Question d'origine :
Bonjour, Merci infiniment pour votre réponse complète et si intéressante sur le poème de Pontus de Tyard. J'ai à nouveau une question, maintenant sur un vers de Maurice Scève, du dizain "DIane on voit ses deux cornes jeter", fondé sur une analogie filée entre la lune et la femme aimée. > Comment "traduire" selon vous le vers 9 ("Et le parfait de ta beauté croissant") ? > J'ai en effet un doute sur "croissant" : substantif (croissant de lune) OU participe présent du verbe "croître". > Je comprends ainsi les vers 9-10 : De même que la lune décroit pour mieux se renouveler, "la perfection de ta beauté, tandis qu'elle est en train de croître, (de même que la lune), se renouvelle toujours dans mon coeur". LE TEXTE : Diane on voit ses deux cornes jeter , Encore tendre et faiblement naissante, Et toi des yeux deux rayons forjeter , La vue basse, et alors moins nuisante . Puis sa rondeur elle accomplit luisante , Et toi ta face élégamment haussant . Elle en après s’affaiblit décroissant , Pour retourner une autre fois novelle , Et le parfait de ta beauté croissant, Dedans mon cœur toujours se renovelle. Merci à nouveau !
Réponse du Guichet
n'étant pas en mesure de profiter de l'intégralité des outils cités dans les précédentes réponses, cette réponse sera plus brève.
Dans le vers 9, il faut bien comprendre "croissant" comme le participe passé du verbe "croître". Il s'oppose d'ailleurs à "décroissant" avec lequel il rime. Ce jeu sur les rimes traverse d'ailleurs le poème entre jeter (tendre vers l'avant) et forjeter (détourner, ici le regard) ou encore novelle et renovelle.
Si le sens du substantif existe déjà au XVIe siècle pour désigner la période où la lune grandit, et de là, la forme du croissant, la construction de la phrase et du poème laisse peu de doute sur le sens. Il est en revanche évident qu'il y a là le choix délibéré de jouer avec le champ lexical propre à la lune.
En espérant vous avoir été utile,
Fonds ancien de la bibliothèque municipale de Lyon