Grande vue de Simon Maupin, 1625
Le 07/03/2020 à 18h49
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Question d'origine :
Bonjour, J'aurais aimé savoir qui était l'allégorie représentée sur la Grande Vue de Simon Maupin de 1625, dans l'angle en bas à gauche de la gravure, et pourquoi elle était accompagnée d'un caducée, et à ses pieds un compas et une palette (?) ? J'aurais aussi voulu savoir à qui était rattaché le blason présent sur la gauche de cette femme, ainsi que la signification/traduction du texte sous ce blason. Merci d'avance et merci pour tout votre savoir partagé !
Réponse du Guichet

Bonjour,
Il existe 3 éditions connues de cette « Grande vue de Lyon » de Simon Maupin, dont le titre sur le document est plutôt « Colonia copia Claudia Augusta Lugodunum » [sic]. La première édition date de 1625, et les deux autres de 1635. Outre le texte d’accompagnement, la seule différence entre ces deux dates et que la plus récente a vu ajoutés les ponts de bois de Bellecour et de Saint-Vincent sur la Saône. Il existe enfin plusieurs réductions de cette grande vue Maupin, réalisés pour être introduites dans des publications.
La bibliothèque municipale de Lyon conserve actuellement un exemplaire de la première édition de la Grande vue Simon Maupin, dans un état assez médiocre, sous la cote F17MAU004389. Il s’agit de l’état daté « Chès Claude Savary et Barthelemy Gaultier […], 1626 – M DC XXV ». Nous ne connaissons pas d’exemplaire avec une date d’éditeur de 1625. La bibliothèque conserve aussi une photographie du 19e siècle, d’une édition de 1635, sous la cote Coste 103.
Elle est systématiquement dédié au marquis d’Halincourt, à savoir Charles de Neufville de Villeroy, alors gouverneur du Lyonnais. Ses armes sont dessinées dans le ciel et non sont pas celles du cartouche situé en bas à gauche de la vue.
L’allégorie féminine et le blason que vous mentionnez sont représentés sur les trois éditions citées. Celles-ci ont été décrites par Jacques-Jules Grisard en 1891 (Notice sur les plans et vues de la ville de Lyon, Lyon : Mougin-Rusand, 1891, p. 117 à 126, vous pouvez demander sa mise en ligne à numelyo@bm-lyon.fr.
Voici, comment cet ingénieur topographe décrit la vue :
« Dans le bas […] à gauche, dans un cartouche ovale orné de cuirs découpés, surmonté d’un écu timbré d’un casque lambrequiné, le génie du commerce sous les traits d’une femme pour tenant, est gravée l’inscription suivante à la louange de la cité : [transcription du texte latin].
[…]
Le blason de l’écu : D’argent à trois bandes d’azur, au chef du gueules chargé de trois annelets d’argent, est très probablement celui de l’auteur des vers, Abraham Valere. »
En note, J-J. Grisard propose une traduction des vers latins :
« O cité, partie étendue en plaine, partie élevant votre front vers le ciel. Le nom que vous portez signifie lumière. Votre gloire vient-elle du romain Plancus, vient-elle de vos innombrables grands hommes ? Généreux est votre sol. Le monde entier est tributaire de votre commerce : que si vous attirez dans vos murs les richesses, c’est pour les répandre aussitôt en tous lieux. Deux collines et deux fleuves vous servent de remparts. Vous contemplez le Rhône qui venu du levant vient couper la Saône en deux tronçons. Le voyageur traverse ces deux fleuves sur votre double pont de marbre, tout heureux de trouver ainsi une route facile. Un peuple belliqueux, une jeunesse accoutumée au maniement des armes habite dans vos murs ; la probité, la bonté y règnent dans les cœurs. Rome des Gaules, peut-être même plus grande que la Rome antique : le Ciel me permette de ne revendiquer pour vous que cette unique gloire. Composé par Abraham Valère, ancien conseiller du Roy au présidial de Lyon, l’an de l’ère chrétienne 1625. »
Les hypothèses de J-J. Grisard sont pertinentes. L’allégorie du commerce est fréquemment utilisée pour décrire la ville de Lyon, et le caducée, symbole de Mercure, protecteur des marchands, est un attribut classique de l’allégorie du commerce. Le compas et les outils à ses pieds sont des outils de navigation, autres attributs récurrents des allégories du commerce.
Concernant la validité de l’attribution du blason, la famille Valere est citée dans Steyert, Armorial général du Lyonnais, Forez et Beaujolais, Lyon : Brun, 1860. La notice dit : « Valerius : conseiller de ville en la sénéchaussée de Lyon, 1675. D’argent à 3 bandes d’azur, au chef de gueules chargé de 3 cannetes d’argent ». Malgré la différence de description (annelets pour la vue, canettes pour l’armorial), et la différence de date (qui signe peut-être un lien de parenté), il est quasiment certain qu’il s’agisse bien de la même famille ou apparentée.
