Steampunk, définition et origine
Le 01/01/2021 à 18h38
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Question d'origine :
Bonjour, Dans le cadre d'un argumentaire de vente sur les produits dérivés issus du monde de la science-fiction et des sous-genres de la science fiction, je suis tombé sur l'univers steampunk. J'ai comme à mon habitude visité la page wikipédia associée à ce sujet (qui est très fournie d'ailleurs) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Steampunk Auriez-vous des compléments d'information sur cette thématique svp ? Merci par avance, Cordialement, Marc Réponse attendue le 06/01/2021 - 19:38
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/01/2021 à 14h53
Bonjour,
L'ouvrage français de référence sur le steampunk est celui écrit par Arthur Morgan et Étienne Barillier : Le guide steampunk. Les auteurs donnent une définition du steampunk dans l'introduction de leur livre partiellement consultable sur Google Livres :
" D’un point de vue littéraire, le steampunk est généralement classé comme unsous-genre de la science-fiction . Il est présenté comme une histoire alternative où, pour reprendre la formule célèbre de Douglas Fetherling : « Le steampunk s’efforce d’imaginer jusqu’à quel point le passé aurait pu être différent si le futur était arrivé plus tôt. » Il a pour cadre une époque victorienne qui ressemble à bien des égards à celle que nos ancêtres ont connue. Mais un léger pas de côté a été fait avec l’histoire : la science a pris un tour différent, concevant les ordinateurs et les robots bien plus tôt ! La révolution industrielle a bel et bien eu lieu, mais la vapeur propulse dorénavant des machines différentes, au service de sociétés forcément autres… Ainsi pour définir provisoirement le steampunk, on peut dire qu’il tient de la science-fiction pour le travail sur la technologie, les procédés narratifs et de l’uchronie pour le jeu avec l’Histoire et ses embranchements .
Le steampunk a désigné des fictions victoriennes pour être ensuite utilisé aussi bien en littérature qu’en musique, mode, arts plastiques, performances artistiques, graphisme. "
Les origines du steampunk sont présentées sur Noosfere par Daniel RICHE :
" Dans leur monumentale Encyclopedia of Science Fiction (Orbit, Londres, 1993), John Clute et Peter Nicholls précisent quele terme "steampunk" a été forgé vers la fin des années 80 sur le modèle du néologisme "cyberpunk" pour désigner un sous-genre (au sens de sous-ensemble) "moderne" (au sens de récent) formé de récits dont les constituants SF s'inscrivent dans un contexte appartenant au 19e siècle. Quant à Stan Barets, il explique, dans son incontournable Science-Fictionnaire (Editions Denoël, Paris, 1994), que ce mot désigne "une curieuse évolution spontanée du courant cyberpunk où la composante "cybernétique" se trouva remplacée par des évocations de l'ère de la vapeur (steam)."
Selon Barets, encore, "ces textes, très bien définis par le sous-titre d'un roman de Jeter - A Mad Victorian Fantasy - se situent souvent à Londres, cette ville considérée comme le creuset symbolique où se rencontraient à la fois l'univers populaire et misérabiliste de Dickens, les derniers romantiques tels que Shelley, Byron ou Coleridge, et où s'esquissaient déjà les prémisses de la société industrielle."
A en juger d'après ce qui précède, la littérature steampunk relèverait donc d'une sorte de science-fiction "à rebours" délaissant les "lieux" chronologiques et topologiques de prédilection de ce genre de récits (futur plus ou moins lointain, mégalopoles, espace, univers virtuels, planètes extravagantes, etc.) au profit d'un 19e siècle victorien dont l'inspiration serait souvent "assez proche du roman gothique" (Barets, toujours)...
Sans doute en a-t-il été ainsi lors des premiers balbutiements de ce courant car les "pères fondateurs" du genre ont tous délibérément choisi pour cadre de leurs romans un Londres victorien passablement revisité par leurs fantasmes propres.
Ces "pères fondateurs" sont au nombre de trois. Ils sont américains et étaient déjà amis de longue date lorsqu'ils ont donné naissance vers la fin des années 70 à ce qui, près de dix ans plus tard, allait prendre le nom de littérature (ou courant) steampunk. Ce sont James P. Blaylock, K.W. Jeter et Tim Powers et c'est Jeter qui a, en quelque sorte, ouvert le feu en 1979 avec un roman intitulé Morlock Night. Dans cette histoire, les Morlocks de La machine à explorer le temps d'H.G. Wells retournent dans le passé pour envahir les égouts de Londres au XIXe siècle. C'est donc une manière de suite au roman de Wells comme Les Vaisseaux du Temps de Stephen Baxter (1995, paru en France chez Laffont), livre situé dans le futur qui lui est, de ce fait, symétriquement opposé.
