Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-AlpesQuelques Lyonnais se rappellent encore l'incendie du grand dôme de l'Hôtel-Dieu, le 14 septembre 1944, mais beaucoup ont encore présent le souvenir des installations de chantier qui sont restées en place pendant une trentaine d'années.
Dans des conditions obscures, Jacques Germain Soufflot fut imposé aux recteurs. Il établit un avant-projet des façades le long du quai du Rhône dans une première tranche, la partie méridionale fut réalisée entre 1741 et 1748. Après un temps d'arrêt, la construction du grand dôme fut réalisée de 1757 à 1761. Toutefois, Soufflot n'intervint pas pour la poursuite de travaux parce qu'il fut appelé à Paris pour la construction de l'église Sainte-Geneviève (le Panthéon). Il fut remplacé par Melchior Munet et Toussaint Loyer. Cependant, au lieu de respecter le plan initial, ils prirent des initiatives maladroites "la hauteur du dôme a été réduite", ce qui a conduit à un renflement de la panse. Soufflot a été déçu, mais retenu à Paris, il n'a pas pu intervenir tandis que les Lyonnais disent avoir eu une idée de génie.
Après l'incendie, il n'existait plus rien du dôme et de la chapelle qu'il abritait, mais on possédait une documentation assez complète sur l'ancienne construction. A défaut de dessins, on avait des photographies de l'extérieur et de l'intérieur ainsi qu'une maquette de la charpente très endommagée mais reconstituée par les compagnons du Tour de France. L'architecte en chef des monuments historiques, André Donzet, fut chargé après la Libération de la reconstruction du grand dôme. Il établit d'importantes études et proposa de rétablir la disposition prévue dans le projet Soufflot. Il présenta des dessins et des maquettes à la commission supérieure des monuments historiques qui, après débats, adopta le principe proposé et décida que la charpente ne serait plus en bois mais en béton armé. Après une mise hors d'eau réalisée très rapidement, la reconstruction n'a débuté qu'en 1957, mais elle a dû malheureusement être interrompue plusieurs fois pendant de longues périodes.Cet article intitulé "
La restauration du Grand Dôme de l'Hôtel-Dieu" est extrait du numéro 5624 du
Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon, paru le 6 février 2006 et est accompagné de 2 illustrations comparatives du
Dôme de
Soufflot et la modification de
T. Loyer et la façade actuelle du
Grand Dôme.
De fait, il reprend de manière très résumée, des éléments que l'on trouve abondamment développés, dans le chapitre sur la
Construction de la façade centrale du Quai du Rhône (1741-1748) et du [B]Grand Dôme (1757-1761). - Décoration du
Dôme (1762-1764)[/B] (pp 109-115) de l'ouvrage sur l'
Histoire du Grand Hôtel-Dieu de Lyon des origines à nos jours , paru en 1923 et préfacé par Edouard Herriot. Cet ouvrage qui présente l'histoire administrative et topographique ainsi que l'histoire médicale de l'Hôtel-Dieu, pour chaque époque successive, évoque en outre, chiffres à l'appui dans ce chapitre, les dotations immobilières et les finances variables, qui en avaient fait un établissement prospère tout autant que renommé, permettant agrandissement et embellissement, pour lequel
Soufflot fut choisi ("au traitement de deux mille quatre cents livres par an").
...Les travaux se poursuivent sans encombres sous la direction de Soufflot et sept ans après, en 1748, la façade centrale est terminée. Mais l'effort financier nécessaire ne peut plus se soutenir pour l'entreprise des deux ailes et du dôme prévus au plan et les choses restent en l'état jusqu'en 1754 où la nécessité du dôme se fait impérieusement sentir ; les nouveaux bâtiments donnent, paraît-il, de sérieux mécomptes ; l'air y est si malsain que malgré toutes les précautions prises pour le purifier, il rend la mortalité élevée et, de l'avis des hommes compétents, seule l'élévation du dôme projeté peut remédier à cet inconvénient. La question est soumise au duc de Villeroi et au Consulat ; la construction du dôme est jugée indispensable, et, pour y aider, le Consulat accorde une subvention annuelle de cinq mille livres pendant dix ans. Ce n'est pourtant que trois ans après, en 1757, que commencent les travaux. Malheureusement, Soufflot n'est déjà plus à Lyon ; appelé à Paris comme contrôleur des bâtiments de la couronne, il ne peut lui-même conduire son oeuvre. Il ne s'en désintéresse pas néanmoins : le 21 janvier 1757, il écrit aux recteurs, leur demandant de lui envoyer l'architecte Loyer afin de lui donner toutes ses instructions pour assurer une parfaite exécution. La demande est agréée et quelques mois après, le 15 mai 1757, un traité confie la direction de l'entreprise à Melchior Munet et à Toussaint Loyer, deux bons collaborateurs de Soufflot dans plusieurs travaux de notre ville. On sait que Loyer apporta une fâcheuse modification à la coupe du dôme telle que l'avait conçue Soufflot. Cette modification, qui date de 1758 et qui consiste dans la surélévation du dôme et le renflement de sa panse, est-elle le fait de Loyer? En reçut-il l'ordre de recteurs? Il est difficile de se prononcer, car les deux parties se rejetèrent mutuellement la faute. Quoi qu'il en soit, on ne peut que regretter ce malheureux changement qui, en écrasant le monument, lui enlève une partie de son élégance.
En 1761, le dôme est terminé, mais le travail des décorations extérieures dure jusqu'en 1764...Enfin, à l'achèvement complet, en 1764, on établit sous le dôme, un double autel qui est solennellement béni par l'archevêque d'Egée le 16 décembre de la même année.
Il ne restait plus, pour la pleine réalisation du plan de Soufflot, que les deux ailes à entreprendre. Mais l'état des finances hospitalières ne pouvait pas permettre un effort plus grand : les dépenses des nouvelles constructions s'étaient élevées à la somme de 1.527.260 livres...La caisse était vide. L'Hôtel-Dieu était largement endetté...