Question d'origine :
cher guichet,
Les études de médecine comportaient le baccalauréat , la licence, le doctorat.
Mes questions:
1) Qu'est ce que la maîtrise es- arts préalable?
2) pouvait-on exercer la médecine si on était simple bachelier ou licencié ?
3) Comment était t-on élu "médecin agrégé au Collège de médecine de Lyon?
Réponse du Guichet

Bonjour,
"Disparité" est le terme qui qualifie le mieux les études de médecine dans la France d'Ancien Régime.
L'enseignement de la médecine, assuré au XVIIe siècle par une vingtaine de facultés, varie profondément dans la nature des matières enseignées, la durée et le coût des études. L'édit royal de 1707 "portant règlement pour l'étude et l'exercice de la médecine dans le royaume" tentera d'uniformiser cet enseignement :
"Le cursus des études et des examens est strictement défini. Lamaîtrise ès arts qui sanctionne les deux années de philosophie suivies dans un collège d'université ou dans une faculté des arts, est exigée de quiconque veut s'inscrire en faculté de médecine . L'enseignement médical comporte au minimum trois années d'études sanctionnées chacune par un examen de deux heures au moins. [...] Les étudiants qui auront satisfait à ces trois examens annuels, pourront, immédiatement après le troisième, postuler les différents grades ou degrés, qui leur seront accordés à l'issue de soutenances publiques [...] Ainsi, à l'issue de sa troisième et dernière année d'études, l'étudiant peut, en un peu plus de trois mois, devenir successivement bachelier, licencié et docteur en médecine . En fait, seuls les plus capables, mais aussi et surtout les plus riches, franchissent la dernière étape, c'est-à-dire le doctorat. Il est vrai qu'en vertu de l'article 26, le grade de licencié suffit théoriquement pour avoir le droit d'exercer la médecine dans les villes et bourgs du royaume ."
source : Se soigner autrefois : médecins, saints et sorciers aux 17e et 18e siècles / François Lebrun
D'après un article de Boris Noguès consacré à La maîtrise ès arts en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce diplôme semble bien être un préalable aux études supérieures de médecine sous l'Ancien Régime :
" L’autre fonction de la maîtrise est de valider uneformation artienne conçue comme préalable à la poursuite d’études dans les facultés supérieures . Si les étudiants en droit n’ont jamais été contraints de prendre formellement ce degré, à Paris cette obligation s’impose dès 1598 à ceux qui souhaitent obtenir un diplôme en théologie ou en médecine . Elle est même étendue en 1696 à tous les futurs médecins du royaume et, en 1745, aux chirurgiens parisiens . Ces dernières dispositions réglementaires alimentent, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le vivier des candidats à la maîtrise et expliquent qu’un tiers des lauréats parisiens de 1768 soient laïcs. Les flux générés par cette obligation restent cependant modestes, car les étudiants peuvent commencer leurs études supérieures sans être titulaires de la maîtrise et ne sont tenus de la présenter qu’au moment d’acquérir un degré dans une faculté supérieure. "
En quoi consiste l'épreuve de maitrise es art ? Boris Noguès explique que les modalités d'obtention de ce diplôme diffèrent selon les facultés :
"La condition réglementaire la plus importante pour se présenter à l’examen reste l’assistance à un cours complet de philosophie dans l’un des collèges de la faculté des arts. " [...]
