Question d'origine :
Cher Guichet,
j'ai remarqué, dans les livres imprimés il y a plusieurs années (milieu du XXème siècle par exemple), que les lettres t étaient reliées à la consonne précédente par un petit trait (par exemple dans les mots spectacle ou reste). Comment s'expliquent ces petits liens?
Merci de votre réponse!
Réponse du Guichet

Les liens entre les lettres que vous avez remarqués dans des livres du milieu du XXe siècle, comme ceux qui existent entre le « st » ou le « ct », sont appelés des ligatures. Les ligatures proviennent de l’écriture manuscrite continue ou les lettres sont liées ou attachées. L’écriture imprimée en ses débuts a voulu reprendre cette habitude. Ainsi Gutenberg utilisa à dans ses premières impressions un jeu de plus de 290 caractères pour imiter l’écriture des scribes.
Certaines de ces ligatures ont disparu, d’autres sont restées pour diverses raisons. Parmi celles-ci, on peut citer les ligatures esthétiques ou traditionnelles. Les plus célèbres sont les « ct » et les « st » du Garamond bien connues des lecteurs des ouvrages de la collection de la Pléiade. Il faut les distinguer des ligatures techniques qui relèvent de problèmes mécaniques et dont l’origine est souvent liée au plomb : « Les lettres doubles fl, fi, ff , ffl, ffi, sont fondues ensemble parce que la bouclette supérieure en saillie de la lettre f rencontrant le point de la lettre i ou l’extrémité supérieure de la lettre l occasionnerait par pression latérale la rupture d’une de ces deux parties, peut-être des deux, et conséquemment, outre un aspect fâcheux, la perte de ces lettres mutilées » (E. Leclerc, Traité de typographie, 1947). Il existe d’autres ligatures comme les ligatures linguistiques tels les les « oe »où le o et lié au e.
La ligature « st » ou « ct » que vous évoquez n’avait donc pas de raison fonctionnelle. Elle a été utilisée par le célèbre graveur de caractères Garamond (ca 1500-1561), mais aussi un peu plus tard par le fondeur Grandjean pour des raisons purement esthétiques. Elle a été remise à la mode par les éditions Gallimard qui ont repris certains éléments des caractères Garamond pour la célèbre édition de la Pléiade. L’effet est surtout esthétique et n’améliore pas nécessairement la lisibilité.
Si le sujet vous intéresse, vous trouverez des détails complémentaires dans l’article de Jérôme Peignot intitulé Petit traité de la ligature paru dans Communication et langages n°73, 3e trimestre 1987 [BML 952219] et dans celui de Jacques André Vous avez dit ligature ? dans les cahiers Gutenberg n°22 –septembre 1995 accessible en ligne sur le site Cahiers Gutenberg
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