Temps entre un tournage et la sortie d'un film
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 03/03/2020 à 14h30
8338 vues
Question d'origine :
Bonjour
Combien de temps après la fin d'un tournage, les films arrivent en salle ? C'est à dire, il se passe combien de temps entre le moment où le tournage est fini et le moment où le film sort en salle ? En moyenne ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 04/03/2020 à 16h26
Bonjour,
Il nous sera difficile de vous donner une moyenne du temps qui sépare la fin d'un tournage et la sortie en salle (si sortie en salle il y a, ce qui n'arrive pas toujours...) : dans certains cas il ne s'écoulera que quelques mois, dans d'autres plusieurs années, par exemple si la date de sortie est repoussée (c'est le cas d'Avatar 2 qui sortira en décembre 2021, soit 2 ans après la fin du tournage).
Mais commençons par rappeler que la fin de la phase de tournage ne signifie pas que le film est terminé, loin de là : une fois les rushes tournés, commence la phase de post-production :
« La postproduction englobe l'ensemble des techniques de finalisation d'un produit filmique ou audiovisuel après son tournage :
• Montage de l'image
• Bruitage
• Postsynchronisation
• Montage son
• Doublage
• Mixage
et
• Effets spéciaux (montage et laboratoire)
• Étalonnage de l'image (station d'étalonnage, laboratoire)
Avec la généralisation du « tout numérique », la postproduction s'articule distinctement en deux phases :
• la première phase dite « créative » qui se termine généralement par le mixage original, étape qui fixe et boucle les processus artistiques sous l'autorité du réalisateur ;
• la deuxième phase, celle des opérations de laboratoire :
o pour l'image : étalonnage, intégration définitives des effets spéciaux et autres trucages ;
o pour le son : finalisation de la mise en forme du ou des mixages spécifiques suivant leur destination ; cinéma, télévision HD, télévision SD, Web et ses variantes (streaming, serveurs, vidéo à la demande ou VOD, etc. ;
o pour l'image et le son : la fabrication des fichiers (Digital Cinema Package ou DCP), la fabrication des PAD pour la télévision, etc. »
Pour un film hollywoodien important, la postproduction est un processus très long, qui prend souvent jusqu’à 7 mois de travail.
Source : L'art du film : une introduction / David Bordwell, Kristin Thompson
Pour son film Serpico, Sidney Lumet estimait que 6 mois de postproduction était « déjà un planning serré ». Il fut contraint de réduire cette durée à 3 mois (« de la folie ») car la date de sortie était déjà décidée dès le début du tournage.
Et maintenant penchons-nous la question : comment le distributeur choisit-il la date de sortie d’un film ? Si nous nous basons sur l’exemple cité ci-dessus, clairement le rythme de fabrication du film n’est pas le seul critère. C’est que l’objectif du distributeur est que le film soit le plus rentable possible : trouver la bonne date de sortie signifie donc trouver celle où il aura le plus de chances de trouver son public, après une stratégie de communication (promotion) appropriée :
« La date de sortie, le nerf de la guerre !
Le succès d’un film en salles est très lié à sa date de sortie. Le film sera forcément en concurrence avec d’autres, le but c’est que cette concurrence doit être la moins directe possible. Si vous sortez un film de science-fiction face à un Star Wars, vous risquez la banqueroute. En effet, vous vous retrouvez à partager votre public cible avec beaucoup plus gros que vous. Ce n’est pas très malin… Comme tout le monde ne prévoit pas ses dates de sorties en même temps, il arrive que certaines soient réajustées en fonction des placements de la concurrence.
La promotion
Autre étape essentielle, le marketing va servir à faire rencontrer le film avec son public : le spectateur doit savoir a quel film il aura affaire. C’est là qu’intervient la promotion. Le distributeur va avoir à charge les campagnes d’affichage, des bandes-annonces, les relations avec la presse… jusqu’au titre du film !
A noter que lors de la sortie en vidéo, la stratégie promotionnelle n’est pas toujours la même. Soit parce que la cible change, soit pour ajuster la stratégie marketing pour la rendre plus efficace que lors de la sortie en salles. »
Source : A quoi servent les distributeurs ? retourverslecinema.com
« Dans l’industrie du cinéma, le distributeur de films est un intermédiaire qui fait le lien entre une société de production de films et l’exploitant de salles.
