Hérivé, archevêque de Reims
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/11/2007 à 17h22
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Question d'origine :
bonjour, et merci avant toute chose de vous tenir à notre disposition, ô nous pauvres internautes incultes !
voici ma question : qui était ce Hérivé, archevêque de Reims ???
merci d'avance !
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/11/2007 à 11h25
Hervé, "uir genere nobilis" (selon Flodoard, "Historià Remensis Ecclesiae", 1. IV, c. 11), appartenait vraisemblablement à une illustre famille comtale. Son oncle, le comte Hucboldus, aurait joué un certain rôle au temps du roi Eudes (888-98). Hervé apparaît pour la première fois dans notre documentation en 894, puis en 897, en qualité de notaire-chancelier du roi Eudes. Il semble qu'il soit entré en fonction en même temps que l'archi-chancelier Gautier. A l'avènement de Charles le Simple, Gautier est remplacé à la tête de la chancellerie par l'archevêque de Reims Foulques, mais Hervé reste notaire du roi. Entre 898 et 900, seize diplômes sont reconnus par lui (R.-H. Bautier, Recueil..., p. xxxix).
Lorsque, le 17 juin 900, l'archevêque de Reims est assassiné par le comte de Flandre, Hervé se présente à sa succession. Le 6 juillet, il est élu et sacré archevêque. Hervé, « rompu aux affaires par six années de direction effective de la chancellerie sous deux règnes et dans des circonstances difficiles » (R.-H. Bautier, Recueil..., p. XL), s'attache à la restauration matérielle de son diocèse. Il entend assurer le pouvoir temporel des archevêques. Devant l'instabilité des structures existantes à l'époque, et la menace que constituent les invasions normandes mais aussi les troubles internes au royaume, il se lance dans une politique de défense et de consolidation du « Reimser Kirchenstaat » (l'expression est de K.-F. Werner), qui ne le met pas à l'abri de conflits, souvent armés. Pour disposer de places fortes, il fait construire ou restaurer plusieurs châteaux (Mouzon, Coucy, Épernay) (sur tout ceci : Flodoard, Historia..., 1. IV, c. 11 et 13). Flodoard loue l'activité d'Hervé. Et de fait, il semble que l'effort de mise en ordre ait porté ses fruits et qu'au total, le diocèse ait connu une vingtaine d'années assez calmes (J. Hourlier) et de relative prospérité (G. Schmitz).
L'archevêque de Reims reste en contact étroit avec le roi Charles le Simple. De 910 à 919, il est chargé de la haute direction de la chancellerie royale. Hervé
participe aussi à la politique royale à l'égard de la Lorraine. En 919, il est le seul à répondre à une convocation du roi en amenant contre les Hongrois son contingent militaire (Flodoard, Historia..., 1. IV, c. 14). Jusqu'à la fin, il restera fidèle à Charles le Simple (selon Flodoard, Annales, année 920 ; éd. Ph. Lauer, Paris, 1905, p. 2-3).
Mais ce serait une erreur, d'après G. Schmitz et J. Hourlier (les deux derniers historiens à s'être penchés sur l'œuvre d'Hervé), que de voir dans la guerre et la politique « les occupations principales » de l'évêque de Reims (B. Hauréau).
La « restauration » entreprise par Hervé est aussi religieuse. Dès le premier mois de son pontificat, il décide de ramener à Reims le corps de S. Remi, dans le monastère situé hors les murs ; il enrichit le mobilier de la cathédrale et relève plusieurs églises (cf. Flodoard, 1. IV, c. 12-13). Mais surtout, Hervé entreprend dans son diocèse et sa province une réforme disciplinaire, relayée par des conciles. Son premier acte d'évêque est d'ailleurs la réunion d'un synode, composé de ses coprovinciaux et consécrateurs, pour excommunier les meurtriers de son prédécesseur Foulques.
En juin 909, il organise à Trosly (entre Soissons et Compiègne) une assemblée des évêques de la province de Reims ; il y dénonce les abus qui ont lieu dans l'Église, relève les négligences de certains prélats, et appelle à la réforme dans une perspective très « pastorale ». Une longue exhortation de l'archevêque ouvre les séances du concile ; une admonition générale les termine. Hervé affirme vouloir reprendre la pratique des conciles, interrompus par « les méfaits des païens, des Normands donc, et les méfaits des 'faux chrétiens', qu'il joint aux troubles très graves du royaume » (J. Hourlier, Reims..., p. 100). C'est surtout sur les seconds qu'il insiste. Le concile de Trosly est certainement, dans le domaine religieux, l'un des plus importants du Xe s. Si les quinze canons du concile visent surtout à restaurer la discipline ecclésiastique et à réformer les mœurs, les préoccupations politiques n'en sont pas absentes : les « faux chrétiens » qui causent de graves troubles dans le royaume sont dénoncés ; le "status regni" ou la "fîdelitas régis" sont évoqués. De manière générale, « les développements accordés à chaque sujet en font un exposé theologique, basé sur 'l'antique autorité', c'est-à-dire l'Écriture Sainte, les Pères, les conciles, les capitulaires : les évêques de Trosly enseignent plus qu'ils ne légifèrent » (J. Hourlier, Reims..., p. 100).
Entre 914 et 922, en réponse aux demandes de l'archevêque de Rouen Guy, incertain quant à la manière d'« évangéliser » les Normands installés (à la suite du traité de S.-Clair-sur-Epte, en 911) à Rouen et en Haute-Normandie, Hervé, avec l'accord du pape Jean X, élabore une pastorale de la conversion progressive, justifiée par une collection canonique. La collection, divisée en vingt-trois chapitres, décrit longuement l'attitude que les ecclésiastiques doivent adopter face à des païens ou à des gens déjà baptisés mais retournés aux pratiques païennes. L'indulgence doit présider, selon Hervé, à la réconciliation des relaps. L'intérêt tout particulier d'Hervé pour la conversion des Normands fait dire à R.-H. Bautier et 0. Guillot que l'archevêque de Reims fut peut-être l'inspirateur de la politique qui conduisit à les cantonner dans le duché de « Normandie ».
Selon Flodoard (Historia..., 1. IV, c. 17), Hervé meurt le 2 juill. 922. Les activités déployées par l'archevêque tout au long de son épiscopat montrent que, s'il fut effectivement un grand politique, c'est au sens large du terme, en référence à une époque où le politique et le religieux étaient difficilement dissociables.
Source :
Si vous voulez éclaircir certains points de la biographie d'Hervé, nous vous conseillons de vous connecter sur le site clergedereims.free.fr qui raconte la belle histoire de l'Église de Reims et de ses écclésiastiques.
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