En 1982, Tim Powers a donné à la littérature steampunk son deuxième roman avec ce qui demeure aujourd'hui encore son chef d’œuvre et qui, au fil des ans, est devenu un authentique best-seller : Les Voies d'Anubis (paru en France chez J'ai Lu). Dans ce livre, que l'auteur qualifie non sans malice "d'anachronique" (!?), le héros, Brendan Doyle, est projeté à Londres en 1810 afin d'y rencontrer le poète Ashbless, dans une atmosphère très inspirée de Dickens. Mais soudain, tout dérape... [...]
En fait, avec Les Voies d'Anubis, on a affaire à un type de récit où les codes, s'ils ressemblent à ceux des genres et sous-genres formant le vaste corpus des littératures dites de l'"imaginaire", sont utilisés avec une telle liberté qu'ils en ressortent transfigurés...
James P. Blaylock, apparemment, s'en est souvenu lorsqu'il a écrit en 1986 son propre roman steampunk intitulé Homunculus (publié en France chez J'ai Lu). Dans ce livre frénétique et secoué, un acnéique paranoïaque, un milliardaire dépravé, un savant fou et bossu, une poignée de zombies et un club de gentlemen passionnés de mécanique et de sciences naturelles se disputent une créature minuscule prisonnière d'une mystérieuse cassette parce qu'elle est censée pouvoir abolir les frontières de la vie, de la mort et du temps en cette fin de XIXe siècle où tout paraît possible... L'action, bien entendu, se situe en grande partie à Londres mais toute ressemblance entre le Londres de Blaylock et celui des livres d'histoire serait purement fortuite...
Ces trois romans parus à quelques années d'intervalle attirèrent l'attention des lecteurs et des critiques et le terme "steampunk" fit son apparition peu de temps après la parution d'Homunculus pour désigner le courant auquel ils paraissaient avoir donné naissance. Blaylock, Jeter et Powers, encouragés par l'accueil réservé à leurs livres, poursuivirent dans la même voie et ils furent bientôt rejoints par d'autres auteurs tels que Guy Devenport (The Jules Verne Steam Balloon), Michel Flynn (In the Country of the Blind), William Gibson et Bruce Sterling (La Machine à Différences, Laffont, 1996), Paul Di Filippo (The Steampunk Trilogy), Paul J. McAuley (Pasquale's Angel) ou bien encore le très britannique Brian Stableford (Les Loups-Garous de Londres, J'ai Lu). "
Autres documents à consulter sans modération en bibliothèque pour en savoir plus sur le steampunk :
- Tout le steampunk ! [Livre] / Etienne Barillier & Raphaël Colson ; avec la participation d'Arthur Morgan
Une étude esthétique du mouvement littéraire et artistique steampunk, genre uchronique et dystopique qui fait cohabiter XIXe siècle victorien et futurisme hybride de robotique et de machines à vapeur.
- La France steampunk [Livre] : 187, la grande machine / textes Étienne Barillier & Arthur Morgan ; photographies de Nicolas Meunier
- Steampunk ! [Livre] : l'esthétique rétro-futur / Etienne Barillier ; avec la collaboration de Raphaël Colson et André-François Ruaud
Une analyse esthétique du steampunk, sous-genre de la science-fiction uchronique, dont l'intitulé a été forgé par allusion au cyberpunk. E. Barillier offre un panorama du genre depuis sa création au XIXe siècle jusqu'à ses nombreuses déclinaisons dans les domaines du cinéma, de la bande dessinée, des jeux vidéos.
- Spécial Steampunk [Revue] / Johan Héliot, Jeanne A-Debats, Luis Astolfi... [et al;] ; Thomas Bauduret et Thomas Riquet, rédacteurs en chef
Un dossier sur ce genre rétro futuriste, qui fait cohabiter XIXe siècle victorien, robots géants et créatures maléfiques.
