Question d'origine :
La monogamie est maintenant de règle dans le plupart des pays développés.
Ce ne fut pas toujours le cas. J'aimerais savoir quels furent les premières sociétés, les premières civilisations à la pratiquer.
Merci par avance de votre réponse.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Dans une précédente réponse portant sur Amour et amitié, que nous vous conseillons de consulter dans son intégralité, nous indiquions que Dans l’histoire de l’humanité et ses différentes cultures, la monogamie n’est pas nécessairement le modèle le plus répandu. Et même au sein d’une culture monogame, la "stricte" monogamie ne serait en fait pas la norme. C’est ce qu’explique Meg Barker, sexologue et professeure de psychologie au Royaume-Uni :
« "Si l'on remonte le temps et les cultures, on observe une grande diversité de relations, de structures et de règles", écrit-elle dans le Guardian (en anglais).
"Il y a davantage de sociétés polygames que monogames (…) et dans les sociétés monogames, la non-monogamie cachée ou le fait de connaître plusieurs relations monogames dans une vie sont en fait la norme", ajoute la psychologue. Et de citer l'exemple des couples libres, des familles recomposées ou encore des couples homosexuels, qui éloignent le comportement humain de la stricte monogamie de très rares espèces animales, où un mâle et une femelle sont ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare.
Source : Pourquoi sommes-nous devenus monogames ? francetvinfo.fr
Ceci étant dit divers journaux reviennent sur l’origine de la monogamie dont L’Express qui indique que « Selon [l’] étude publiée dans Nature Communications, la polygamie était la norme dans les petites sociétés de chasseurs-cueilleurs, mais ce constat a été de moins en moins vrai au fur et à mesure que les sociétés se sont agrandies avec l'avènement de l'agriculture et la sédentarisation. La monogamie est alors devenue dominante ».
Par ailleurs, Blake Edgar rédige en 2014 un article, « La monogamie, un atout pour notre espèce » pour la revue Pour la science dans lequel il relate que les travaux récents alimentent le débat sur l'émergence de la monogamie chez les humains. Ce mode de vie en couple durable aurait facilité le développement d'un plus gros cerveau.
Les mammifères ne sont pas de grands monogames. Moins de 10 % de leurs espèces vivent exclusivement en couple. La monogamie est un peu plus courante chez les primates, dont 15 à 29 % des espèces privilégient ce mode d'existence. Cependant, très peu d'entre elles vivent la monogamie au sens où les humains l'entendent : un partenariat sexuel exclusif entre deux individus.
De toute évidence, la monogamie des humains est loin d'être parfaite. Ils ont des aventures extraconjugales, divorcent et, dans certaines cultures, sont mariés à plusieurs personnes à la fois. La polygynie (un homme marié à plusieurs femmes) est d'ailleurs présente dans la plupart des sociétés. Cependant, même là où elle est autorisée, elle ne concerne qu'une minorité d'individus. En général, l'organisation sociale repose sur l'hypothèse que la plupart des individus formeront des couples durables et entretiendront des liens exclusifs sur le plan sexuel.
La monogamie serait un héritage du parcours évolutif de notre espèce et aurait constitué une étape cruciale dans le processus de développement de nos ancêtres. Le couple est même devenu l'un des piliers des systèmes sociaux humains et l'une des clés du succès de notre évolution. « C'est le lien de couple qui a vraisemblablement engendré l'organisation sociale humaine », affirme Bernard Chapais, anthropologue à l'Université de Montréal.
Si la monogamie n'est pas l'exclusivité de l'homme, elle a en effet rendu possible l'émergence d'une caractéristique strictement humaine : la constitution de réseaux sociaux vastes et complexes. Les jeunes des autres primates n'établissent des liens de parenté que par leur mère. Les humains, eux, le font à partir de leurs deux parents, ce qui élargit, à chaque génération, le cercle familial. Leur réseau s'étend en incluant d'autres familles et croît même au-delà des groupes communautaires. Selon B. Chapais, la monogamie et ces liens tissés entre les groupes constituent « deux des caractéristiques essentielles de la société humaine ».
Depuis des décennies, les scientifiques s'efforcent de comprendre les origines et les conséquences de la monogamie humaine. Quand avons-nous commencé à former des couples qui durent toute la vie ? Pourquoi ce mode d'existence présentait-il un avantage ? Et cela a-t-il contribué au succès évolutif de notre espèce ? Ces questions fondamentales restent sans réponses définitives à ce jour et sont très débattues. Mais à la lumière de travaux récents, on commence à percer le mystère.
L'ardipithèque, déjà en couple ?
Selon Owen Lovejoy, anthropologue à l'Université d'État de Kent, aux États-Unis, l'étude des fossiles d'hominidés indique que la monogamie serait antérieure à Ardipithecus ramidus. Cette espèce est connue depuis la découverte, dans la région de la rivière Awash, en Éthiopie, d'une partie de squelette féminin datant de 4,4 millions d'années, et surnommé « Ardi ». Des hominines aussi anciens étaient-ils déjà monogames ? D'après O. Lovejoy, c'est possible.
