Question d'origine :
Bonjour pourriez vous me dire qui utilisait le mot gone ? Quelle classe sociale ? Ce mot était il pejoratif ? Merci Cecile
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 30/03/2021 à 12h45
Bonjour,
Les spécialistes du langage lyonnais ont publié de nombreux ouvrages à partir du XIXe siècle, notamment l’architecte Clair Tisseur, qui écrit sous le pseudonyme Nizier du Puitspelu ces deux ouvrages :
- en 1890, le Dictionnaire étymologique du patois lyonnais
- en 1894, Le Littré de la Grand'Côte / Nizier du Puitspelu, 1980
Avec d’autres auteurs qui écriront des publications folklorisantes et comiques qui utilisent les mots et expressions lyonnaises, ils contribueront à forger « l’esprit lyonnais » que continue à défendre encore aujourd’hui la Société des amis de Lyon et de Guignol fondée en 1912 dans le but de conserver le patrimoine lyonnais.
Aussi le mot lyonnais « gone » fait partie de ce répertoire lyonnais truculent.
Voici la définition proposée par l’historien lyonnais Félix Benoît dans son
Dico illustré des gones en 1993
« Mot tiré du grec gonos qui signifie « enfant ».
Un gone est donc indiscutablement un pur produit lyonnais, né natif et honnêtement élevé dans le culte de la langue lyonnaise. En aucun cas, comme on le constate trop souvent, ce mot ne doit s’encombrer d’un accent circonflexe sur le « o ».
C’est au temps de St Pothin, le premier évêque grec de Lyon, primat des Gones, martyrisé en l’an 177, que les gones prirent droit de cité à Lugdunum et s’implantèrent pour l’éternité.
Aux dernières nouvelles, des étymologistes insatiables se sont mis à contester l’origine du mot gone. Arrêtez le massacre je vous prie !
N. du Puitspelu nous rappelle dans son dictionnaire étymologique que « Lyon avait une colonie grecque si considérable que l’on y prêchait en grec et qu’il y avait des écoles grecques. L’extraordinaire est que cette colonie n’ait pas semé dans le peuple un nombre considérable de mots. » En l’occurrence « gone » et « arton ».
Apparemment, il semble que ce terme « gone » soit péjoratif dès lors qu’il est employé pour un adulte tel que dans cette phrase : « As-tu vu ce gone comme il avait mauvaise cale ! »
Sinon dit pour un enfant, un gosse, il a plutôt une connotation affective et populaire. Toutefois, on ne le rencontre dans aucun texte lyonnais ancien, sauf à figurer sous la forme de « gonet » dans un texte dauphinois datant du premier tiers du XVIIIe. On peut toutefois penser qu’il était davantage employé dans les classes populaires comme chez les canuts (ouvriers des manufactures de soie) au XIXe siècle qui s’exprimaient alors dans un français populaire très marqué régionalement.
Ce mot parmi d’autres émaille également la littérature née autour du théâtre de Guignol.
Enfin, nous noterons que dans le domaine du langage affectif la créativité verbale ne manque pas puisque pour désigner un jeune enfant le Lyonnais n’a que l’embarras du choix : belin, boson, braise, coque, gone, cacou, gratton. Quant à la jeune fille, on la désignera par : canante, chenuse, colombe ou encore fenotte.
Autres sources utilisées :
- Le parler lyonnais / lexique établi par Anne-Marie Vurpas ; introd. de Jean-Baptiste Martin, 1993
- Le parler des gones, des origines à aujourd'hui / Jean-Baptiste Martin, Anne-Marie Vurpas, 2019
- Pourquoi s'intéresser au parler lyonnais ? in Bulletin - Société des amis de Lyon et de Guignol ; n°228, févr. 2003, p. 19-22 ; n° 229, juin 2003, p. 14-16
- Glossaire des gones de Lyon / Ad. Vachet, 1983
- L'alphabet de Lyon / Bruno Benoît, 2016
Autres questions du Guichet du Savoir autour de ce terme :
- Gone ou Gône?
- En bon canut...
- Gone et traboules
- vocabulaire lyonnais : féminin de gone
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