Que sait-on des oeuvres données par le cardinal FESCH à la ville de Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
Le cardinal FESCH a donné à la ville de Lyon 40 oeuvres de sa collection (qui comportait plus de 1600 oeuvres). Que sait-on de ces oeuvres ? quels sont leurs noms ? auteurs ? Où peut-on les voir ?
Bonne journée
Réponse du Guichet
Les 16000 œuvres issues des collections du Cardinal Fesch dont il est fait mention dans votre question concernent les peintures recensées dans son inventaire après décès. Dans l'article, "La dispersion des collections du cardinal Fesch, la filière lyonnaise", publié dans l’ouvrage Le Cardinal Joseph Fesch, archevêque de Lyon, il est dit que "les legs intéressant le diocèse de Lyon (archevêché, séminaires, congrégation des sœurs de Saint-Joseph et bénédictines de Pradines) consistent exclusivement en ornements et objets liturgiques, à l'exception d'une statue de bronze de Saint-Pierre ; Aucun tableau ne nous est parvenu par cette voie."
Dans le Dictionnaire Historique de Lyon, le cardinal Fesch est présenté comme le premier collectionneur de son temps, et sa collection « comme l’un des plus importants ensembles de tableaux, d’intérêt inégal, et d’œuvres d’art jamais rassemblés par un particulier. Pour former cette collection qui, compte tenu de sa dispersion, n’a fait l’objet que d’approches partielles, Joseph Fesch a bénéficié de sa position et de ses revenus, mais aussi de l’extraordinaire concours de circonstances dû à la mobilité des collections privées et des ensembles d’œuvres religieuses, provoquée par les bouleversements politiques et sociaux de la période. La collection est connue par les livres de compte de Fesch […] par les visites des amateurs dans ses résidences parisiennes et romaines, et surtout par les catalogues de ventes qui ont eu lieu après sa mort.»
Dans l’article cité plus haut, La dispersion des collections du cardinal Fesch, la filière lyonnaise, il est écrit que les tableaux de Fesch peuvent se répartir en deux groupes différents :
- 1er groupe: "les tableaux donnés à des églises et à des établissements religieux par le cardinal lui-même de son vivant que ce soit sous l’Empire, pendant son ministère actif, ou à l’époque de son exil romain. A ce premier ensemble, l’on peut joindre les tableaux légués à Ajaccio." Comme nous l'avons indiqué en introduction de notre réponse aucun tableau n'est parvenu par cette voie aux églises du diocèse de Lyon. Une note indique à ce sujet : Le dossier de succession constitué par les bureaux du Ministère de l’Intérieur nous apporte toute certitude à ce sujet (Arch.nat., F19/12287).
- 2e groupe: "les tableaux issus des ventes qu’a entrainées le bannissement de Fesch du territoire français et ceux qui ont figuré dans les différentes ventes aux enchères qui ont suivi sa mort".
D’après l’auteur de l’article, Gérard Bruyère, il n’a jamais été dans les projets du cardinal Fesch de doter systématiquement les églises de son diocèse en tableaux ou en œuvres d’art. S’il en a donné un grand nombre à la ville de Lyon durant son exil, ces dons étaient destinés à des ventes de charité.
- « Quand, vers 1831, le passage du choléra laissa dans la misère une partie de la population ouvrière de Lyon, le cardinal Fesch compatit de loin à cette détresse et fit don à la ville d’un grand nombre de ses tableaux, qu’il pria Mme de La Barmondière (bienfaitrice de toutes les œuvres du diocèse) de vendre au profit des pauvres. Le chiffre d’une cinquantaine de tableaux avait été avancé [...]
- En 1837, la Fabrique de soierie connut une importante crise économique. Renseigné par le peintre Jean Frénet (1814-1889), séjournant alors à Rome, le cardinal Fesch envoya 39 tableaux de sa collection pour être vendus au profit des ouvriers sans travail.» Les caisses de tableaux arrivèrent au début du mois de juin au palais Saint-Pierre. Le conseil municipal vota des remerciements au cardinal. Celui-ci répondit par une lettre, datée de Rome, le 9 septembre 1837, et signée de sa main :
«J’eus l’honneur de prévenir Monsieur le Maire de la ville de Lyon dès le 19 juin de l’expédition, que j’avais fait d’une caisse des tableaux pour les pauvres ouvriers de Lyon, et je vous remercie de tout ce que vous me dites dans votre lettre du 19 août, en me transmettant une copie de la délibération du conseil municipal. Veuillez, je vous prie, être l’interprète de mes sentiments auprès de lui en lui disant que mon affection pour la ville, et pour le diocèse de Lyon a toujours été le moteur de mes operat[i]ons. Cette affection durera autant que ma vie, et rien [ne] saurait la diminuer. C’est mon cœur qui parle, et il est plus fort, que les événements du Monde.»
Nous apprenons au sujet de ces tableaux «qu’une partie fut sans doute vendue conformément aux intentions du donateur. En 1843, la ville céda onze de ces tableaux aux frères de la doctrine chrétienne pour contribuer à l’achat par le musée de bijoux antiques. Le reste des tableaux fut oublié dans les dépôts du palais Saint-Pierre, jusqu’en 1861, date à laquelle plusieurs finirent sans doute à l’encan, à l’occasion d’une réorganisation des réserves.»
Gérard Bruyère termine son article par cette hypothèse,
«il est tentant de rattacher à l’envoi Fesch de 1837 plusieurs tableaux portés sur les inventaires du musée des Beaux-Arts de Lyon sans indication de provenance. Quelle meilleure explication pourrait-on donner à la présence dans les collections depuis 1846 au moins d’une immense toile attribuée à Antonio Zanchi et montrant Catherine Cornaro, reine de Chypre, reçue à Venise par le doge Augustin Barbarigo ? Une provenance Fesch doit être également envisagée pour l’Apparition de Saint-François à Sainte-Claire, déposé aujourd’hui à la cathédrale. Mentionnons encore, pour les écoles étrangères, la Conversion de Saint-Paul de Juan Valdès Leal, une Vierge du Rosaire d’après Murillo et deux pendants d’après Sébastiano Conca, l’Enlèvement d’Europe, et Bacchus, Ariane et Vénus. L’école française est représentée par un tableau exceptionnel de Claude Mellan, La Montée au calvaire ; ainsi que par deux pendants anonymes de la première moitié du XVIIIe siècle, Diane et Actéon et le Jugement de Pâris.»
Bonne journée