Question d'origine :
Bonjour,
Comme l’indique le Bulletin de Lyon du 31 mai 1809, le sieur Arban, artificier de la ville de Lyon, habitait à la Verrerie d’Ainay.
https://books.google.fr/books?id=xNffX7 ... ai&f=false
J’aimerais localiser cette verrerie et éventuellement en savoir un peu plus pour son existence mais je n’ai pas réussi à trouver quelque information que ce soit, hormis deux trois mentions de ci de là :
https://books.google.fr/books?id=1fe6Aj ... ay&f=false
ou encore : « Bayle, négociant à Lyon et Besançon, exploitait en 1808, une vitriolerie à l'ancienne verrerie d'Ainay » dans Métiers jacquard et hauts fourneaux aux origines de l'industrie lyonnaise, Volume 1 de Pierre Cayez aux Presses universitaires de Lyon, 1978
Merci d’avance et excellente année !
Praline
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 07/01/2021 à 14h41
La Description physique et politique du Département du Rhône par le citoyen Verninac, préfet de ce département, édité en 1801 et consultable sur Google books signale l’existence de deux verreries dans le secteur, les verreries d’Ainay et de Perrache, sans en fournir l’emplacement. Lors d’une précédente recherche, nous n’avions pas pu les localiser ni établir leur période d’activité, les almanachs et annuaires de cette période étant peu nombreux et ne répertoriant pas les activités industrielles présentes dans la ville.
Avec de la persévérance, nous avons cette fois retrouvé plusieurs documents numérisés qui permettent d’en préciser l’emplacement. En revanche nous ne connaissons pas exactement la période d’activité de la verrerie d'Ainay, les références du début du 19e siècle parlent toutes de la verrerie d’Ainay au passé comme vous le verrez ci-dessous.
Elle était située côté Saône sur la presqu’île Perrache, à proximité du « pont de la garre » (Celui-ci faisait la jonction entre le nouveau quartier Perrache et la Presqu’île Perrache, séparés fin 18e par un canal et une gare à bateaux qui seront comblés quelques années après. A ne pas confondre avec le pont de la gare situé à Vaise !). Les bâtiments se situaient à l’extérieur des limites de l’octroi de la Ville jusqu’en 1806, année où cette limite a été déplacée au pont de la Mulatière en raison des trafics générés par l’implantation d’entrepôts de vins et spiritueux sur le site de l’ancienne verrerie :
Voir les Procès-verbaux des séances du conseil municipal de Lyon 1806-1810, dont un aperçu est consultable sur Google books :
p. 115 : « il s’est formé, dans l’enceinte où était autrefois la verrerie de MM. Gubian et Rognon joignant le pont de la gare, un vaste entrepôt pour les vins et eaux-de-vie. Si la gare que l’on a tenté d’établir eut pu subsister, le canal qui y conduit eut naturellement formé une barrière qu’il eut été difficile de franchir ; mais la gare et son canal se comblent de jour en jour davantage ; il n’existe plus aucune ligne de démarcation entre la partie de la ville assujettie à la perception de l’octroi et celle qui ne l’est pas. (…) prendre les mesures qui puissent prévenir les fraudes et contrebandes, auxquelles donnent lieu journellement la proximité des entrepôts qui se sont établis à la verrerie d’Ainay et sur les terrains adjacents. »
Voir aussi l’arrêté de la Préfecture du département du Rhône pris dans ce sens dans le Bulletin de Lyon du 6 septembre 1806, consultable sur Google books :
« Considérant que le vaste entrepôt pour les vins, eaux-de-vie, esprits et liqueurs, établi dans les bâtiments dits de la Verrerie, élevés près du pont de la Garre, sur le bord de la Saône, se trouve hors de la ligne soumise à la perception de l’octroi ; que la proximité de cet entrepôt, qui n’est séparé de la ville que par le canal de la Garre que les voitures peuvent traverser sans aucun obstacle pendant toute l’année (…) »
On retrouve trace de l’ancienne verrerie dans une annonce parue dans les Petites affiches de Lyon du 22 juin 1808, qui nous confirme que le lieu désigné comme la verrerie d’Ainay comprenait des logements :
« Très vaste emplacement, divers magasins bien fermés, et plusieurs appartements ; dans le quartier d’Ainai, sur le bord de la Saône, où étaient autrefois la verrerie et les entrepôts de vins. Ensemble, ou séparément. S’adresser à M. Janin, rue Tupin, n°21. »
Une annonce parue dans le même journal le 27 mai 1809 mentionne l’autre verrerie qui fut active non loin de là, la verrerie de Perrache : « Propriété située sur l’île Perrache, près le pont de la Mulatière, composée d’une vaste maison, cour, écuries, hangars ayant servis à une verrerie, et propres à un établissement d’usines ; autres hangars, fours, et ustensiles de tuilerie, avec jardin et terres : le tout de la contenue d’environ 70 ares. On donnera des facilités pour le payement : s’adresser à /. Dumontet, avoué, rue St-Jean.»