" Le candidat admis reçoit la maîtrise au cours de la même séance [que la licence].Ce grade ne correspond plus aux XVIIe et XVIIIe siècles à aucune épreuve (ou simulacre d’épreuve), mais à une cérémonie fortement ritualisée autour duquel se nouent encore tous les enjeux liés à l’autonomie et à la nature de la corporation universitaire. Le futur maître s’approche du chancelier (ou du vice-chancelier, qui le remplace en général pour les examens), s’agenouille et prête serment « quels que soient les honneurs ou les dignités [qu’il pourra obtenir] dans l’université, de rendre toujours honneur et de témoigner du respect au méritissime chancelier de l’Église et de l’université de Paris, ainsi qu’à ses successeurs, d’observer les lois et les statuts de l’académie et de l’université de Paris ». Le chancelier prononce alors la formule consacrée : « En vertu de l’autorité apostolique […], je te donne le pouvoir d’enseigner, de lire, de régenter et de faire tous les actes de la maîtrise ès arts, ici et partout ailleurs… ». Il dépose alors le bonnet de docteur sur la tête du nouveau maître. Ce dernier est par la suite inscrit dans les registres de sa nation, signés du chancelier et du recteur, et se voit remettre un diplôme de maîtrise au nom de l’université."
Quand d'autres soutiennent une thèse de philosophie :
" Tous les candidats à la maîtrise ne passent cependant pas les grades dans les formes qui viennent d’être décrites. Les candidats provinciaux ont souvent une expérience différente dans la mesure où, si toutes les facultés des arts revendiquent à l’origine leur parenté avec le modèle parisien, la plupart n’ont que partiellement reproduit ce modèle ou bien s’en sont écartées au cours de la période moderne. À Paris même,certains ont préféré soutenir publiquement une thèse de philosophie , qui se substitue alors aux examens de la licence. " [...]
"La soutenance d’une thèse publique pour l’obtention de la maîtrise est une possibilité, en aucun cas une obligation." [...]
"Véronique Meyer estime que seule une minorité fait ce choix, en raison du coût élevé d’une soutenance publique et, peut-être, de la difficulté de l’exercice."[...]
"La difficulté est parfois tournée par des soutenances collectives, dont les jésuites semblent s’être fait une spécialité. En 1678, le collège jésuite de Caen présente cinquante élèves dans une même soutenance. Le passage de plusieurs dizaines de candidats interdit évidemment un examen rigoureux de leurs capacités, ce que ne manquent pas de relever les adversaires des jésuites."
A ceci, s'ajoutent des variations régionales que nous vous laissons découvrir en lisant cet article dans son intégralité.
Pour aller plus loin : Verger Jacques.Pour une histoire de la Maîtrise es Arts au Moyen Age : quelques jalons. In: Médiévales, n°13, 1987. Apprendre le Moyen-âge aujourd'hui, sous la direction de Didier Lett et François-Jérôme Beaussart. pp. 117-130.
Nous l'avons dit plus haut, l'édit royal de 1707 indique que le grade de licencié suffit théoriquement pour avoir le droit d'exercer la médecine dans les villes et bourgs du royaume.
Ajoutons que nos ancêtres faisaient appel à d'autres corps de métiers pour se soigner : les chirurgiens barbiers, les sages-femmes, apothicaires, mais aussi les sorciers et autres saints guérisseurs comme l'indique François Lebrun dans son livre Se soigner autrefois : médecins, saints et sorciers aux 17e et 18e siècles que nous vous laissons consulter dans son intégralité pour en savoir plus.
Concernant votre dernière question, nous n'avons malheureusement pas pu consulter Les Statuts et règlements du Collège des médecins de Lyon mais voici ce qu'indique l'État de la médecine, chirurgie et pharmacie en Europe, et principalement en France pour l'année 1777 :
"Pour être agrégé au collège, il faut être docteur d’une université fameuse, il faut de plus avoir exercé la médecine pendant quatre années, dans une ville ou bourg muré, et subir deux examens publics, l’un sur la théorie, l’autre sur la pratique de la médecine. La matière de ces examens est tirée au sort par le lieutenant-général qui, accompagné du procureur du roi, y préside. Les députés du consulat y assistent. Le récipiendaire est obligé de faire un discours en latin, sur le sujet qui lui est échu. Il est ensuite interrogé par les membres du collège, s’il n’est docteur de Paris ou de Montpellier : on le reçoit ou on le renvoie à la pluralité des suffrages."
Bonne journée
"Disparité" est le terme qui qualifie le mieux les études de médecine dans la France d'Ancien Régime.
