Saône et Rhône fleuves frontières de Lyon
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 13/08/2020 à 08h58
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Question d'origine :
Bonjour à vous,
Saône et Rhône fleuves frontières de Lyon.
Avant 1312, Lyon est fondamentalement divisée en deux, séparée par la Saône, qui forme pendant longtemps une frontière entre le royaume de France et l'Empire (Saint Empire romain germanique en 1032).
Même les actes officiels ont l'habitude de nommer la rive droite de la Saône « le Royaume » et la rive gauche « l'Empire ».
⚊Première question : pouvez-vous me confirmer que l’ensemble de la presqu’île, (y compris Bellecour), faisait alors bien partie intégrante du Saint Empire romain germanique.
Comment se fait-il qu’après 1032 la frontière se retrouve sur la rive gauche du Rhône ?
Cela a-t-il un lien avec la "Permutatio" de 1173 entre l’archevêque Guichard et le comte Guy II qui cédait à l’archevêque toute la partie orientale de son comté et, en particulier, tous ses droits sur la ville de Lyon.
Pourtant en consultant leurs possessions il n’est question nulle part de la presqu’île ?
⚊ Concernant la presqu’île pouvez-vous m’en dire un peu plus sur son ‘’appartenance’’ et son rattachement à la ville de Lyon…
Merci, nafnaf.
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 17/08/2020 à 14h26
Bonjour,
En résumé, votre question est : la Saône a-t-elle été une frontière politique à l’intérieur de la ville de Lyon ?
Concrètement, la frontière politique de Lyon a varié dans le temps.
L’article « Frontières et limites autour de Lyon depuis le Moyen-âge » de Daniel Furia (revue Rive Gauche N°166 de 2003) donne quelques éléments.
On apprend que suite au traité de Verdun de 843, le Lyonnais fait partie de la Lotharingie.
« Au XIe siècle la même frontière [la Saône] sépare la « Francie occidentale » et le « Saint Empire romain germanique » En 1157 l’empereur Frédéric Barberousse dans la fameuse « Bulle d’or » concède ses droits souverains sur la rive droite à l’archevêque, comte du Lyonnais : la frontière s’établit alors le long de la Saône puis du Rhône en aval de Lyon. En 1312 le Lyonnais est rattaché au Royaume de France et cet axe Saône-Rhône devient la frontière entre le Royaume de France (« Riaume ») et l’Empire (« Empi »). Le rattachement progressif au Royaume de France des pays de la rive gauche de la Saône et du Rhône (Dauphiné en 1349, Bresse en 1601, Dombes en 1762) fait perdre à cette frontière toute signification politique. »
En fin de compte cet article n’est pas assez précis pour vous répondre. On comprend bien que la Saône est une frontière mais, celle-ci coupe-t-elle la ville de Lyon en deux parties ?
C’est sur le temps long que l’histoire de la frontière du Royaume de France et du Saint Empire à Lyon doit être étudiée. Un ouvrage permet de s'en faire une idée :
Voici la partie "Confins" de l’introduction que nous avons recopiée ci-dessous :
"Durant ces huit siècles, les appartenances de la ville de Lyon et du Lyonnais ont été plurielles, successives et superposées. Au plan politique, ces appartenances se sont définies d’abord par des formes de fidélité au prince, ensuite seulement par un territoire précisément délimité. Mais ces frontières mêmes, comme le cas de Lyon le démontre, ont été mouvantes. Par ces mouvements qui se produisent à des rythmes irréguliers, les appartenances sont mises au défi de s’adapter. Plusieurs acteurs (rois, seigneurs, évêques) ont contribué à définir les appartenances de la ville et à déterminer des frontières qui n’ont pas toujours été en concordance. Progressivement fixées par les pouvoirs politiques, les frontières de la ville et de son territoire se sont peu à peu matérialisées et pérennisées. L’historien peut se demander dans quelle mesure elles ont été acceptées, respectées ou détournées par les contemporains.
Le partage de 843 a d’emblée fait de Lyon, pour des siècles, une ville de confins, mais non pour autant une ville-frontière. Les partages carolingiens, encore d’actualité en 1032 lorsque la ville est entrée dans l’Empire germanique, ont en effet suivi la géographie des diocèses. Centré sur la cité, le diocèse de Lyon englobait à l’ouest le Roannais, le Forez et le Jarez et à l’est la Bresse, la Dombes et une partie du Bas-Dauphiné.
L’
Pour justifier l’annexion de Lyon au Royaume, la propagande capétienne a mobilisé un autre argument qu’elle a retourné contre les pouvoirs locaux avec une redoutable efficacité. On n’avait pas oublié en effet, à la cour du roi, que Lugdunum avait été caput Galliarum dans l’Antiquité et que, pour cette raison, le pape Grégoire VII lui avait décerné le titre honorifique de premier siège des Gaules, prima sedes Galliarum... Le souvenir de la Gaule associé à la primatie de l’Église de Lyon fournissait à l’extension du royaume un argument d’autant plus efficace qu’il repose sur un imaginaire puissant et réanimé à plusieurs reprises.
Tout en tirant profit du cadre mouvant et parfois conflictuel des relations entre la ville et le roi depuis les événements de 1312, les pouvoirs locaux ne sont toutefois jamais parvenus à s’autonomiser durablement. Lyon est restée, en dépit des velléités locales d’indépendance, à la « lisière du Royaume »."
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