Pourquoi appelle-t-on les grains de beauté de la sorte ?
LANGUES ET LITTÉRATURES
+ DE 2 ANS
Le 06/08/2021 à 09h02
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Question d'origine :
Tout est dans le titre. Merci pour votre aide !
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 09/08/2021 à 12h53
Bonjour,
Nous n’avons pas trouvé de source apportant une réponse explicite à votre question. Néanmoins l’appellation « grain de beauté » peut s’expliquer par l’aspect des naevi qu’elle désigne (des « grains » de peau bruns ou noirs), et le fait qu’on les considère comme un critère de beauté, ce qui, en occident, arrive un peu tardivement :
« Même si on les appelle grains de beauté, ils n'ont pas toujours été admirés. Au fil des époques, les grains de beauté ont été méprisés, adulés, critiqués ou valorisés…
Au Moyen-Âge avoir des grains de beauté était très mal perçu. L'Eglise les considérait même comme des signes physiques indiquant l'endroit précis où le diable entre dans le corps. On comprend alors pourquoi les gens cherchaient par tous les moyens à s'en débarrasser.
Pendant la Renaissance, des idées plus ou moins délirantes ont fleuri sur la signification des grains de beauté. Un charlatan invente une théorie sur la divination par les grains de beauté et sur les moyens de cerner la personnalité et les intentions d'un individu suivant leur forme, leur couleur et leur localisation.
Au XVIIIe siècle le grain de beauté devient aussi populaire que le fard et les perruques. Les précieuses que la nature n'a pas dotées de ces atouts vont orner leur visage et leur décolleté de mouches, ces petites rondelles de taffetas ou de velours noir. Utilisées pour rehausser la blancheur et l'éclat du teint, la mouche devient l'instrument de séduction par excellence avec toute une symbolique particulière. La localisation de la mouche permet de donner des précisions sur l'humeur du jour ou le tempérament de la personne à un moment donné. Si la mouche orne le menton, alors la personne est discrète. Si elle ponctue le bord de la lèvre supérieure, elle se sent gourmande. Posée au coin de l'œil, la personne est d'humeur assassine. Si la mouche borde la commissure de la lèvre inférieure, alors elle est coquette.
Si au XIXe siècle le grain de beauté est toujours critiqué et mal-aimé, l'apparition des pratiques chirurgicales offre bientôt la possibilité de le faire disparaître. Ce n'est que dans les années 50 que le grain de beauté perd toute connotation négative grâce à Marilyn Monroe, dont le célèbre grain de beauté devient synonyme de sensualité et de glamour.
Dans les années 90, Cindy Crawford devient un sex-symbol grâce à son grain de beauté au coin de la bouche. Il sera imité dans les années 2000 par le piercing, un accessoire que certaines femmes jugent indispensable, à l'instar de célébrités telles qu'Amy Winehouse. »
Source : allodocteurs.fr
Il semble qu’au XVIIIe siècle, l’expression « grain de beauté » ne désignait pas encore nos grains de beauté actuels, mais les fossettes gélasines (c'est-à-dire, les fossettes qui apparaissent quand on rit) :
« grain de beauté : petit trou gélasin qui paraît au menton, aux joues lorsqu’on rit »
Source : Abrege du dictionnaire universel francois et latin, vulgairement appelle dictionnaire de Trevoux (1762)
Voir aussi : Dictionnaire universel françois et latin (1752)
Quant aux taches brunes ou noires que nous appelons actuellement « grains de beautés », elles étaient auparavant désignées sous d’autres noms : Seing, sin, signe… Nous vous renvoyons à ce propos à une réponse d’Eurêkoi sur l’appellation du grain de beauté en ancien français, puis dans la langue du XVIIIe siècle.
Nous trouvons également le nom « lentille » dans un ouvrage du médecin François Boissier de Sauvages de Lacroix : Oeuvres Diverses, 1771.
Celui-ci distingue les envies (naevus maternus), c'est-à-dire les taches de naissance, des « lentilles » par leur taille plus grande : « ce sont des taches qui paraissent représenter, les unes des raisins, les autres un morceau de peau de bête. Elles diffèrent des lentilles par leur grandeur. »
Le terme « lentille » désignait en fait les taches de rousseur, toujours d'après la même source.
Nos recherches ne nous ont pas permis de déterminer comment s’est opéré le glissement de sens de l’expression « grain de beauté » entre les fossettes et le naevus mélanocytaire, vraisemblablement vers la fin du XVIIIe siècle, car dès le tout début du XIXe le « grain de beauté » semble avoir acquis son sens actuel.
