calomniez
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 15/11/2005 à 09h12
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Question d'origine :
la phrase "calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose" est attribuée à Francis Bacon (essai sur l'athéisme), mais aucun site ne donne la référence précise, ni le texte original??
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/11/2005 à 09h55
j'ai trouvé la phrase en anglais sur
The Project Gutenberg EBook of Studies in Literature, by John Morley:
'Calumniate boldly, for some of it will stick'
mais il n'y a pas d'indication de page ou de chapitre;
et la question est de savoir pourquoi cette phrase est beaucoup plus citée en français (avec la répétition censée traduire "boldly"); dans sa correspondance avec Engels, Marx se moque de quelqu'un qui croit que c'est de l'italien (sans doute à cause de la forme "calumniate")
The Project Gutenberg EBook of Studies in Literature, by John Morley:
'Calumniate boldly, for some of it will stick'
mais il n'y a pas d'indication de page ou de chapitre;
et la question est de savoir pourquoi cette phrase est beaucoup plus citée en français (avec la répétition censée traduire "boldly"); dans sa correspondance avec Engels, Marx se moque de quelqu'un qui croit que c'est de l'italien (sans doute à cause de la forme "calumniate")
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/11/2005 à 13h04
John Morley n'est pas fidèle au texte de Francis Bacon qu'il cite et qui est extrait de The advancement of learning, voici le texte exact :
Next to the well understanding and discerning of a man’s self, there followeth the well opening and revealing a man’s self; wherein we see nothing more usual than for the more able man to make the less show. For there is a great advantage in the well setting forth of a man’s virtues, fortunes, merits; and again, in the artificial covering of a man’s weaknesses, defects, disgraces; staying upon the one, sliding from the other; cherishing the one by circumstances, gracing the other by exposition, and the like. Wherein we see what Tacitus saith of Mutianus, who was the greatest politique of his time, Omnium quæ dixerat feceratque arte quadam ostentator, which requireth indeed some art, lest it turn tedious and arrogant; but yet so, as ostentation (though it be to the first degree of vanity) seemeth to me rather a vice in manners than in policy; for as it is said, Audacter calumniare, semper aliquid hæret; so, except it be in a ridiculous degree of deformity, Audacter te vendita, semper aluquid hæret. For it will stick with the more ignorant and inferior sort of men, though men of wisdom and rank do smile at it and despise it; and yet the authority won with many doth countervail the disdain of a few. But if it be carried with decency and government, as with a natural, pleasant, and ingenious fashion; or at times when it is mixed with some peril and unsafety (as in military persons); or at times when others are most envied; or with easy and careless passage to it and from it, without dwelling too long, or being too serious; or with an equal freedom of taxing a man’s self, as well as gracing himself; or by occasion of repelling or putting down others’ injury or insolency; it doth greatly add to reputation: and surely not a few solid natures, that want this ventosity and cannot sail in the height of the winds, are not without some prejudice and disadvantage by their moderation.
Imbert de Saint-Amand cite littéralement cette phrase dans La Cour de Louis XIV, (vers 1874) :
Écrire l'histoire avec les pamphlets, prendre pour des vérités toutes les inventions de la malveillance ou de la haine,
On ne retrouve pourtant pas cette phrase dans les principales oeuvres de Beaumarchais. Quelques tirades du Barbier de Séville sont consacrées néanmoins à la calomnie :
Bazile
La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande Ville, en s'y prenant bien ; et nous avons ici des gens d'une adresse ! ... D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?
(...)
Bazile
La calomnie, docteur, la calomnie! Il faut toujours en venir là
Il nous faut aussi rajouter cette phrase de Mirabeau, extraite de Le libertin de qualité (1783) :
(...)va, va, nous suivons à la lettre la maxime que
Et cette autre, extraite de Mensonges de Paul Bourget, 1887 :
Cette douloureuse question conduisait René à des idées dont il se détournait instinctivement.
.... Alors : Francis Bacon, Beaumarchais, Machiavel, Basile ?
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