Dans les Affiches, annonces et avis divers de la Ville de Lyon du 28 décembre 1811 (p. 7-9) on trouve un contrat de vente passé le 10 juillet 1811 concernant les bâtiments de l'ancienne verrerie d'Ainay, avec une description précise de leur emplacement. On y apprend également qu’une partie des bâtiments doit être détruite :
« Etienne Janin, propriétaire, logé chez M. Honoré Gubian, négociant, a vendu à M. le préfet du département du rhône le batiment connu sous la dénomination de l’ancienne verrerie d’Ainai, situé sur la rive gauche de la Saône à la suite du quai d’occident, et à l’angle formé par la rivière et l’ancien canal de la Garre, les susdits bâtiment et terrains en dépendant, confinés au nord-est par le chemin tendant de la Saône au Pont de la Garre, au sud et à l’ouest, par les terrains de M. Mazeirat, et au nord-ouest, par la Saône, un chemin de halage entre deux (...) Le sieur Guichard, maçon, chargé par convention du 17 juin dernier de démolir la partie des bâtiments de l’ancienne verrerie d’Ainai qui se trouve en dehors du couronnement de la digue à construire du côté de la Saône »
L’usage en tant que vitriolerie de l’ancienne verrerie d’Ainay mentionnée par Pierre Cayez dans Métiers jacquard et hauts fourneaux et que vous citez : « Bayle, négociant à Lyon et Besançon, exploitait en 1808, une vitriolerie à l’ancienne verrerie d’Ainay. Ayant failli le 27 novembre 1810, un de ses clients, Gonin, devint gérant de l’établissement qui fut racheté par le le sieur Tamen allié de Bayle » prête quelque peu à confusion car la verrerie de Perrache située vers le pont de la Mulatière a également fait l’objet de cette transformation. Michel Lafeffère, dans Lyon ville industrielle, s’intéresse à l’acquisition de cette dernière par Claude Perret pour y transférer sa fabrique de soude et y produire l’acide sulfurique (vitriol) nécessaire, voir p. 476-477.
Plusieurs plans numérisés sont consultables sur le site des Archives municipales de Lyon et vous permettront de visualiser le secteur à la fin du 18e et au début du 19e siècle (si les liens ne fonctionnent pas, faire une recherche par cote). Vous pouvez notamment consulter :
Plan géométral de la partie méridionale de la Ville de Lyon levé en 1791, cote 1S025
Une verrerie est représentée au sud de la presqu’île de Perrache. On suppose que la verrerie d’Ainay correspond quand à elle à un des bâtiments visibles à l’extrémité Nord-ouest de la Presqu’île, côté Saône.
Plan de la partie méridionale de la ville de Lyon, 1807, cote 3S0119
Nouveau plan de la ville de Lyon avec les changements survenus et les projets d'agrandissement, 1809, cote 2S0209
Plan de la presqu'île de Perrache, entre le cours du Midi et le confluent, 1819, cote 1S159
Nouveau plan topographique et pittoresque de la ville de Lyon, 1844, cote 3S0125
Lire en complément sur le site de l’inventaire du patrimoine : Secteur urbain concerté dit Entreprise Perrache
Pour aller plus loin dans votre recherche, nous vous conseillons d'explorer les fonds d'archives départementales (établissements insalubres ou dangereux) et municipales.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter