Question d'origine :
Bonjour, j'aimerais bien comprendre comment fonctionne la zone, le flow sur un esprit humain. De ce que j'ai compris, seul une personne en harmonie parfaite avec un domaine peut éveiller ce stade de l'esprit presque "parfait". En psychologie, la définition que j'ai trouvé sur internet est la suivante: En psychologie positive, le flow – mot anglais qui se traduit par flux –, ou la zone, est un état mental atteint par une personne lorsqu'elle est complètement plongée dans une activité et qu'elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Si je vous contacte, c'est parce que j'aimerais savoir comment éveiller ce stade de l'esprit, comment s'active-t-elle et comment fonctionne le cerveau lorsque la zone est active. J'aimerais aussi savoir jusqu'où un humain pourrait aller (Je parle de limites, de capacités mentales et physiques) lorsque cette dernière est activée. Serait-il possible de l'activer hors domaine? Voilà, je vous remercie d'avance, et espère que cette question sera aussi intéressante pour vous que pour moi. Si vous trouvez des choses intéressantes à rajouter autour de la zone ou du cerveau lorsque celle-ci est active que je n'ai pas mentionné, je vous incite à le rajouter. Ma demande a pour but d'en apprendre le plus possible sur cette force mystérieuse.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Vous souhaitez comprendre comment fonctionne « la zone », ou ce que l’on appelle le « flow » en lien avec l'esprit humain.
Vous souhaiteriez savoir comment éveiller ce stade de l’esprit, comment cette zone du cerveau s’active. Vous souhaitez également en savoir davantage sur les capacités physiques, mentales d’une personne lorsqu’elle se retrouve dans cette situation.
Le flow, comme l’énonce l’article « Etre dans le flow : les secrets pour atteindre le « bonheur conscient », publié sur le site internet du magazine « Madame Figaro » est provoqué par « un état de concentration maximale, d’absorption totale dans une tâche à accomplir au point d’oublier le fait même d’exister ».
Cette sensation de concentration extrême, est rencontrée sans effort et sans aucune crispation, comme l’explique l’article «Vers un état de plénitude » paru dans le magazine « Cerveau et psycho » du mois de mai 2013.
C’est Mihaly Csikszentmihaly, un psychologue hongrois, qui est ensuite parti aux Etats-Unis, qui a beaucoup travaillé sur le sujet.
Lors d’une conférence filmée, il explique les effets ressentis par une personne « dans le flow » et définit 7 conditions pour qu'une personne éprouve ce sentiment :
- une concentration forte
- une sensation d’extase procurée par cette forte concentration
- un sentiment de clarté
- des réactions immédiates
- vous savez ce que vous devez faire est faisable, même si cela paraît difficile
- vous perdez la notion du temps
- vous avez le sentiment de faire partie de quelque chose de grand
Le terme de « flow » signifie « l’expérience optimale » en français.
Toujours selon l’article du magazine « Cerveau et Psycho », le sentiment de flow peut être ressenti dans des situations diverses : lors d’une conversation entre amis, lors d’un match de tennis où chaque coup nous paraît simple, lors d’une promenade, ou lors d’une situation de travail.
Dans la conférence vidéo évoquée précédemment, le psychologue hongrois a interrogé à la fois des moines, des religieuses, des alpinistes, des bergers qui avaient pour point commun d’aimer leur travail.
Dans la chronique santé de « radio Canada » du 12 avril 2021, intitulée « l’expérience du flow (ou flux) et ses bénéfices », le professeur Baudouin, ergothérapeute et professionnel de recherche, nous explique que le flow est ressenti lors d’une activité qui nous procure du plaisir, et lors de laquelle on ne voit pas le temps passer. Il indique le fait que cette sensation agréable est notamment ressentie par une personne lorsqu’elle fait de la musique ou du sport.
Il spécifie également que cet état est « subjectif à chaque individu ». Selon lui, cet état peut être ressenti lorsque l’on relève un défi « équilibré » (atteignable), avec un objectif à atteindre qui est clair.
Si le challenge à relever s’avère trop difficile, la personne utilisera trop d’énergie pour atteindre son objectif, et ne connaîtra donc pas la sensation de flow.
De même, si cette tâche s’avère trop simple, le niveau de concentration à atteindre pour réaliser ce travail s’avère trop faible pour atteindre cette sensation gratifiante.
Une étude réalisée auprès d’étudiants, auxquels on demandait de réaliser des travaux en deçà de leur niveau de capacité optimal a démontré que ces individus se sont sentis désorganisés, voire inutiles d’après le reportage radio.
En résumé, le défi proposé doit demander des efforts de concentration importants mais pas insurmontables pour ressentir cette sensation de plénitude.
Le professeur Baudouin cite par exemple le fait qu’escalader un sommet important en escalade peut être un défi intéressant, susceptible de procurer un sentiment de flow au sportif ou à la sportive qui relève ce défi.
Il est important, également, pour connaître cette situation, de bénéficier au départ d’un sentiment de sécurité, car le bruit est un élément parasite qui peut empêcher la personne de connaître cet état intéressant, toujours selon le professeur Baudouin.
Enfin, le fait de réaliser cette activité avec envie est un élément déterminant, car nous aurons plus de facilités à nous concentrer pour accomplir une tache plaisante que pour effectuer une tâche qui nous rebute.
Lors d’une période de « flow », la personne qui le ressent se sent relaxée, car toutes les pensées liées au stress sont inhibées.
Le flow entraîne un sentiment de bonheur et de fierté sur le long terme.
Csikszentmihaly, Voelkl et Ellis ont étudié les caractéristiques du flow et les conditions d’apparition de celui-ci selon l’article « Le concept de « flow » ou « état psychologique optimal » : état de la question appliquée au sport » publié dans la revue STAPS n°79 en 2008.
Pour eux, la clarté des buts à atteindre, et un retour d’expérience clair sont plus importants que le défi à relever.
Pour Jackson, la notion de flow est essentielle en sport car « elle permet de comprendre les expériences positives vécues par les athlètes ». La compréhension de ce phénomène est donc très intéressante, afin d’amener les athlètes à s’approcher le plus possible du flow de façon volontaire et à des moments précis » selon cet article.
En sport, ce sentiment a été décrit dans trois situations principales :
- l’athlète ressent que ces qualités sont égales au défi fixé, et en même tant assez élevées pour être motivantes.
Cela peut être le cas lors d’une compétition, lorsque les adversaires sont perçues comme de niveau égal ou légèrement supérieur. Cela peut être ressenti quel que soit le niveau de compétition, au niveau amateur ou professionnel.
-L’athlète est totalement concentré sur la réalisation de sa performance.
- Le flow est ressenti lorsque les mouvements sont effectués de manière automatique, et à un niveau de performance exceptionnel pour l’athlète, lorsque celui si atteint son « pic de performance ».
Cet état apparaît de façon brève, juste avant et pendant l’action.
Le flow semble donc être un état psychologique « optimal » que les sportifs recherchent et qu’ils atteignent de façon brève et irrégulière, qui génère des émotions positives et un niveau de performances élevé.
Pour arriver aux conclusions précédentes sur les conditions favorables au sentiment d’être dans la zone en sport, les différents chercheurs ont utilisé différentes méthodes pour accéder à leurs conclusions :
- des entretiens qualitatifs
- des questionnaires
- la méthode d’échantillonnage des expériences
Ces méthodes et résultats sont donc basés sur les ressentis rapportés par les sportifs.
Il existe différents questionnaires pour mesurer le flow, détaillés dans l’article de la revue STAPS.
Des chercheurs ont également utilisé
Il existe également un questionnaire d’évaluation du flow, le F.F.S., mis au point par Jackson et Marsh en 1996.
En 2002, Jackson et Eklund ont mis au point le FFS-2.
En France, il existe aussi une version du FSS-2.
Un questionnaire, le DFS (Dispositional Flow Scale) permet de mesurer le niveau avec lequel les athlètes percoivent le phénomène de flow quand ils pratiquent leur activité sportive.
Jackson et Eklund ont également créé le DFS-2.
D’autres chercheurs ont tenté d’avoir accès à des données plus scientifiques sur la Côte d’Azur.
En 2016, à Nice, ils ont demandé à des volontaires de marcher sur des sangles élastiques, proches du sol (slackline), puis à plus de 25 mètres de haut (highline). Ceux-ci connaissaient bien la première discipline, mais pas la deuxième. La notion de danger était importante pour l’étude comme l’explique Rémi Radel, chercheur participant à l’étude dans l’article « Les neurosciences sur le fil » paru sur le site internet « sciencesetavenir.fr ».
Avec ses confrères, il souhaitait connaître la « connectivité fonctionnelle dans le cerveau ainsi que les régions sensorielles et motrices activées ». Chaque participant était muni d’un casque à électrodes relié à un électro-encéphalogramme, rangé dans un sac à dos, afin de pouvoir transmettre les données à un ordinateur.
Malgré une meilleure concentration en highline, les participants ont obtenu de moins bons résultats à 25 mètres du sol qu’au ras du sol, ceci en raison du stress et de la sensation de vertige.
Cependant, nous n’avons pas eu accès aux résultats définitifs de l’étude.
En conclusion, nous pouvons affirmer, au vue des différents éléments que nous venons d’énoncer que le sentiment de flow peut être rencontré dans de nombreuses situations, notamment en sport, mais que les recherches sur le sujet méritent d’être continuées.
Cordialement.
L’équipe de la Médiathèque du Bachut Santé.
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