Question d'origine :
Bonjour,
Ma mère qui a 94 ans et qui est née à Lhuis dans le Bugey, m'a souvent dit qu'elle avait eu 2 marraines, dont une "marraine babillarde". Connaissez-vous d'autres occurences de cette expression, quelle est sa signification et son origine ?
Merci pour votre réponse.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/08/2020 à 13h02
Bonjour,
Les parrains babillards et les marraines babillardes sont effectivement un deuxième couple de parrains/marraines désignés par les parents pour leur enfant lors du baptême. On retrouve cette coutume de la Provence aux Flandres. Elle ne semble pas être une spécificité du Bugey.
Voici quelques extraits de documents qui mentionnent l'existence des babillards et en expliquent l'origine :
Dans la partie intitulée "Coutumes de la vie" de son article "Le folklore de Bettant (Bugey , Ain)" publié dans Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie (n°1/1974.pp. 27-64), Armand Decour dit :
" Il y avait aussi en principe un parrain babillard et une marraine babillarde (second parrain et seconde marraine). C'était le plus souvent desjeunes gens ou des enfants de la famille ."
" La religion catholique qui est celle de la population du canton en son entier a conservé ici tous ses droits. On peut facilement compter le nombre des non-baptisés. On attend en général les relevailles de la mère et l'on réunit autour d'une table bien garnie les parents et les amis. Le parrain et la marraine sont, en la plupart des cas, choisis parmi les proches parents, quelquefois parmi les familiers de la maison. [...] Les grands-parents sont le plus souvent les premiers à se voir offrir les honneurs du parrainage; dans les familles nombreuses les aînés sont fréquemment parrains et marraines des derniers venus.Si au jour du baptême, le parrain ou la marraine sont retenus par quelque empêchement, une autre personne leur sert de mandataire et « babille » pour eux ; d'où l'expression : parrain babillard ou marraine babillarde .
source : Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes
La voix des parrains marraines revêt son importance lors de la cérémonie du baptême et de la profession de foi. C'est ce qu'indique Giordana Charuty dans Folie, Mariage et Mort - Pratiques chrétiennes de la folie en Europe occidentale :
" C’est donc directement par leur voix que les parents spirituels agissent ici, à deux moments remarquables du rituel : la nomination et la profession de foi catholique. Les sonneries de cloches relevées dans toute l’aire française apparaissent dès lors comme des équivalents de la voix des parrains que ceux-ci transmettent à leur filleul au moment de sa naissance sociale et spirituelle.
Cette fonction essentielle trouve sa confirmation dans le nom donné au second couple de parrain et de marraine dont l’existence est attestée depuis la Haute-Provence jusques en Flandres, en remontant par les Hautes-Alpes et le Dauphiné : ils sont appelésparrain et marraine babillards . Généralement choisis parmi les frères et sœurs du nouveau-né, ces seconds parents spirituels sont toujours plus jeunes que le « vrai couple », encore dénommé bon parrain, bonne marraine ou, en Dauphiné, bon couple. Van Gennep a cru pouvoir expliquer cette coutume, étrangère au rituel romain, dans le cadre d’une analogie entre mariage et baptême. Les babillards seraient les représentants du groupe enfantin au même titre que les garçons et filles d’honneur, lors de la cérémonie nuptiale. Or ce nom s’éclaire en fait si l’on considère le rôle essentiel du baptême dans l’accès à la voix. Babiller est le terme employé pour qualifier le langage enfantin. Le surnom donné au second couple identifie la fonction de ces protagonistes du rituel populaire : donner accès au babillage . Mais en même temps, un babillard est un individu qui parle pour ne rien dire, qui reste prisonnier du langage enfantin ou dont la parole reste tintamarre, comme le rappelle l’abbé Thiers citant Juvénal : « Juvénal dit d’une femme babillarde, que quand elle parlait, il semblait que l’on entendît le son de plusieurs poêlons et de plusieurs sonnettes, et qu’elle faisait autant de bruit elle seule, que toute les trompettes, et tous les chaudrons, dont la superstitieuse Antiquité se servait autrefois pour soulager la lune lorsqu’elle l’éclipsait. » Le nom donné au second couple de parrain et de marraine est donc aussi une conjuration du risque encouru par l’enfant de rester prisonnier du babillage, sans pouvoir accéder à la maîtrise adulte . Il fait écho au babil dont nous avons vu qu’il devait être rompu pour délier la langue. "
Bonne journée
Les parrains babillards et les marraines babillardes sont effectivement un deuxième couple de parrains/marraines désignés par les parents pour leur enfant lors du baptême. On retrouve cette coutume de la Provence aux Flandres. Elle ne semble pas être une spécificité du Bugey.
Voici quelques extraits de documents qui mentionnent l'existence des babillards et en expliquent l'origine :
Dans la partie intitulée "Coutumes de la vie" de son article "Le folklore de Bettant (Bugey , Ain)" publié dans Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie (n°1/1974.pp. 27-64), Armand Decour dit :
" Il y avait aussi en principe un parrain babillard et une marraine babillarde (second parrain et seconde marraine). C'était le plus souvent des
" La religion catholique qui est celle de la population du canton en son entier a conservé ici tous ses droits. On peut facilement compter le nombre des non-baptisés. On attend en général les relevailles de la mère et l'on réunit autour d'une table bien garnie les parents et les amis. Le parrain et la marraine sont, en la plupart des cas, choisis parmi les proches parents, quelquefois parmi les familiers de la maison. [...] Les grands-parents sont le plus souvent les premiers à se voir offrir les honneurs du parrainage; dans les familles nombreuses les aînés sont fréquemment parrains et marraines des derniers venus.
source : Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes
" C’est donc directement par leur voix que les parents spirituels agissent ici, à deux moments remarquables du rituel : la nomination et la profession de foi catholique. Les sonneries de cloches relevées dans toute l’aire française apparaissent dès lors comme des équivalents de la voix des parrains que ceux-ci transmettent à leur filleul au moment de sa naissance sociale et spirituelle.
Cette fonction essentielle trouve sa confirmation dans le nom donné au second couple de parrain et de marraine dont l’existence est attestée depuis la Haute-Provence jusques en Flandres, en remontant par les Hautes-Alpes et le Dauphiné : ils sont appelés
Bonne journée
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