Phagophobie

Bonjour,

Nous vous rappelons tout d'abord qu'en tant que bibliothécaires nous n'avons aucune compétence médicale, et que rien de ce que nous pourrons vous répondre n'a valeur d'expertise, et encore moins de diagnostic. Seul un médecin, un psychiatre ou un psychologue sera à même de vous renseigner avec fiabilité à ce sujet.

Nous avons trouvé fort peu de sources en français sur la phagophobie. Le terme est notamment absent de la Base de données en santé publique. Les auteurs de l'ouvrage Trouble alimentaire post-traumatique du nourrisson au pré-adolescent - Manuel diagnostique et thérapeutique en font toutefois état, et la classent parmi les troubles alimentaires post-traumatiques :

Le refus alimentaire survient après traumatismes de l’oropharynx ou de l’œsophage. Il peut être soit ponctuel et familial (fausse route, forçage alimentaire), soit dans un contexte médical (pose de sonde d’intubation ou d’aspiration, mise en place d’une assistance nutritionnelle entérale...). Lors du traumatisme, l’enfant a manifesté une grande détresse. Le refus alimentaire peut être total sur tous les aliments ou sélectif (refus du solide, mais pas du mixé ou du liquide ; refus du biberon et pas de la cuillère). Comme dans les syndromes de stress post-traumatique après stress extrême, l’enfant éprouve une forte anxiété anticipatoire qu’il manifeste dans les situations précédant le repas : à la vue du biberon ou du bavoir, à l’écoute des bruits de vaisselle pour la préparation du repas.
L’enfant manifeste une grande détresse quand on essaie de le nourrir. Il ferme la bouche et, s’il y a forçage, il recrache, vomit ou accumule la nourriture dans un coin de sa bouche et recrache plus tard, mais n’avale pas. Certains auteurs ont nommé ce trouble phagophobie.
Le statut nutritionnel de l’enfant est variable ; l’enfant peut être en grave déshydratation et en état de dénutrition si le refus est global.

(Livre consultable sur livre21.com)

Selon le site feeleat.fr, la phagophobie est souvent confondue avec l'anorexie mentale, et à ce titre, mal dépistée. Pourtant, contrairement à celle-ci, elle n'émane pas d'une peur de grossir, mais généralement d'un mauvais souvenir de fausse route :

La phagophobie [...] se manifeste par la peur envahissante et irrationnelle d’avaler et d’étouffer. Cette peur se focalise aussi bien sur la nourriture que sur les médicaments ou même sur l’eau.

Les personnes atteintes craignent plus que tout les souffrances que pourraient provoquer l’étouffement, mais aussi ce qui s’en suivrait, c’est à dire la mort.

[...] Au quotidien, ces personnes malades vont éviter de manger certains aliments, notamment ceux qui sont solides. Elles vont alors se contenter de n’avaler que de la nourriture molle, voire liquide. Dans les cas les moins sévères, la personne mangera des aliments solides mais passera un temps considérable à mâcher afin de faire de minuscules morceaux avant d’avaler.

Elles ont également peur d’être ridicule aux yeux des autres, et vont petit à petit s’isoler pour éviter toute situation présentant le moindre risque. La honte, le ridicule, la culpabilité et l’isolement peuvent alors « se mélanger », et hanter la personne phagophobe.

Coincé dans ce cercle vicieux, le malade pourra souffrir de divers troubles associés tels que perte de poids, vertiges, nausées, tachycardie, agoraphobie... La phobie étant par essence un trouble engendré par le psychisme, c'est un suivi psychologique qui sera le plus adapté, selon le même site, qui recommande les Thérapies comportementales et cognitives (TCC).

Nous ne saurions vous en dire plus de peur de vous induire en erreur. Si un trouble alimentaire vous touche, vous ou un de vos proches, le plus indiqué reste de consulter votre médecin, qui saura s'il y a lieu de vous orienter vers une unité spécialisée. Sachez par exemple que le CHU de Lyon possède un Centre référent pour l’anorexie et les troubles du comportement alimentaire de Lyon (CREATyon) dont l'approche est pluridisciplinaire, du fait de "la diversité mais aussi la complexité des situations cliniques rencontrées". Son équipe comporte ainsi des psychiatres, des médecins nutritionnistes, des pédiatres, un diététicien, des psychologues, des infirmiers et un psychomotricien.

Voici pour finir quelques ouvrages qui pourraient vous permettre d'y voir plus clair :

- ACT, applications thérapeutiques [Livre] : anxiété, phobie, TCA, image de soi, dépression, burn-out, TOC, thérapies de couple, troubles sexuels, fibromyalgie / sous la direction de Jean-Christophe ...

- Les troubles du comportement alimentaire [Livre] / Rébecca Shankland

- Approches familiales des troubles du comportement alimentaire de l'enfant et de l'adolescent [Livre] / Solange Cook-Darzens ; préface de Robert Pauzé

- Les troubles des conduites alimentaires [Livre] : anorexie, boulimie, obésité / Jean-Louis Pedinielli, Anne Ferran, Marie-Ange Grimaldi... [et al.]

- Le corps insoumis [Livre] : psychopathologie des troubles des conduites alimentaires / Maurice Corcos

Bonne journée.