Cette idée est également présentée sur cerveau et psychologie:
Selon Owen Lovejoy, de l’université d’État du Kent, aux États-Unis, l’étude des fossiles d’hominidés indique quela monogamie serait antérieure à Ardipithecus ramidus, une espèce connue depuis la découverte, près de la rivière Awash, en Éthiopie, d’une partie de squelette féminin datant de 4,4 millions d’années, et surnommée Ardi. Peu après que notre lignée s’est séparée de celle des grands singes, il y a plus de 7 millions d’années, nos prédécesseurs auraient adopté trois nouveaux comportements : transporter de la nourriture dans leurs bras (désormais libérés grâce à la bipédie), former des couples permanents et dissimuler les signes extérieurs de l’ovulation féminine. Ces innovations auraient, avec l’évolution, conduit au stade suivant de la lignée humaine, celui des hominines.
Vous trouverez des éléments similaires sur maxisciences.com.
Par ailleurs, Albert Ollé-Martin et Violaine Decang dans Histoire de l'humanité: 600-1492 reviennent sur les notions de polyandrie et de monogamie :
Parlant du mariage la polyandrie a effectivement existé parmi les celtes et dans certaines régions d’Afrique subsaharienne et d’Inde, mais au Moyen Age, il ne s’agissait déjà plus que d’un lointain souvenir (…) La monogamie était le lot des pauvres qui ne pouvaient décemment pas se permettre de nourrir plusieurs femmes, ou celui des citadins qui ne disposaient pas d’assez de place pour étendre leur lignage. L’argent, l’âge, l’intérêt personnel et les mètres carrés décidaient des unions plus souvent que les restrictions des ecclésiastiques (…) Les peuples monogames, que ce soit au nom du couple primitif d’Adam et Eve, de différents mythes de création asiatiques ou encore de la force sacramentelle de l’union entre les sexes, comprenaient les juifs, les chrétiens, les peuples d’Asie de l’Est et de l’Inde (…) En Occident, en particulier parmi les plus riches, la polygamie (admise ou non) fut ouvertement pratiquée jusqu’aux décisions conciliaires des VIIIe et surtout XIe siècles. On sait que la pratique persista, sous la forme de l’entretien de concubines jusqu’au XVe siècle. Lorsque l’Eglise plaça le mariage parmi les sacrements – bien qu’au rang le plus bas -, cela conféra aux liens du mariage une force contraignante. En Inde, il n’y avait pas d’opposition entre les bouddhistes plus tolérants et les brahmanes plus rigoureux qui allaient jusqu’à encourager le sati, c’est-à-dire la crémation de l’épouse sur le bûcher de son époux défunt. On pense que 90 % des foyers indiens étaient monogames. Le Japon et la Chine étaient aussi résolument monogames mais avaient légitimé les concubines. Dans le monde islamique, le Coran autorisait quatre femmes à la condition que le mari soit capable de les nourri et de les traiter équitablement.
Dans les sociétés moins stables, le principe de marché aux femmes semblait familier ; la polygamie était donc légitimée. C’était incontestablement vrai en Afrique subsaharienne et certainement en Amérique précolombienne, notamment au Pérou où des ministres des Incas était chargé de distribuer les femmes. Étrangement, l’union monogame semble avoir été la tendance des îles d’Océanie .
Nous vous laissons aussi consulter :
* La femme dans l'histoire et les mythes de Jean-Paul Roux.
* Le Sexe, d'hier à aujourd'hui de collectif.
Dans une précédente réponse portant sur Amour et amitié, que nous vous conseillons de consulter dans son intégralité, nous indiquions que Dans l’histoire de l’humanité et ses différentes cultures, la monogamie n’est pas nécessairement le modèle le plus répandu. Et même au sein d’une culture monogame, la "stricte" monogamie ne serait en fait pas la norme. C’est ce qu’explique Meg Barker, sexologue et professeure de psychologie au Royaume-Uni :
« "Si l'on remonte le temps et les cultures, on observe une grande diversité de relations, de structures et de règles", écrit-elle dans le Guardian (en anglais).
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Source : Pourquoi sommes-nous devenus monogames ? francetvinfo.fr
Ceci étant dit divers journaux reviennent sur l’origine de la monogamie dont L’Express qui indique que « Selon [l’] étude publiée dans Nature Communications, la polygamie était la norme dans les petites sociétés de chasseurs-cueilleurs, mais ce constat a été de moins en moins vrai au fur et à mesure que les sociétés se sont agrandies avec l'avènement de l'agriculture et la sédentarisation. La monogamie est alors devenue dominante ».
Par ailleurs, Blake Edgar rédige en 2014 un article, « La monogamie, un atout pour notre espèce » pour la revue Pour la science dans lequel il relate que les travaux récents alimentent le débat sur l'émergence de la monogamie chez les humains. Ce mode de vie en couple durable aurait facilité le développement d'un plus gros cerveau.