Pour plus de détails sur le contexte d’édition des différents vues et plans de Lyon par Simon Maupin, nous vous conseillons la lecture de Yves Jocteur Montrozier, « Portrait de ville », Gryphe n° 7 : 2003
En espérant vous avoir été utile,
Le Fonds ancien de la bibliothèque municipale de Lyon.
Il existe 3 éditions connues de cette « Grande vue de Lyon » de Simon Maupin, dont le titre sur le document est plutôt « Colonia copia Claudia Augusta Lugodunum » [sic]. La première édition date de 1625, et les deux autres de 1635. Outre le texte d’accompagnement, la seule différence entre ces deux dates et que la plus récente a vu ajoutés les ponts de bois de Bellecour et de Saint-Vincent sur la Saône. Il existe enfin plusieurs réductions de cette grande vue Maupin, réalisés pour être introduites dans des publications.
La bibliothèque municipale de Lyon conserve actuellement un exemplaire de la première édition de la Grande vue Simon Maupin, dans un état assez médiocre, sous la cote F17MAU004389. Il s’agit de l’état daté « Chès Claude Savary et Barthelemy Gaultier […], 1626 – M DC XXV ». Nous ne connaissons pas d’exemplaire avec une date d’éditeur de 1625. La bibliothèque conserve aussi une photographie du 19e siècle, d’une édition de 1635, sous la cote Coste 103.
Elle est systématiquement dédié au marquis d’Halincourt, à savoir Charles de Neufville de Villeroy, alors gouverneur du Lyonnais. Ses armes sont dessinées dans le ciel et non sont pas celles du cartouche situé en bas à gauche de la vue.
L’allégorie féminine et le blason que vous mentionnez sont représentés sur les trois éditions citées. Celles-ci ont été décrites par Jacques-Jules Grisard en 1891 (Notice sur les plans et vues de la ville de Lyon, Lyon : Mougin-Rusand, 1891, p. 117 à 126, vous pouvez demander sa mise en ligne à numelyo@bm-lyon.fr.
Voici, comment cet ingénieur topographe décrit la vue :
« Dans le bas […] à gauche, dans un cartouche ovale orné de cuirs découpés, surmonté d’un écu timbré d’un casque lambrequiné, le génie du commerce sous les traits d’une femme pour tenant, est gravée l’inscription suivante à la louange de la cité : [transcription du texte latin].
[…]
Le blason de l’écu : D’argent à trois bandes d’azur, au chef du gueules chargé de trois annelets d’argent, est très probablement celui de l’auteur des vers, Abraham Valere. »
En note, J-J. Grisard propose une traduction des vers latins :
« O cité, partie étendue en plaine, partie élevant votre front vers le ciel. Le nom que vous portez signifie lumière. Votre gloire vient-elle du romain Plancus, vient-elle de vos innombrables grands hommes ? Généreux est votre sol. Le monde entier est tributaire de votre commerce : que si vous attirez dans vos murs les richesses, c’est pour les répandre aussitôt en tous lieux. Deux collines et deux fleuves vous servent de remparts. Vous contemplez le Rhône qui venu du levant vient couper la Saône en deux tronçons. Le voyageur traverse ces deux fleuves sur votre double pont de marbre, tout heureux de trouver ainsi une route facile. Un peuple belliqueux, une jeunesse accoutumée au maniement des armes habite dans vos murs ; la probité, la bonté y règnent dans les cœurs. Rome des Gaules, peut-être même plus grande que la Rome antique : le Ciel me permette de ne revendiquer pour vous que cette unique gloire. Composé par Abraham Valère, ancien conseiller du Roy au présidial de Lyon, l’an de l’ère chrétienne 1625. »
Les hypothèses de J-J. Grisard sont pertinentes. L’allégorie du commerce est fréquemment utilisée pour décrire la ville de Lyon, et le caducée, symbole de Mercure, protecteur des marchands, est un attribut classique de l’allégorie du commerce. Le compas et les outils à ses pieds sont des outils de navigation, autres attributs récurrents des allégories du commerce.
Concernant la validité de l’attribution du blason, la famille Valere est citée dans Steyert, Armorial général du Lyonnais, Forez et Beaujolais, Lyon : Brun, 1860. La notice dit : « Valerius : conseiller de ville en la sénéchaussée de Lyon, 1675. D’argent à 3 bandes d’azur, au chef de gueules chargé de 3 cannetes d’argent ». Malgré la différence de description (annelets pour la vue, canettes pour l’armorial), et la différence de date (qui signe peut-être un lien de parenté), il est quasiment certain qu’il s’agisse bien de la même famille ou apparentée.
Pour plus de détails sur le contexte d’édition des différents vues et plans de Lyon par Simon Maupin, nous vous conseillons la lecture de Yves Jocteur Montrozier, « Portrait de ville », Gryphe n° 7 : 2003
En espérant vous avoir été utile,
Le Fonds ancien de la bibliothèque municipale de Lyon.
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