Propriétaire de la licence d’exploitation des droits d’un film dans plusieurs pays, il met en place le plan médiatique ainsi que la stratégie de communication et d’accompagnement du film. Il s’occupe pour les films étrangers du doublage et du sous-titrage, choisit l’attaché de presse, travaille sur les visuels pour la presse et les salles (affiche, bande-annonce), détermine avec les programmateurs le nombre de copies et les salles qui exploiteront le film, organise les avant-premières, des rencontres entre le public et l’équipe du film, la circulation dans les festivals etfixe la date de sortie en tenant compte du calendrier commun aux distributeurs, instaurant une combinaison de sortie ( éviter la sortie de deux comédies la même semaine, ou deux films traitant du même thème…) . Le jour de la sortie du film, il passe sa journée à appeler toutes les salles qui le projettent pour connaître le chiffre des entrées.
Il est chargé d’acheter les droits de commercialisation et d’exploitation des films aux producteurs, afin de les revendre aux propriétaires des salles de cinéma. Les droits acquis, pays par pays, peuvent être étendus sur des services de vidéos à la demande, soit sur des chaines de télévision, ou sous format DVD/Blue-ray. »
Source : “Quand un film sort au cinéma!”, table ronde organisée par le GRAC (Groupement Régional d’Actions Cinématographiques)
« La fixation de la date de sortie d’un film est bien sûr un élément essentiel des conditions de son exposition. Elle résulte d’une équation compliquée qui met en jeu la relation du distributeur aux talents du film ( réalisateur, acteurs,...)et du distributeur à l’exploitant ; de plus elle dépend de paramètres soit intrinsèques au film ( sa date de finition, sa présentation dans un festival ), soit extérieurs au film lui-même ( les autres films qui sortent, les écrans disponibles, les moyens de promotion auxquels on peut accéder ), voire d’éléments sociologiques ou de psychologie collective( le désert supposé de l’été , ... ) qui rendent difficile une maîtrise parfaite du phénomène. »
Source : La distribution des films en salle, Daniel Goudineau
La date de sortie, loin d’être choisie au hasard, est liée à un processus marketing qui, dans le cas des blockbusters hollywoodiens, peut aller jusqu’à transformer le film lui-même :
« La campagne commerciale d’un long-métrage hollywoodien est un véritable plan de bataille coordonné sur plusieurs continents. C’est l’étape essentielle de tout film mainstream. Durant les trente dernières années, ces campagnes se sont professionnalisées et leur coût a décuplé (environ 2 millions de dollars pour un film de studio en moyenne en 1975 ; 39 millions en moyenne en 2003, mais fréquemment plus de 100 millions pour les principaux blockbusters, comme Matrix ou Pirates des Caraïbes). […]
La priorité, avant même de donner le green light à un film, est de déterminer son public potentiel. Aux Etats-Unis, cela se fait généralement autour de trois critères initiaux : l’âge (plus ou moins 25 ans) ; le genre (homme ou femme) ; enfin la couleur (blanc ou « non-white »). A partir de ces catégories, l’audience cible du film est déterminée, par exemple « les hommes blancs de moins de 25 ans ». L’idéal consiste, bien sûr, à produire ce qu’on appelle un « four-quadrant film », celui qui a comme public potentiel les hommes et les femmes de plus ou moins 25 ans ; le plus risqué est de faire un film qui ne soit susceptible de plaire qu’aux jeunes filles de moins de 25 ans, toutes les études montrant qu’elles suivent les garçons pour voir des films d’action, alors que les garçons ne les suivent jamais pour voir des films de « filles » (lesquels sont rares de ce fait).
Viennent alors les « focus groups », l’outil vedette du marketing à Hollywood depuis les années 1980. Il s’agit d’études qualitatives consistant à poser, non pas des questions superficielles à beaucoup de sondés, mais de nombreuses questions approfondies à un panel restreint de personnes ciblées. Ces « focus groups », accompagnés de « test-screenings » et complétés par des sondages quantitatifs pour affiner l’audience cible, aident les responsables marketing à prendre leurs décisions. On interroge des panels de personnes appartenant potentiellement à la cible pour voir ce qu’elles pensent du film, et généralement, à ce stade, on leur parle de l’intrigue, des stars, et on leur montre les premiers trailers pour voir leur réaction. En fonction des résultats, une précampagne est lancée dans les salles pour annoncer le film alors que les émissions télévisées people et les talk-shows des chaînes appartenant aux studios sont utilisés pour lancer le buzz.
