Question d'origine :
Que sait-on sur la manière dont César écrivit ses livres relatant ses conquêtes ?
A quel moment ? Dictait-il ? sur quel support ?
Réponse du Guichet

Nous vous proposons de vous reporter dans un premier temps à l’article d’Anne Logeay dans la revue Historia Thématique intitulé César : une fine plume , vous y verrez posés tous les éléments de la polémique concernant la rédaction des écrits de Jules César.
Dans l’introduction à la Guerre des Gaules aux éditions Les Belles lettres, vous pourrez lire, sous la plume de L.-A. Constans :
« L’ouvrage dans lequel César a raconté les campagnes qui l’ont rendu maître de notre pays est universellement connu sous le nom de
« Que faut-il entendre au juste par
« Ainsi l’intention avouée de César, en publiant ses Commentarii Belli Gallici, était de fournir aux historiens futurs un ensemble de documents de première main. Mais il ne s’ensuit pas qu’il n’ait eu d’autre dessein que celui-là, ni même que ce fût le principal : il obéissait à d’autres motifs plus secrets, qui nous apparaîtront quand nous aurons déterminé dans quelles conditions et à quelle date César a écrit le Bellum Gallicum.
« Deux thèses sont en présence. Pour les uns, le récit de César aurait été écrit année par année, après chaque campagne. Pour les autres, qui sont le plus grand nombre, César aurait écrit la Guerre des Gaules en une fois, après sa victoire sur Vercingétorix. Si l’on devait entendre le mot commentaires au sens de journal, la première opinion serait assez fortement accréditée par le titre même de l’ouvrage. Cet argument écarté, il ne reste de la rédaction en sept fois que les contradictions qu’on relève entre divers passages des Commentaires. (…) De telles contradictions prouvent seulement que César a usé, pour rédiger le Bellum Gallicum, de documents contemporains de différents épisodes de la conquête, documents qui pouvaient, étant d’époques et de provenances diverses, ne pas toujours s’accorder, et que d’autre part il a rédigé avec une certaine hâte, sans se préoccuper assez de rechercher et de supprimer les disparates. Cela est si vrai qu’on trouve de ces contradictions à l’intérieur d’un même livre, alors qu’il ne peut plus être question de rédactions successives (…).
« C’est pendant l’automne de l’année 52 que César a dû composer les sept premiers livres de la guerre des Gaules. Il venait de battre Vercingétorix, et pouvait considérer qu’après cette victoire sa grande œuvre de conquête était virtuellement achevée ; il était temps d’en raconter les épisodes au public romain, qui jusque-là n’avait connu les campagnes du proconsul que par des nouvelles tendancieuses, par les bruits que mettaient en circulation des ennemis malveillants ou des amis trop zélés. D’ailleurs, César voyait arriver le moment où il serait rappelé à Rome, et il convenait de préparer l’opinion pour sa candidature à un deuxième Consulat.
« Que César ait écrit les Commentaires en trois mois, ceci donne tout son sens au témoignage admiratif d’Hirtius :
« Il est clair dans ces conditions que l’ouvrage a été publié aussitôt écrit. Cicéron en fait l’éloge dans le
« C’est justement parce que l’ouvrage a été écrit dans de certaines conjonctures, et pour de certaines fins, qu’il n’a pas toute la valeur historique qu’on souhaiterait. Les faits rapportés sont exacts ; mais César, habilement, les colore. Surtout, il sait se taire à propos : il est maître dans l’art des omissions opportunes.
« Il y a certains aspects de la guerre des Gaules sur lesquels César est d’une grande discrétion : telle phrase de Suétone, telle épigramme de Catulle nous laissent entrevoir quels profits scandaleux César et ses amis tirèrent de l’exploitation du vaincu.
« On sait que César ne nous a pas raconté la fin de la guerre des Gaules ; le VIIIe livre, qui complète son ouvrage, a été écrit par A. Hirtius, un ami de César qui l’avait accompagné en Gaule. On ne sait pas au juste en quelle qualité il était auprès de lui. Du fait qu’il n’est jamais nommé parmi les commandants de trouve, du fait aussi qu’il marque quelque maladresse dans le maniement des termes de la langue militaire, on a conclu qu’il devait être le chef de son secrétariat (...)
« Les deux plus anciens manuscrits datent du IXe siècle. »
Sur les aspects techniques de la rédaction des textes de César, les ouvrages consultés font fréquemment mention du fait que celui-ci les dictait.
Si les Romains avaient recours aux tablettes de cire et au stylet pour les usages professionnels ou privés de l’écrit, il semble que le parchemin ait été réservé à la rédaction des textes littéraires et culturels, comme il est mentionné dans Histoire de l’écriture .
Vous trouverez une autre approche des Commentarii dans l’ouvrage de Christian Meier César
Histoire romaine de Theodor Mommsen constitue par ailleurs une référence incontournable.
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