Question d'origine :
Bonjour, je voulait savoir si un chien, un chat ou autres animaux avait des rêves, du moin une activité cérébrale comme les humains qui leur ferait vivre de petits films, comme le rêve humain... et si oui, un animal maltraité ou abandonné à t'il des cauchemar ? Es il possible d'analyser les activités cérébrales pour définir si le cerveau rêve au cauchemarde ?
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 16/07/2020 à 14h41
Bonjour,
Pour répondre à votre question, laissons la place à un spécialiste, à savoir Mehdi Tafti, neurophysiologiste et responsable du groupe de recherche sur le sommeil, les fonctions associées et les troubles du sommeil, au Département de physiologie de la Faculté de biologie et médecine de l’Université de Lausanne.
Mehdi Tafti a participé en tant que spécialiste à la rédaction du numéro sur le rêve du Hors-série Sciences et Avenir (n° 109, déc. 1996). Voici un extrait de son article qui répond à votre question : Toute personne ayant un chat ou chien vous dira qu'ils rêvent, car ces animaux présentent des comportements typiques de leur espèce, tout en étant endormis. Chez l'homme, le rêve s'élabore par la conjonction du sommeil paradoxal, de la mémoire et du langage.
Nous savons que si l'on réveille un dormeur pendant une phase de sommeil paradoxal et qu'on lui demande s'il rêvait, nous avons 80 % de probabilités de recueillir un rêve comportant des images et actions. C'est pourquoi les rêves ont été associés au sommeil paradoxal. Or, une activité mentale existe aussi pendant le sommeil lent, mais elle se différencie souvent du rêve par sa pauvreté en images. Si l'on admet que le sommeil paradoxal s'accompagne de rêves, tous les oiseaux et les mammifères qui ont du sommeil paradoxal, devraient également avoir du rêve. De la même façon, l'absence de sommeil paradoxal chez les autres animaux exclurait l'existence d'une activité onirique. Toutefois, les rêves utilisent des éléments mémorisés, aussi bien dans la mémoire à court terme que dans celle à long terme.
Même si les structures cérébrales, nécessaires à la mémoire, existent chez une grande partie des animaux, nous connaissons très mal leur capacité de mémoire. Néanmoins, nous devons admettre que la grande majorité des animaux (à l'exception peut-être des insectes et des poissons) a probablement des traces mémorisées, nécessaires à la réalisation des rêves. Le dernier problème à résoudre reste le moyen de détection des rêves chez les animaux. Le seul outil est le langage, avec lequel nous communiquons le contenu de nos rêves.
L'absence de langage chez tous les autres animaux nous interdit de connaître leurs rêves. Nous avons tout de même un moyen expérimental qui consiste à abolir l'atonie musculaire caractéristique du sommeil paradoxal, et à ainsi observer le comportement de l'animal pendant les phases de sommeil paradoxal. Dans ces conditions, un chat présente des comportements typiques de jeu ou de chasse d'un objet ou d'une souris imaginaire ainsi que des comportements d'agressivité et de défense.
Tout laisse à penser qu'un chat, comme un homme, rêve de scénarii caractéristiques de son espèce pendant ses phases de sommeil paradoxal.
Vous trouverez l’article complet de Mehdi Tafti sur cette page dédiée du Centre de recherches en neurosciences de Lyon.
Cordialement.
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