A partir de ces premières campagnes, de nouveaux « focus groups » sont réunis pour évaluer le degré général d’information du grand public sur le film et l’intensité de sa mémorisation […]. Viennent alors les « test-screenings », la projection du film, même inachevé, devant de nouveaux « focus groups ». Un indice de satisfaction est élaboré et l’audience potentielle affinée. A ce stade, les directeurs de marketing sont capables de prédire le succès du film avec, selon eux, une faible marge d’erreur. En fonction de ces études, la date de sortie peut encore être modifiée et sa durée raccourcie […]. De même, certaines scènes sont susceptibles d’être coupées, ou édulcorées, ou transformées (on rajoute par exemple une scène d’action à partir des rushes si c’est un film estival pour les teenagers […]). Même le « happy ending » peut être changé, si nécessaire. Cet exercice de post-production est délicat : on dit en anglais qu’il doit être « fine-tuned », réglé avec précision, car il s’agit de donner au produit son identité, sa puissance mainstream, mais sans être trop banal […]. Le film doit être à la fois grand public […], mais aussi nouveau et unique , son histoire devant donner l’impression d’avoir quelque chose de « spécial ». Ce « quelque chose de spécial » est essentiel : c’est l’intrigue, les acteurs ou les effets spéciaux qui l’apportent, mais la post-production et le marketing on pour fonction de l’amplifier et le décupler. Voilà comment un film devient un « feel good movie » […], comment sa vitesse s’accélère et comment il devient plus énergique ou « upbeat » (optimiste, combattif). […]
A partir de là, le plan et le budget de la promotion sont ajustés, le contenu des trailers fixé, tout comme le nombre de copies qui peut osciller pour un film de studio entre 900 dans les 50 Etats et plusieurs milliers […].
Pour les films les plus mainstream, ces campagnes et « focus groups » débutent très en amont de la date de sortie du film (les premiers teasers de Spider-Man étaient en salles une année en avance). »
Source : Mainstream : Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias, Frédéric Martel
Bonne journée.
Il nous sera difficile de vous donner une moyenne du temps qui sépare la fin d'un tournage et la sortie en salle (si sortie en salle il y a, ce qui n'arrive pas toujours...) : dans certains cas il ne s'écoulera que quelques mois, dans d'autres plusieurs années, par exemple si la date de sortie est repoussée (c'est le cas d'Avatar 2 qui sortira en décembre 2021, soit 2 ans après la fin du tournage).
Mais commençons par rappeler que la fin de la phase de tournage ne signifie pas que le film est terminé, loin de là : une fois les rushes tournés, commence la phase de post-production :
« La postproduction englobe l'ensemble des techniques de finalisation d'un produit filmique ou audiovisuel après son tournage :
• Montage de l'image
• Bruitage
• Postsynchronisation
• Montage son
• Doublage
• Mixage
et
• Effets spéciaux (montage et laboratoire)
• Étalonnage de l'image (station d'étalonnage, laboratoire)
Avec la généralisation du « tout numérique », la postproduction s'articule distinctement en deux phases :
• la première phase dite « créative » qui se termine généralement par le mixage original, étape qui fixe et boucle les processus artistiques sous l'autorité du réalisateur ;
• la deuxième phase, celle des opérations de laboratoire :
o pour l'image : étalonnage, intégration définitives des effets spéciaux et autres trucages ;
o pour le son : finalisation de la mise en forme du ou des mixages spécifiques suivant leur destination ; cinéma, télévision HD, télévision SD, Web et ses variantes (streaming, serveurs, vidéo à la demande ou VOD, etc. ;
o pour l'image et le son : la fabrication des fichiers (Digital Cinema Package ou DCP), la fabrication des PAD pour la télévision, etc. »
Pour un film hollywoodien important, la postproduction est un processus très long, qui prend souvent jusqu’à 7 mois de travail.
