fèves
DIVERS
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Le 01/12/2005 à 22h56
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Question d'origine :
Pouvez-vous me dire pourquoi les philosophes grecs ne mangeaient pas et n'utilisaient pas les fèves?
la réponse trouvée était que les fèves étaient utilisées pour les votes! En existe-t-il d'autres?
Tous mes remerciements pour votre recherche.
Réponse du Guichet

La réponse la plus complète que nous ayons trouvée, et la plus plausible, est celle de Aulu-Gelle (v. 130-v. 180), érudit, grammairien et compilateur latin (romain) qui évoque cette fable dans les Nuits Attiques, livre quatrième, traduit par M. Charpentier et M. Blanchet, et mis en ligne par Philippe Remacle, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia et Thierry Vebr sur leur site consacré à l'antiquité latine et grecque :
XI. Renseignements donnés par le philosophe Aristoxène sur la régime de Pythagore et qui semblent plus vrais que la tradition ordinaire. Témoignage analogue de Plutarque sur le même sujet.
D'après une opinion ancienne fort en crédit, mais évidemment fausse, Pythagore ne mangeait jamais de la chair des animaux, et s'interdisait même ce légume que les Grecs appellent kæamow fèves. C'est en suivant cette opinion que le poète Callimaque a dit :
Abstenez-vous de fèves, ne mangez point de chair :
c'était le précepte de Pythagore, et je le proclame aussi.
Cette erreur était aussi partagée par M. Cicéron, qui a dit, dans le premier livre de son traité de la Divination : « Platon veut que, lorsqu'on se livre au sommeil, la disposition du corps soit telle qu'il n'y ait rien qui puisse jeter dans l'âme le trouble et l'erreur. Aussi croit-on que l'usage des fèves a été interdit aux pythagoriciens, parce que cet aliment produit une boursouflure contraire à la tranquillité qui doit régner dans une âme qui recherche la vérité. » Voilà les paroles de M. Cicéron. Mais, d'un autre côté, le musicien Aristoxène, homme très versé dans la littérature ancienne, et disciple d'Aristote, rapporte, dans un traité qu'il a laissé sur Pythagore, que les fèves étaient, de tous les légumes, celui que ce philosophe se faisait servir le plus souvent, parce qu'il les trouvait faciles à digérer, et douées d'une propriété laxative. Je cite Aristoxène lui-même : « Pythagore préférait les fèves à tous les autres légumes, parce qu'elles sont faciles à digérer et ne chargent pas l'estomac ; aussi eu mangeait-il très souvent. » Le même Aristoxène prétend que Pythagore mangeait aussi du cochon de lait et du chevreau. Il tenait probablement ces particularités du pythagoricien Xénophile, son ami, et de quelques autres personnes plus âgées, qui, par conséquent, avaient été presque contemporains de Pythagore. Le poète Alexis, dans sa comédie intitulée la Pythagorienne, nous apprend, lui aussi, que Pythagore mangeait de la chair des animaux. Quant aux fèves, il est probable que l'erreur provient d'un poème d'Empédocle, philosophe pythagoricien, où l'on trouve ce vers :
O malheureux, très malheureux, abstenez-vous de toucher aux fèves, ku‹mouw.
On a pensé généralement qu'il s'agissait du légume qu'on appelle de ce nom ; mais ceux qui ont lu avec plus d'attention et d'intelligence les poèmes d'Empédocle ont pensé que kæamow signifie ici testicule, et qu'Empédocle, sous le voile de l'allégorie et à la manière de Pythagore, désigne par ce mot les organes de la génération, première et principale cause de la conception, voies dont se sert la nature humaine pour se reproduire ; qu'ainsi dans ce vers, Empédocle ne défend pas de manger des fèves, mais il cherche à détourner les hommes de la débauche, des plaisirs honteux de Vénus. Plutarque, dont l'érudition donne du poids à ce qu'il avance, nous dit, dans le premier livre de son traité sur Homère, qu'au rapport d'Aristote, les pythagoriciens se nourrissaient de la chair de tous les animaux, à peu d'exceptions près. Voici les paroles de Plutarque, que j' ai cru devoir citer, parce que ces détails sont peu connus : Aristote nous apprend que les pythagoriciens s'abstenaient de manger la matrice et le coeur des animaux ; qu'ils s'interdisaient l'ortie de mer et quelques autres animaux; que du reste ils mangeaient de toute espèce de chair. « L'ortie de mer, Žkal¡fh ,est un poisson que l'on appelle, dans notre langue, urtica. » Plutarque rapporte aussi, dans ses Symposiaques, que les Pythagoriciens ne mangeaient pas indistinctement de toutes les sortes de poissons. Le même écrivain nous dit que Pythagore assurait qu'il avait vécu d'abord sous le nom d'Euphorbe, c'est ce que tout le monde sait; mais ce que l'on ignore assez généralement, c'est que, suivant Cléarque et Dicéarque, Pythagore disait avoir été ensuite Pyrandre, puis Calliclée, enfin une courtisane d'une grande beauté, dont le nom était Alcé.
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