Les mammifères ne sont pas de grands monogames. Moins de 10 % de leurs espèces vivent exclusivement en couple. La monogamie est un peu plus courante chez les primates, dont 15 à 29 % des espèces privilégient ce mode d'existence. Cependant, très peu d'entre elles vivent la monogamie au sens où les humains l'entendent : un partenariat sexuel exclusif entre deux individus.
De toute évidence, la monogamie des humains est loin d'être parfaite. Ils ont des aventures extraconjugales, divorcent et, dans certaines cultures, sont mariés à plusieurs personnes à la fois. La polygynie (un homme marié à plusieurs femmes) est d'ailleurs présente dans la plupart des sociétés. Cependant, même là où elle est autorisée, elle ne concerne qu'une minorité d'individus. En général, l'organisation sociale repose sur l'hypothèse que la plupart des individus formeront des couples durables et entretiendront des liens exclusifs sur le plan sexuel.
La monogamie serait un héritage du parcours évolutif de notre espèce et aurait constitué une étape cruciale dans le processus de développement de nos ancêtres. Le couple est même devenu l'un des piliers des systèmes sociaux humains et l'une des clés du succès de notre évolution. « C'est le lien de couple qui a vraisemblablement engendré l'organisation sociale humaine », affirme Bernard Chapais, anthropologue à l'Université de Montréal.
Si la monogamie n'est pas l'exclusivité de l'homme, elle a en effet rendu possible l'émergence d'une caractéristique strictement humaine : la constitution de réseaux sociaux vastes et complexes. Les jeunes des autres primates n'établissent des liens de parenté que par leur mère. Les humains, eux, le font à partir de leurs deux parents, ce qui élargit, à chaque génération, le cercle familial. Leur réseau s'étend en incluant d'autres familles et croît même au-delà des groupes communautaires. Selon B. Chapais, la monogamie et ces liens tissés entre les groupes constituent « deux des caractéristiques essentielles de la société humaine ».
Depuis des décennies, les scientifiques s'efforcent de comprendre les origines et les conséquences de la monogamie humaine. Quand avons-nous commencé à former des couples qui durent toute la vie ? Pourquoi ce mode d'existence présentait-il un avantage ? Et cela a-t-il contribué au succès évolutif de notre espèce ? Ces questions fondamentales restent sans réponses définitives à ce jour et sont très débattues. Mais à la lumière de travaux récents, on commence à percer le mystère.
L'ardipithèque, déjà en couple ?
Cette idée est également présentée sur cerveau et psychologie:
Selon Owen Lovejoy, de l’université d’État du Kent, aux États-Unis, l’étude des fossiles d’hominidés indique que
Vous trouverez des éléments similaires sur maxisciences.com.
Par ailleurs, Albert Ollé-Martin et Violaine Decang dans Histoire de l'humanité: 600-1492 reviennent sur les notions de polyandrie et de monogamie :
Parlant du mariage la polyandrie a effectivement existé parmi les celtes et dans certaines régions d’Afrique subsaharienne et d’Inde, mais au Moyen Age, il ne s’agissait déjà plus que d’un lointain souvenir (…) La monogamie était le lot des pauvres qui ne pouvaient décemment pas se permettre de nourrir plusieurs femmes, ou celui des citadins qui ne disposaient pas d’assez de place pour étendre leur lignage. L’argent, l’âge, l’intérêt personnel et les mètres carrés décidaient des unions plus souvent que les restrictions des ecclésiastiques (…) Les peuples monogames, que ce soit au nom du couple primitif d’Adam et Eve, de différents mythes de création asiatiques ou encore de la force sacramentelle de l’union entre les sexes, comprenaient les juifs, les chrétiens, les peuples d’Asie de l’Est et de l’Inde (…) En Occident, en particulier parmi les plus riches, la polygamie (admise ou non) fut ouvertement pratiquée jusqu’aux décisions conciliaires des VIIIe et surtout XIe siècles. On sait que la pratique persista, sous la forme de l’entretien de concubines jusqu’au XVe siècle. Lorsque l’Eglise plaça le mariage parmi les sacrements – bien qu’au rang le plus bas -, cela conféra aux liens du mariage une force contraignante. En Inde, il n’y avait pas d’opposition entre les bouddhistes plus tolérants et les brahmanes plus rigoureux qui allaient jusqu’à encourager le sati, c’est-à-dire la crémation de l’épouse sur le bûcher de son époux défunt. On pense que 90 % des foyers indiens étaient monogames. Le Japon et la Chine étaient aussi résolument monogames mais avaient légitimé les concubines. Dans le monde islamique, le Coran autorisait quatre femmes à la condition que le mari soit capable de les nourri et de les traiter équitablement.
Dans les sociétés moins stables, le principe de marché aux femmes semblait familier ; la polygamie était donc légitimée. C’était incontestablement vrai en Afrique subsaharienne et certainement en Amérique précolombienne, notamment au Pérou où des ministres des Incas était chargé de distribuer les femmes. Étrangement, l’union monogame semble avoir été la tendance des îles d’Océanie .
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* Le Sexe, d'hier à aujourd'hui de collectif.
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