Source : L'art du film : une introduction / David Bordwell, Kristin Thompson
Pour son film Serpico, Sidney Lumet estimait que 6 mois de postproduction était « déjà un planning serré ». Il fut contraint de réduire cette durée à 3 mois (« de la folie ») car la date de sortie était déjà décidée dès le début du tournage.
Et maintenant penchons-nous la question : comment le distributeur choisit-il la date de sortie d’un film ? Si nous nous basons sur l’exemple cité ci-dessus, clairement le rythme de fabrication du film n’est pas le seul critère. C’est que l’objectif du distributeur est que le film soit le plus rentable possible : trouver la bonne date de sortie signifie donc trouver celle où il aura le plus de chances de trouver son public, après une stratégie de communication (promotion) appropriée :
« La date de sortie, le nerf de la guerre !
Le succès d’un film en salles est très lié à sa date de sortie. Le film sera forcément en concurrence avec d’autres, le but c’est que cette concurrence doit être la moins directe possible. Si vous sortez un film de science-fiction face à un Star Wars, vous risquez la banqueroute. En effet, vous vous retrouvez à partager votre public cible avec beaucoup plus gros que vous. Ce n’est pas très malin… Comme tout le monde ne prévoit pas ses dates de sorties en même temps, il arrive que certaines soient réajustées en fonction des placements de la concurrence.
La promotion
Autre étape essentielle, le marketing va servir à faire rencontrer le film avec son public : le spectateur doit savoir a quel film il aura affaire. C’est là qu’intervient la promotion. Le distributeur va avoir à charge les campagnes d’affichage, des bandes-annonces, les relations avec la presse… jusqu’au titre du film !
A noter que lors de la sortie en vidéo, la stratégie promotionnelle n’est pas toujours la même. Soit parce que la cible change, soit pour ajuster la stratégie marketing pour la rendre plus efficace que lors de la sortie en salles. »
Source : A quoi servent les distributeurs ? retourverslecinema.com
« Dans l’industrie du cinéma, le distributeur de films est un intermédiaire qui fait le lien entre une société de production de films et l’exploitant de salles.
Propriétaire de la licence d’exploitation des droits d’un film dans plusieurs pays, il met en place le plan médiatique ainsi que la stratégie de communication et d’accompagnement du film. Il s’occupe pour les films étrangers du doublage et du sous-titrage, choisit l’attaché de presse, travaille sur les visuels pour la presse et les salles (affiche, bande-annonce), détermine avec les programmateurs le nombre de copies et les salles qui exploiteront le film, organise les avant-premières, des rencontres entre le public et l’équipe du film, la circulation dans les festivals et
Il est chargé d’acheter les droits de commercialisation et d’exploitation des films aux producteurs, afin de les revendre aux propriétaires des salles de cinéma. Les droits acquis, pays par pays, peuvent être étendus sur des services de vidéos à la demande, soit sur des chaines de télévision, ou sous format DVD/Blue-ray. »
Source : “Quand un film sort au cinéma!”, table ronde organisée par le GRAC (Groupement Régional d’Actions Cinématographiques)
« La fixation de la date de sortie d’un film est bien sûr un élément essentiel des conditions de son exposition. Elle résulte d’une équation compliquée qui met en jeu la relation du distributeur aux talents du film ( réalisateur, acteurs,...)et du distributeur à l’exploitant ; de plus elle dépend de paramètres soit intrinsèques au film ( sa date de finition, sa présentation dans un festival ), soit extérieurs au film lui-même ( les autres films qui sortent, les écrans disponibles, les moyens de promotion auxquels on peut accéder ), voire d’éléments sociologiques ou de psychologie collective( le désert supposé de l’été , ... ) qui rendent difficile une maîtrise parfaite du phénomène. »
Source : La distribution des films en salle, Daniel Goudineau
La date de sortie, loin d’être choisie au hasard, est liée à un processus marketing qui, dans le cas des blockbusters hollywoodiens, peut aller jusqu’à transformer le film lui-même :
