ne sais point. »
On peut donc affirmer que Socrate vous considèrerait comme plus sage que celui qui pense savoir.
Toutefois, Florence Perrin et Alexis Rosenbaum, dans citations philosophies expliquées attirent notre attention sur la dimension ironique de cet aveu :
« […] Socrate n’est pas si Ignare qu’il le prétend. En réalité, son aveu se comprend aussi comme un trait d’ironie tactique. De quelqu’un qui affirme humblement ne rien savoir, on redoutera en effet moins les questions… »
On peut dès lors méditer cette citation de Paul Valery, dans l’Homme et la coquille :
« La philosophie ne consiste-t-elle pas, après tout, à faire semblant d’ignorer ce que l’on sait et de savoir ce que l’on ignore ? »
Pour aller plus loin, vous pouvez également consulter:
Apologie de Socrate, Platon
Achille et la tortue, les paradoxes en philosophie, Marie-Line Bretin
Cordialement,
Le département civilisation
Voici en tout cas ce que nous rapporte Platon, dans l’Apologie de Socrate :
« J’allai chez un de nos concitoyens, qui passe pour un des plus sages de la ville ; et j’espérais que là, mieux qu’ailleurs, je pourrais confondre l’oracle, et lui dire : tu as déclaré que je suis le plus sage des hommes, et celui-ci est plus sage que moi. Examinant donc cet homme, dont je n’ai que faire de vous dire le nom, il suffit que c’était un de nos plus grands politiques, et m’entretenant avec lui, je trouvai qu’il passait pour sage aux yeux de tout le monde, surtout aux siens, et qu’il ne l’était point. Après cette découverte, je m’efforçai de lui faire voir qu’il n’était nullement ce qu’il croyait être ; et voilà déjà ce qui me rendit odieux à cet homme et à tous ses amis, qui assistaient à notre conversation. Quand je l’eus quitté, je raisonnai ainsi en moi-même : je suis plus sage que cet homme. Il peut bien se faire que ni lui ni moi ne sachions rien de fort merveilleux ; mais il y a cette différence que lui, il croit savoir, quoiqu’il ne sache rien ; et que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc qu’en cela du moins je suis un peu plus sage, que je ne crois pas savoir ce que je ne sais point. »
On peut donc affirmer que Socrate vous considèrerait comme plus sage que celui qui pense savoir.
Toutefois, Florence Perrin et Alexis Rosenbaum, dans citations philosophies expliquées attirent notre attention sur la dimension ironique de cet aveu :
« […] Socrate n’est pas si Ignare qu’il le prétend. En réalité, son aveu se comprend aussi comme un trait d’ironie tactique. De quelqu’un qui affirme humblement ne rien savoir, on redoutera en effet moins les questions… »
On peut dès lors méditer cette citation de Paul Valery, dans l’Homme et la coquille :
« La philosophie ne consiste-t-elle pas, après tout, à faire semblant d’ignorer ce que l’on sait et de savoir ce que l’on ignore ? »
Pour aller plus loin, vous pouvez également consulter:
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Cordialement,
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