- Le manuel steampunk [Livre] : guide illustré pratique et excentrique pour la création de rêves rétrofuturistes / Desirina Boskovich et Jeff Vandermeer ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Debernard
Des conseils et des sources d'inspiration liés au mouvement steampunk pour stimuler l'imagination du lecteur et le pousser à inventer ses propres créations, en puisant dans des domaines aussi variés que la mode, l'architecture ou la musique.
- La bible steampunk : dirigeables, corsets, lunettes d'aviateur, savants fous et littérature étrange : guide illustré d'un monde imaginaire / Jeff VanderMeer
avec S.J. Chambers
Monographie consacrée au mouvement steampunk, depuis les oeuvres pionnières de J. Verne et H. G. Wells aux auteurs du début du XXIe siècle. Le spécialiste du genre s'intéresse aux romanciers, graphistes, artistes et créateurs de mode associés à cet univers rétrofuturiste.
Quelques articles à lire en ligne :
- Le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé / Jean-Jacques Girardot et Fabrice Méreste - Cycnos, Volume 22 n°1
- Steampunk : un nouveau genre pour la littérature de l’imaginaire ? / Marie Truchot · Monde du livre, université Aix-Marseille - 26 juin 2014
- Steampunk : une uchronie à toute vapeur (Phénix, 2003) WARFA, Dominique. In : Une brève histoire de la science-fiction belge francophone et autres essais : Recueil d’articles [en ligne]. Liège : Presses universitaires de Liège, 2018
- Hier sera demain : Steam- et Diesel-punk à Bruxelles / Van der Hoeven Roland, Cahiers Bruxellois – Brusselse Cahiers, 2017/1 (XLIX), p. 437-456.
Bonne journée.
L'ouvrage français de référence sur le steampunk est celui écrit par Arthur Morgan et Étienne Barillier : Le guide steampunk. Les auteurs donnent une définition du steampunk dans l'introduction de leur livre partiellement consultable sur Google Livres :
" D’un point de vue littéraire, le steampunk est généralement classé comme un
Les origines du steampunk sont présentées sur Noosfere par Daniel RICHE :
" Dans leur monumentale Encyclopedia of Science Fiction (Orbit, Londres, 1993), John Clute et Peter Nicholls précisent que
Selon Barets, encore, "ces textes, très bien définis par le sous-titre d'un roman de Jeter - A Mad Victorian Fantasy - se situent souvent à Londres, cette ville considérée comme le creuset symbolique où se rencontraient à la fois l'univers populaire et misérabiliste de Dickens, les derniers romantiques tels que Shelley, Byron ou Coleridge, et où s'esquissaient déjà les prémisses de la société industrielle."
A en juger d'après ce qui précède, la littérature steampunk relèverait donc d'une sorte de science-fiction "à rebours" délaissant les "lieux" chronologiques et topologiques de prédilection de ce genre de récits (futur plus ou moins lointain, mégalopoles, espace, univers virtuels, planètes extravagantes, etc.) au profit d'un 19e siècle victorien dont l'inspiration serait souvent "assez proche du roman gothique" (Barets, toujours)...
Sans doute en a-t-il été ainsi lors des premiers balbutiements de ce courant car les "pères fondateurs" du genre ont tous délibérément choisi pour cadre de leurs romans un Londres victorien passablement revisité par leurs fantasmes propres.
En 1982, Tim Powers a donné à la littérature steampunk son deuxième roman avec ce qui demeure aujourd'hui encore son chef d’œuvre et qui, au fil des ans, est devenu un authentique best-seller : Les Voies d'Anubis (paru en France chez J'ai Lu). Dans ce livre, que l'auteur qualifie non sans malice "d'anachronique" (!?), le héros, Brendan Doyle, est projeté à Londres en 1810 afin d'y rencontrer le poète Ashbless, dans une atmosphère très inspirée de Dickens. Mais soudain, tout dérape... [...]
En fait, avec Les Voies d'Anubis, on a affaire à un type de récit où les codes, s'ils ressemblent à ceux des genres et sous-genres formant le vaste corpus des littératures dites de l'"imaginaire", sont utilisés avec une telle liberté qu'ils en ressortent transfigurés...