« La campagne commerciale d’un long-métrage hollywoodien est un véritable plan de bataille coordonné sur plusieurs continents. C’est l’étape essentielle de tout film mainstream. Durant les trente dernières années, ces campagnes se sont professionnalisées et leur coût a décuplé (environ 2 millions de dollars pour un film de studio en moyenne en 1975 ; 39 millions en moyenne en 2003, mais fréquemment plus de 100 millions pour les principaux blockbusters, comme Matrix ou Pirates des Caraïbes). […]
La priorité, avant même de donner le green light à un film, est de déterminer son public potentiel. Aux Etats-Unis, cela se fait généralement autour de trois critères initiaux : l’âge (plus ou moins 25 ans) ; le genre (homme ou femme) ; enfin la couleur (blanc ou « non-white »). A partir de ces catégories, l’audience cible du film est déterminée, par exemple « les hommes blancs de moins de 25 ans ». L’idéal consiste, bien sûr, à produire ce qu’on appelle un « four-quadrant film », celui qui a comme public potentiel les hommes et les femmes de plus ou moins 25 ans ; le plus risqué est de faire un film qui ne soit susceptible de plaire qu’aux jeunes filles de moins de 25 ans, toutes les études montrant qu’elles suivent les garçons pour voir des films d’action, alors que les garçons ne les suivent jamais pour voir des films de « filles » (lesquels sont rares de ce fait).
Viennent alors les « focus groups », l’outil vedette du marketing à Hollywood depuis les années 1980. Il s’agit d’études qualitatives consistant à poser, non pas des questions superficielles à beaucoup de sondés, mais de nombreuses questions approfondies à un panel restreint de personnes ciblées. Ces « focus groups », accompagnés de « test-screenings » et complétés par des sondages quantitatifs pour affiner l’audience cible, aident les responsables marketing à prendre leurs décisions. On interroge des panels de personnes appartenant potentiellement à la cible pour voir ce qu’elles pensent du film, et généralement, à ce stade, on leur parle de l’intrigue, des stars, et on leur montre les premiers trailers pour voir leur réaction. En fonction des résultats, une précampagne est lancée dans les salles pour annoncer le film alors que les émissions télévisées people et les talk-shows des chaînes appartenant aux studios sont utilisés pour lancer le buzz.
A partir de ces premières campagnes, de nouveaux « focus groups » sont réunis pour évaluer le degré général d’information du grand public sur le film et l’intensité de sa mémorisation […]. Viennent alors les « test-screenings », la projection du film, même inachevé, devant de nouveaux « focus groups ». Un indice de satisfaction est élaboré et l’audience potentielle affinée. A ce stade, les directeurs de marketing sont capables de prédire le succès du film avec, selon eux, une faible marge d’erreur. En fonction de ces études, la date de sortie peut encore être modifiée et sa durée raccourcie […]. De même, certaines scènes sont susceptibles d’être coupées, ou édulcorées, ou transformées (on rajoute par exemple une scène d’action à partir des rushes si c’est un film estival pour les teenagers […]). Même le « happy ending » peut être changé, si nécessaire. Cet exercice de post-production est délicat : on dit en anglais qu’il doit être « fine-tuned », réglé avec précision, car il s’agit de donner au produit son identité, sa puissance mainstream, mais sans être trop banal […]. Le film doit être à la fois grand public […], mais aussi nouveau et unique , son histoire devant donner l’impression d’avoir quelque chose de « spécial ». Ce « quelque chose de spécial » est essentiel : c’est l’intrigue, les acteurs ou les effets spéciaux qui l’apportent, mais la post-production et le marketing on pour fonction de l’amplifier et le décupler. Voilà comment un film devient un « feel good movie » […], comment sa vitesse s’accélère et comment il devient plus énergique ou « upbeat » (optimiste, combattif). […]
A partir de là, le plan et le budget de la promotion sont ajustés, le contenu des trailers fixé, tout comme le nombre de copies qui peut osciller pour un film de studio entre 900 dans les 50 Etats et plusieurs milliers […].
Pour les films les plus mainstream, ces campagnes et « focus groups » débutent très en amont de la date de sortie du film (les premiers teasers de Spider-Man étaient en salles une année en avance). »
Source : Mainstream : Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias, Frédéric Martel
Bonne journée.
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