Question d'origine :
Aujourd'hui, journée de manifestations contre le CPE. A Marseille (selon lemonde.fr), la partication a été, selon les estimations, de 2000 à 100 000 manifestants ! du simple au cinquantuple !
J'aimerai donc savoir comment peut on croire quelqu'un dans cet intox de chiffre. Si il est clair que les organisateurs gonflent leurs chiffres, qu'en est-il de la police (ou, je suppose, des Renseignements Généraux, qui sont surement chargés de l'éstimation) ?
Si oui, quel est leur intéret ? Merci
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/03/2006 à 15h45
Arte a diffusé en 2002, dans le cadre de son émission "Archimède", un film intitulé "Le coeur net" portant sur le comptage des manifestants :
Patrick [Rebeaud] voulait compter les participants d’une manifestation parisienne et comparer avec les chiffres, généralement opposés, de la préfecture et des organisateurs. Mais ce n’est pas simple. Il faut trouver un endroit élevé pour filmer le défilé, une rue pas trop large et pas trop passante pour ne pas rendre trop difficile le comptage et… il doit faire beau pour ne pas filmer une manifestation de parapluies.
Après plusieurs tentatives infructueuses, il a été décidé de filmer la manifestation des personnels de santé du jeudi 31 janvier, jour de ciel clair, et ce, à partir d’un balcon de sixième étage de la rue de Sèvres, voie qui a l’avantage d’être relativement étroite et peu empruntée par les piétons en temps ordinaire.
Il a été demandé ensuite à deux personnes sans contact entre elles de compter les manifestants, avec des instructions précises concernant la définition de la personne à compter, et la façon de compter, ceci par déroulement au ralenti du film. Ces personnes ont travaillé plus d’une journée. Leurs résultats ont été les suivants : 6 947 pour l’une, 7 006 pour l’autre. Une différence de 59 personnes parfaitement admissible vu la difficulté de la tâche (on devrait interdire les calicots… ça complique le comptage…) Bref 7 000 manifestants.
La préfecture de police, contactée auparavant, a envoyé un document sur sa méthode de comptage, d’où il ressort que
Et les chiffres des manifestants ? Durant le défilé les principaux responsables parlent de plus de 10 000 voire de 11 000 à 12 000. Mais plus surprenant, à la fin de la manif, ils donnent à l’AFP une fourchette de 5 000 à 8 000, fourchette reprise par la presse. 8 000 est certes un peu exagéré, mais la moyenne de cette fourchette, 6 500, est trop faible, bien que moins loin de la vérité que la PP.
Le document de la PP dit également que le nombre de manifestants au mètre carré varie entre 0,2 et 0,8. Nous avons là aussi voulu en avoir le cœur net. C’est pourquoi nous avons installé au travers de la rue une bâche avec 20 carrés d’un mètre sur un mètre et compté ensuite les manifestants sur cette surface toutes les 30 secondes. On aboutit à 0,6 ce qui est dans la fourchette.
Ce chiffre comme les précédents n’est valable que pour cette manif et à son propos comme à ceux des précédents il ne faut tirer de conclusion générale. Mais l’expérience était intéressante.
source : www2.unil.ch
En savoir plus sur ce site : www.cerimes.education.fr
En complément :
Le comptage des manifestants, des méthodes toujours traditionnelles (brève de l'AFP) dont voici un extrait :
Il s'agit, une fois le parcours déposé, de déterminer l'endroit (pour de petites manifestations) ou les deux endroits (pour les cortèges plus importants) où deux policiers se relaieront pour appuyer sur un petit compteur manuel et comptabiliser les rangs qui défilent devant eux, explique-t-on. Ces points ne doivent être "ni trop près, ni trop loin du départ" et, quand il y en a deux, les policiers ne communiquent pas entre eux.
Une fois ces endroits définis, les agents calculent, en fonction de la largeur de la voie, le nombre de personnes qu'il pourra y avoir par rangée.
Les comptages sont vérifiés par d'autres paramètres, comme la surface de la manifestation, calculée en fonction de la distance entre la tête et la queue et de la largeur des voies empruntées, sachant qu'il ne peut y avoir plus d'un manifestant par mètre carré, ce qui représente un cortège très serré.
Quand l'appel est national et que la province se joint à la manifestation parisienne, les fonctionnaires disposent également du nombre de réservations TGV ou du nombre de bus affrétés pour étayer leurs chiffres. "S'il y a 400 bus, il ne peut pas y avoir moins de 20.000 personnes", dit-on.
Pour les très gros cortèges, comme ceux sur les retraites de 2003, la préfecture dispose aussi de vues aériennes pour conforter ses chiffres sur le terrain.
Une fois la queue de la manifestation passée devant le dernier point de comptage, en fonction des chiffres, la préfecture choisit soit de faire une moyenne, soit de privilégier l'un en jugeant que l'autre a eu des difficultés. "Le 18 mars, un point donnait 74.000 et l'autre 80.000. On a pris 80.000 car on s'est rendu compte que des gens s'étaient prépositionnés sur le premier point. On les a d'ailleurs comptabilisés à 5.500, ce qui nous redonnait donc 80.000", cite-t-on en exemple.
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