Le Radeau de la Méduse
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/12/2005 à 18h10
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Question d'origine :
Bonsoir,
J'ai dépouillé de nombreux documents au sujet du "naufrage" de la Méduse et de l'épopée des 146 passagers sur un radeau, immortalisé par Géricault mais je n'ai pu retrouver le fait divers publié le 13 septembre 1816 par le "Journal des débats" en première page. Pourriez-vous m'indiquer où le consulter?
Merci d'avance et bonnes fêtes de fin d'année.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/12/2005 à 14h00
La Bm de Lyon possède une partie de la collection du Journal des Débats (cote 950783), dont l'année qui vous intéresse. Un très long article a bien été publié le vendredi 13 septembre 1816 (en deuxième, troisième et quatrième pages) sur le naufrage (ou plutôt l'échouage) au large des côtes africaines de la frégate la Méduse survenu le 2 juillet de la même année alors qu'elle faisait route vers le Sénégal. Il s'agit du témoignage du chirurgien Savigny, l'un des rares survivants, qui relate la longue dérive du radeau destiné à embarquer les 147 hommes d'équipage, soldats et colons qui n'avaient pu trouver place sur les chaloupes et canots du navire. Il semble que le récit n'ait pas été publié en intégralité par le Journal des débats qui précise en avoir extrait certains passages trop "techniques". A la lecture de cet article, des "trous" semblent exister dans le récit, comme par exemple l'absence d'explications claires sur le fait que les chaloupes, qui s'étaient engagées à tracter le radeau, aient abandonné après une courte tentative. Le récit de Savigny commence lorsque le bateau échoué est quitté, le 5 juillet, et que les hommes embarquent à bord d'un radeau de fortune grossièrement construit. C'est un effroyable récit sur les 12 jours d'errance du radeau perdu, qui mêle une grande violence aux détails les plus sordides : anthropophagisme, abandon des malades à la mer, rixes sanglantes... Jean-Baptiste-Henri Savigny et Alexandre Corréard, autre survivant et ingénieur, ont repris ce récit de façon complète et détaillée (on y retrouve des passages identiques à ceux cités dans l'article) dans cet ouvrage : Naufrage de la frégate La Méduse, faisant partie de l'expédition du Sénégal, en 1816 (récemment réédité en livre de poche). Ils expliquent notamment comment le radeau a volontairement été abandonné par le commandant de la frégate, Hugues de Chaumareys. Le récit de Savigny avait profondément ému l'opinion publique et est à l'origine d'un scandale politique qui débouchera en 1817 à la condamnation à trois ans de prison de Hugues de Chaumareys qui sera aussi déchu de ses titres et droits.
Voici un extrait de l'article du Journal des débats, vous pourrez retrouver l'intégralité de ce texte en pièce jointe (en bas de page) :
(...)
Si tous les efforts réunis des embarcations eussent continuellement agi sur nous, favorisés, comme nous l’étions, par les vents du large, nous eussions gagné la terre en moins de trois jours ; car la frégate n’étoit pas échouée à plus de douze ou quinze lieues de terre ; telles étoient les estimes des officiers, qui se trouvèrent très justes, puisque le jour même du départ les embarcations eurent connoissance de la terre avant le coucher du soleil. M. le lieutenant en pied de la frégate voyant que ses efforts devenoient inutiles, après nous avoir remorqués seul un instant, fit également larguer l’amarrage (couper le câble) qui le tenoit au radeau. Plusieurs personnes m’ont dit, qu’après cette opération, le cri barbare de : Nous les abandonnons fut entendu. Je tiens ce fait de plusieurs personnes ; cependant je me plais à croire que l’humanité et l’honneur inspiroient d’autres sentiments à ceux qui s’étoient engagés par serment à nous conduire jusqu’à terre.
Nous ne demeurâmes convaincus que nous étions entièrement abandonnés, que lorsque les embarcations furent presque hors de vue. La consternation fut extrême ; tout ce qu’ont de terrible la soif et la faim se retraça à nos imaginations, et nous avions encore à combattre un élément perfide qui déjà recouvroit la moitié de nos corps. Tous les marins et soldats se livrèrent au désespoir ; ce fut avec beaucoup de peine que nous parvînmes à les calmer.
Nous étions partis sans avoir pris aucune nourriture ; la faim commençoit à se faire sentir impérieusement ; un peu de biscuit mêlé avec un peu de vin forma notre premier repas, et le meilleur que nous fîmes pendant notre séjour sur ce radeau. Un ordre par numéros fut établi pour la distribution de nos misérables vivres : dès le premier jour, le biscuit fut épuisé ; la journée se passa assez tranquillement.
(...)