L'enseignement de la médecine, assuré au XVIIe siècle par une vingtaine de facultés, varie profondément dans la nature des matières enseignées, la durée et le coût des études. L'édit royal de 1707 "portant règlement pour l'étude et l'exercice de la médecine dans le royaume" tentera d'uniformiser cet enseignement :
"Le cursus des études et des examens est strictement défini. La
source : Se soigner autrefois : médecins, saints et sorciers aux 17e et 18e siècles / François Lebrun
D'après un article de Boris Noguès consacré à La maîtrise ès arts en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce diplôme semble bien être un préalable aux études supérieures de médecine sous l'Ancien Régime :
" L’autre fonction de la maîtrise est de valider une
"La condition réglementaire la plus importante pour se présenter à l’examen reste l’
" Le candidat admis reçoit la maîtrise au cours de la même séance [que la licence].
Quand d'autres soutiennent une thèse de philosophie :
" Tous les candidats à la maîtrise ne passent cependant pas les grades dans les formes qui viennent d’être décrites. Les candidats provinciaux ont souvent une expérience différente dans la mesure où, si toutes les facultés des arts revendiquent à l’origine leur parenté avec le modèle parisien, la plupart n’ont que partiellement reproduit ce modèle ou bien s’en sont écartées au cours de la période moderne. À Paris même,
"La soutenance d’une thèse publique pour l’obtention de la maîtrise est une possibilité, en aucun cas une obligation." [...]
"Véronique Meyer estime que seule une minorité fait ce choix, en raison du coût élevé d’une soutenance publique et, peut-être, de la difficulté de l’exercice."[...]
"La difficulté est parfois tournée par des soutenances collectives, dont les jésuites semblent s’être fait une spécialité. En 1678, le collège jésuite de Caen présente cinquante élèves dans une même soutenance. Le passage de plusieurs dizaines de candidats interdit évidemment un examen rigoureux de leurs capacités, ce que ne manquent pas de relever les adversaires des jésuites."
A ceci, s'ajoutent des variations régionales que nous vous laissons découvrir en lisant cet article dans son intégralité.
Pour aller plus loin : Verger Jacques.Pour une histoire de la Maîtrise es Arts au Moyen Age : quelques jalons. In: Médiévales, n°13, 1987. Apprendre le Moyen-âge aujourd'hui, sous la direction de Didier Lett et François-Jérôme Beaussart. pp. 117-130.
Nous l'avons dit plus haut, l'édit royal de 1707 indique que le grade de licencié suffit théoriquement pour avoir le droit d'exercer la médecine dans les villes et bourgs du royaume.
Ajoutons que nos ancêtres faisaient appel à d'autres corps de métiers pour se soigner : les chirurgiens barbiers, les sages-femmes, apothicaires, mais aussi les sorciers et autres saints guérisseurs comme l'indique François Lebrun dans son livre Se soigner autrefois : médecins, saints et sorciers aux 17e et 18e siècles que nous vous laissons consulter dans son intégralité pour en savoir plus.
Concernant votre dernière question, nous n'avons malheureusement pas pu consulter Les Statuts et règlements du Collège des médecins de Lyon mais voici ce qu'indique l'État de la médecine, chirurgie et pharmacie en Europe, et principalement en France pour l'année 1777 :
"Pour être agrégé au collège, il faut être docteur d’une université fameuse, il faut de plus avoir exercé la médecine pendant quatre années, dans une ville ou bourg muré, et subir deux examens publics, l’un sur la théorie, l’autre sur la pratique de la médecine. La matière de ces examens est tirée au sort par le lieutenant-général qui, accompagné du procureur du roi, y préside. Les députés du consulat y assistent. Le récipiendaire est obligé de faire un discours en latin, sur le sujet qui lui est échu. Il est ensuite interrogé par les membres du collège, s’il n’est docteur de Paris ou de Montpellier : on le reçoit ou on le renvoie à la pluralité des suffrages."
Bonne journée
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