James P. Blaylock, apparemment, s'en est souvenu lorsqu'il a écrit en 1986 son propre roman steampunk intitulé Homunculus (publié en France chez J'ai Lu). Dans ce livre frénétique et secoué, un acnéique paranoïaque, un milliardaire dépravé, un savant fou et bossu, une poignée de zombies et un club de gentlemen passionnés de mécanique et de sciences naturelles se disputent une créature minuscule prisonnière d'une mystérieuse cassette parce qu'elle est censée pouvoir abolir les frontières de la vie, de la mort et du temps en cette fin de XIXe siècle où tout paraît possible... L'action, bien entendu, se situe en grande partie à Londres mais toute ressemblance entre le Londres de Blaylock et celui des livres d'histoire serait purement fortuite...
Ces trois romans parus à quelques années d'intervalle attirèrent l'attention des lecteurs et des critiques et le terme "steampunk" fit son apparition peu de temps après la parution d'Homunculus pour désigner le courant auquel ils paraissaient avoir donné naissance. Blaylock, Jeter et Powers, encouragés par l'accueil réservé à leurs livres, poursuivirent dans la même voie et ils furent bientôt rejoints par d'autres auteurs tels que Guy Devenport (The Jules Verne Steam Balloon), Michel Flynn (In the Country of the Blind), William Gibson et Bruce Sterling (La Machine à Différences, Laffont, 1996), Paul Di Filippo (The Steampunk Trilogy), Paul J. McAuley (Pasquale's Angel) ou bien encore le très britannique Brian Stableford (Les Loups-Garous de Londres, J'ai Lu). "
Autres documents à consulter sans modération en bibliothèque pour en savoir plus sur le steampunk :
- Tout le steampunk ! [Livre] / Etienne Barillier & Raphaël Colson ; avec la participation d'Arthur Morgan
Une étude esthétique du mouvement littéraire et artistique steampunk, genre uchronique et dystopique qui fait cohabiter XIXe siècle victorien et futurisme hybride de robotique et de machines à vapeur.
- La France steampunk [Livre] : 187, la grande machine / textes Étienne Barillier & Arthur Morgan ; photographies de Nicolas Meunier
- Steampunk ! [Livre] : l'esthétique rétro-futur / Etienne Barillier ; avec la collaboration de Raphaël Colson et André-François Ruaud
Une analyse esthétique du steampunk, sous-genre de la science-fiction uchronique, dont l'intitulé a été forgé par allusion au cyberpunk. E. Barillier offre un panorama du genre depuis sa création au XIXe siècle jusqu'à ses nombreuses déclinaisons dans les domaines du cinéma, de la bande dessinée, des jeux vidéos.
- Spécial Steampunk [Revue] / Johan Héliot, Jeanne A-Debats, Luis Astolfi... [et al;] ; Thomas Bauduret et Thomas Riquet, rédacteurs en chef
Un dossier sur ce genre rétro futuriste, qui fait cohabiter XIXe siècle victorien, robots géants et créatures maléfiques.
- Le manuel steampunk [Livre] : guide illustré pratique et excentrique pour la création de rêves rétrofuturistes / Desirina Boskovich et Jeff Vandermeer ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Debernard
Des conseils et des sources d'inspiration liés au mouvement steampunk pour stimuler l'imagination du lecteur et le pousser à inventer ses propres créations, en puisant dans des domaines aussi variés que la mode, l'architecture ou la musique.
- La bible steampunk : dirigeables, corsets, lunettes d'aviateur, savants fous et littérature étrange : guide illustré d'un monde imaginaire / Jeff VanderMeer
avec S.J. Chambers
Monographie consacrée au mouvement steampunk, depuis les oeuvres pionnières de J. Verne et H. G. Wells aux auteurs du début du XXIe siècle. Le spécialiste du genre s'intéresse aux romanciers, graphistes, artistes et créateurs de mode associés à cet univers rétrofuturiste.
- Le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé / Jean-Jacques Girardot et Fabrice Méreste - Cycnos, Volume 22 n°1
- Steampunk : un nouveau genre pour la littérature de l’imaginaire ? / Marie Truchot · Monde du livre, université Aix-Marseille - 26 juin 2014
- Steampunk : une uchronie à toute vapeur (Phénix, 2003) WARFA, Dominique. In : Une brève histoire de la science-fiction belge francophone et autres essais : Recueil d’articles [en ligne]. Liège : Presses universitaires de Liège, 2018
- Hier sera demain : Steam- et Diesel-punk à Bruxelles / Van der Hoeven Roland, Cahiers Bruxellois – Brusselse Cahiers, 2017/1 (XLIX), p. 437-456.
Bonne journée.
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