Quel est ce "toit soulevant" insolite que j'ai pu voir dans des jardins ?
Question d'origine :
Bonjour vaillant(e)s guichetier(e)s En PJ un "toit soulevant ?" que j'ai vu dans un jardin. Je me demande bien à quoi il peut servir ? Pinous 57000
Réponse du Guichet
L'objet que vous décrivez ressemble à un type de baraques à foin typique du Canada.
Bonjour,
Ce système de toiture qui se lève et s’abaisse à l’aide de poteaux et de poulies ressemble beaucoup au mécanisme des baraques à foin québécoises des îles de la Madeleine. La fonction de ce bâtiment est-elle aussi la même ? Nous ne pouvons pas l'affirmer, mais c'est la piste que nous vous proposons :
« La baraque à foin consiste en une construction carrée mesurant de 4 à 4,5 mètres de largeur servant à entreposer le foin. Elle est construite avec quatre poteaux hauts de 5 mètres soutenant un toit pyramidal. L'extrémité de chaque poteau est munie d'une poulie actionnée par des câbles, permettant de monter le toit à volonté selon la quantité de foin à conserver. Les murs pouvaient être lambrissés pour empêcher les animaux de manger le foin. Il s'en trouvait à Chéticamp, aux Îles de la Madeleine, à l'Île-du-Prince-Édouard jusqu'au début du XXe siècle, mais elles subsistent seulement aux Îles de la Madeleine et chez les anglophones de Terre-Neuve. L'origine de la baraque à foin est inconnue et il en aurait existé en Pennsylvanie, mais elles étaient plus grandes et probablement au toit fixe. Il y en aurait aussi en Roumanie. »
Source : Architecture acadienne, Wikipedia
« Par son originalité, la barraque des îles de la Madeleine mérite une mention spéciale. Il s’agit d’un petit hangar carré, à toit amovible. Cette toiture en pavillon s’abaisse ou s’élève par des câbles qui passent dans des poulies fixées au bout des poteaux. Ce dispositif permet de doubler à volonté le volume du fenil. La barraque, paraît-il, serait apparue aux Iles vers le premier quart de XIXe siècle. D’où venait-elle ? Une illustration fidèle de cette bâtisse se trouve dans une édition suédoise des Mémoires de Pierre Kalm. Au dire du narrateur, c’est un type d’architecture fort à la mode en Nouvelle-Hollande. A-t-il été apporté par les colons hollandais qui ont peuplé cette partie de l’Amérique septentrionale ? Par quel cheminement la barraque est-elle parvenue aux Madelinots ? Voilà une recherche qui ferait le sujet d’une intéressante étude. »
Source : L'habitation traditionnelle au Québec, Robert-Lionel Séguin
« La baraque à foin est un exemple d’emprunt culturel. On attribue à la déportation des Acadiens cet apport hollandais à l’architecture québécoise. Forcés à s’exiler vers les États-Unis, de nombreux Acadiens se retrouvèrent dans la région d’Albany, appelée Nouvelle-Hollande. De retour au pays, les Acadiens construisent des baraques identiques aux bâtiments hollandais qu’ils avaient vus aux États-Unis. Ce type de bâtiment se retrouve seulement aux Îles-de-la-Madeleine. »
Source : ameriquefrancaise.org
« La baraque, une construction adaptable
Les baraques, dont subsistent encore quelques exemplaires aux îles de la Madeleine, témoignent d’un passé agricole très proche mais définitivement disparu. Il n’y a pas si longtemps, chaque foyer, ou presque, possédait un assez vaste terrain en culture, une « prée », un potager, un morceau planté de pommes de terre et un autre de navets, quelques vaches, un ou deux cochons, des poules et… une nombreuse famille. Cette dernière, main-d’œuvre bénévole, prenait souvent un réel plaisir à « faire les foins » qu’on engrangeait dans la partie supérieure de l’étable. Le surplus de fourrage était ensuite placé dans la baraque, petit abri à foin composé d’un toit mobile en planches posé sur un carré et supporté par des poteaux placés aux quatre coins des murs également de planches. Le toit pyramidal à quatre versants glissait le long des poteaux à mesure que la quantité de fourrage diminuait.
Vraisemblablement originaire de Hollande, la baraque (du catalan baracca : petite hutte) était aussi utilisée chez les ancêtres acadiens du Cap-Breton, plus précisément à la baie Sainte-Marie. Dans son Glossaire du vieux parler acadien (1988), Ephrem Boudreau la définit comme étant une « grosse meule de foin entre quatre poteaux et recouverte d’un toit qu’on lève à mesure que monte la meule ». Vouées à l’oubli en même temps que disparaissaient les petites entreprises agricoles familiales, les baraques ont retenu l’attention de certaines institutions qui ont cherché à adapter cet héritage en l’intégrant à un projet architectural. Ainsi, le bâtiment d’accueil de l’Association touristique régionale est constitué de trois baraques qui montent la garde près du quai débarcadère de Cap-aux-Meules. De même, l’entrée principale du cégep des Îles rappelle par sa forme la baraque des ancêtres. »
Source : Chantraine, P. & Naud, C. (2000). Les îles de la Madeleine : des demoiselles perdues en mer. Continuité, (85), 56–62.
Bonne journée.