Bonne journée.
Nous n’avons pas trouvé de source apportant une réponse explicite à votre question. Néanmoins l’appellation « grain de beauté » peut s’expliquer par l’aspect des naevi qu’elle désigne (des « grains » de peau bruns ou noirs), et le fait qu’on les considère comme un critère de beauté, ce qui, en occident, arrive un peu tardivement :
« Même si on les appelle grains de beauté, ils n'ont pas toujours été admirés. Au fil des époques, les grains de beauté ont été méprisés, adulés, critiqués ou valorisés…
Au Moyen-Âge avoir des grains de beauté était très mal perçu. L'Eglise les considérait même comme des signes physiques indiquant l'endroit précis où le diable entre dans le corps. On comprend alors pourquoi les gens cherchaient par tous les moyens à s'en débarrasser.
Pendant la Renaissance, des idées plus ou moins délirantes ont fleuri sur la signification des grains de beauté. Un charlatan invente une théorie sur la divination par les grains de beauté et sur les moyens de cerner la personnalité et les intentions d'un individu suivant leur forme, leur couleur et leur localisation.
Au XVIIIe siècle le grain de beauté devient aussi populaire que le fard et les perruques. Les précieuses que la nature n'a pas dotées de ces atouts vont orner leur visage et leur décolleté de mouches, ces petites rondelles de taffetas ou de velours noir. Utilisées pour rehausser la blancheur et l'éclat du teint, la mouche devient l'instrument de séduction par excellence avec toute une symbolique particulière. La localisation de la mouche permet de donner des précisions sur l'humeur du jour ou le tempérament de la personne à un moment donné. Si la mouche orne le menton, alors la personne est discrète. Si elle ponctue le bord de la lèvre supérieure, elle se sent gourmande. Posée au coin de l'œil, la personne est d'humeur assassine. Si la mouche borde la commissure de la lèvre inférieure, alors elle est coquette.
Si au XIXe siècle le grain de beauté est toujours critiqué et mal-aimé, l'apparition des pratiques chirurgicales offre bientôt la possibilité de le faire disparaître. Ce n'est que dans les années 50 que le grain de beauté perd toute connotation négative grâce à Marilyn Monroe, dont le célèbre grain de beauté devient synonyme de sensualité et de glamour.
Dans les années 90, Cindy Crawford devient un sex-symbol grâce à son grain de beauté au coin de la bouche. Il sera imité dans les années 2000 par le piercing, un accessoire que certaines femmes jugent indispensable, à l'instar de célébrités telles qu'Amy Winehouse. »
Source : allodocteurs.fr
Il semble qu’au XVIIIe siècle, l’expression « grain de beauté » ne désignait pas encore nos grains de beauté actuels, mais les fossettes gélasines (c'est-à-dire, les fossettes qui apparaissent quand on rit) :
« grain de beauté : petit trou gélasin qui paraît au menton, aux joues lorsqu’on rit »
Source : Abrege du dictionnaire universel francois et latin, vulgairement appelle dictionnaire de Trevoux (1762)
Voir aussi : Dictionnaire universel françois et latin (1752)
Quant aux taches brunes ou noires que nous appelons actuellement « grains de beautés », elles étaient auparavant désignées sous d’autres noms : Seing, sin, signe… Nous vous renvoyons à ce propos à une réponse d’Eurêkoi sur l’appellation du grain de beauté en ancien français, puis dans la langue du XVIIIe siècle.
Nous trouvons également le nom « lentille » dans un ouvrage du médecin François Boissier de Sauvages de Lacroix : Oeuvres Diverses, 1771.
Celui-ci distingue les envies (naevus maternus), c'est-à-dire les taches de naissance, des « lentilles » par leur taille plus grande : « ce sont des taches qui paraissent représenter, les unes des raisins, les autres un morceau de peau de bête. Elles diffèrent des lentilles par leur grandeur. »
Le terme « lentille » désignait en fait les taches de rousseur, toujours d'après la même source.
Nos recherches ne nous ont pas permis de déterminer comment s’est opéré le glissement de sens de l’expression « grain de beauté » entre les fossettes et le naevus mélanocytaire, vraisemblablement vers la fin du XVIIIe siècle, car dès le tout début du XIXe le « grain de beauté » semble avoir acquis son sens actuel.
Bonne journée.
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