En 1819, un jeune peintre, Théodore Géricault immortalise à jamais dans une oeuvre magistrale la longue agonie des naufragés de la Méduse.
Fondation des Arts et Métiers.
Pièces jointes
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/12/2005 à 17h02
J'ai bien reçu votre réponse à ma demande d'information concernant "l'échouage" de la Méduse dans le Journal des débats et je vous en remercie. L'article du 13 juillet correspond effectivement à une publication de témoignages de deux survivants: SAVIGNY et CORREARD. Néanmoins, j'avais déjà pris connaissance de leur ouvrage Naufrage de la frégate La Méduse, faisant partie de l'expédition du Sénégal, en 1816 qui a d'ailleurs été entièrement numérisé par la Bibliothèque Nationale et qui est donc intégralement consultable en ligne : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Dest...a&O=NUMM-103609
TABLE DES MATIÈRES.
DÉDICACE. 4
Préface. 9
Relation du naufrage de la frégate la Méduse. 17
Jugement de M. de Chaumareys. 372
Mémoire présenté aux Chambres par M. Corréard. 383
Procès de M. Corréard. 398
Liste des Souscripteurs en faveur des naufragés. 448
Ode sur le naufrage de la Méduse. 459
Relation des événemens arrivés à la houillère de Beaujonc. 467
Discours prononcé par M. le baron de Micoud. 502
En réalité, je vous ai donné de mauvaises indications: je ne recherchais pas des précisions sur le drame mais sur la manière dont ce type d'événement pouvait être présenté au public au début du 19ème. Je voulais donc prendre connaissance de ce "fait divers" particulier qu'a été le sauvetage des rescapés du Radeau de la Méduse. D'après l'introduction du Journal des débats du 13/07 que vous m'avez permis de lire, il aurait été révélé aux lecteurs dans leJournal des débats du 10 septembre 1816 . Est-il consultable? A t-on la possibilité d'accéder à d'autres périodiques de l'époque qui auraient relaté ce drame?
Merci d'avance.
TABLE DES MATIÈRES.
DÉDICACE. 4
Préface. 9
Relation du naufrage de la frégate la Méduse. 17
Jugement de M. de Chaumareys. 372
Mémoire présenté aux Chambres par M. Corréard. 383
Procès de M. Corréard. 398
Liste des Souscripteurs en faveur des naufragés. 448
Ode sur le naufrage de la Méduse. 459
Relation des événemens arrivés à la houillère de Beaujonc. 467
Discours prononcé par M. le baron de Micoud. 502
En réalité, je vous ai donné de mauvaises indications: je ne recherchais pas des précisions sur le drame mais sur la manière dont ce type d'événement pouvait être présenté au public au début du 19ème. Je voulais donc prendre connaissance de ce "fait divers" particulier qu'a été le sauvetage des rescapés du Radeau de la Méduse. D'après l'introduction du Journal des débats du 13/07 que vous m'avez permis de lire, il aurait été révélé aux lecteurs dans le
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/12/2005 à 13h28
Il s'agit en fait d'une erreur, le Journal des Débats n'a pas annoncé le naufrage le 10 mais le dimanche 8 septembre 1816 (page 3), de façon très laconique :
" - La frégate la Méduse s'est perdue le 2 juillet, à trois heures du soir, par un beau temps, sur le banc d'Argin, à vingt lieues du Cap-Blanc. Six chaloupes et canots de la Méduse ont sauvé une grande partie de son équipage et de ses passagers. De 150 hommes qui comptoient se sauver sur un radeau, il en a péri 135. "
Il n'est pas étonnant que cet accident n'ait pas fait l'objet de développements particuliers, les naufrages étaient très fréquents à cette époque, et il ne se passait pas de semaine sans qu'il en soit annoncé un ou plusieurs.
Il est certain que suite à la publication du témoignage de Savigny, plusieurs autres journaux ont publié des articles. Il n'existe cependant pas d'index des journaux de cette époque. Il convient donc de les consulter un à un sur la période septembre 1816 - mars 1817, date de la condamnation du capitaine de la Méduse.
Outre le Journal des Débats, vous pouvez consulter ces autres titres qui paraissaient à cette époque :
Le Journal Général de France
Le Journal de Paris
Le Censeur
Le Nain Jaune (Journal des Arts, des Sciences, de littérature et de Politique)
La Gazette de France
La Quotidienne
Le Journal Royal
Le Mercure de France
Le Conservateur
La Minerve
Le Constitutionnel
Le Drapeau Blanc
etc.
Ces journaux sont en consultation à BnF, certains sous forme de microfilms. Certains titres ayant connus des interruptions de parution, il convient de vérifier l'état des collections.
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