Je cherche l'année du percement de la rue Boucherie St Georges du batiment St Vincent de Paul des Trinitaires pour la relier à la rue Doyenné
Question d'origine :
Bonjour ,
Je cherche l'année du percement de la rue boucherie st georges du batiment st vincent de paul des trinitaires pour la relier à la rue doyenné. La section percée est parallèle à la rue dorée (gonin).
La section apparait en grisé sur le plan de 1847 de tardieu et percé sur le plan de 1849 de Noellat, je ne sais pas si l'indication permet de dater le percement en 1848 ? Lien des cartes ci dessous.
En outre, vanario date à 1846 le changement de nom de la rue boucherie en celle du doyenné alors que sur le plan de 1849 elle est encore nommée rue de la boucherie ?
Existe t'il des photos des monuments (même en ruine) comme la chapelle st romain, l'église st pierre le vieux ou certaines rues disparus lors des travaux de ce secteur de l'archevêché ?
Merci.
Réponse du Guichet
Le croisement de plusieurs sources permet de définir que le percement de la portion de la rue du Doyenné située entre la rue Bellièvre et la rue Saint-Pierre-le-Vieux a eu lieu entre 1841 et 1844. Un compte-rendu de séance du conseil municipal du 26 mars 1846 valide l’extension de la dénomination «rue du Doyenné» à la rue de la boucherie Saint-Georges.
Si les cartes et plans sont des alliés précieux lorsqu’on s’intéresse à l’évolution urbaine d’un quartier, ils ne sont pas toujours une ressource qui permet de dater avec précision les transformations urbaines : certains plans peuvent anticiper des projets d’aménagement connus, d’autres omettent de mettre à jour certains changements, et si on compare plusieurs sources pour une même période, elles en viennent parfois à se contredire. Un plan réalisé sous l’autorité d’un service municipal aura plus de rigueur qu’un plan touristique réalisé par un éditeur de guides.
Voici une sélection de cartes consultables sur le site des Archives municipales de Lyon, en complément des deux plans de Tardieu et Noellat que vous citez :
Plan d'une partie de la Ville de Lyon, représentant le projet d'ouverture de la rue du Doyenné jusqu'à la rue de la Boucherie-Saint-Georges, 1841 (cote 3S0314) : il montre avec précision le projet auquel vous vous intéressez.
Nouveau plan topographique et pittoresque de la ville de Lyon, 1844, J.B. Noëllat (cote 3S0125) : On peut constater sur ce plan de 1844 que la liaison entre les deux rues est déjà représentée !
Nouveau plan de Lyon, 1847, avec ses embellissements projetés (cote 3S0126) : ce plan de 1847 utilise déjà le nom de «rue du Doyenné» de la place Saint-Georges à Saint-Jean.
A l’inverse, sur le Nouveau Plan de la ville de Lyon de 1852 édité par Boulieu et consultable sur Gallica , on trouve une représentation du secteur qui semble ignorer les travaux réalisés comme le changement de nom !
Il est donc essentiel de compléter sa recherche en explorant des ressources complémentaires: ouvrages sur l’urbanisme, presse de l’époque, fonds d’archives des services municipaux…
Date des travaux de percement de la rue :
On trouve dans le journal Le Censeur (1834-1849), consultable sous forme numérisée sur Numelyo, plusieurs articles relatifs au projet de prolongement de la rue Boucherie-saint-Georges / rue du Doyenné, en 1840-1841, ainsi que deux articles postérieurs qui permettent de cerner la période des travaux :
Le Censeur du vendredi 15 décembre 1843 reproduit le contenu de la séance du 11 décembre 1843 du Conseil municipal de Lyon, où figure parmi les dépenses extraordinaires un «Deuxième fonds pour l’ouverture de la rue du Doyenné». Les travaux étaient donc en cours à cette date.
Le Censeur du 15 juillet 1844 nous confirme qu’ «Après de longues difficultés, la rue du Doyenné est enfin ouverte et communique maintenant de la rue de l’Archevêché à celle de la Boucherie Saint-Georges; c’est là une amélioration importante (…)».
Vous pouvez consulter les ouvrages suivants, qui vous apporteront des informations complémentaires sur ce projet de percement visant à rejoindre les places Saint-Jean et Saint-Georges :
Histoire des églises et chapelles de Lyon, de J.-B. Martin, 1908, tome II (extrait consultable sur Google books) :
Dans le chapitre consacré aux sœurs Saint-Vincent de Paul, l’auteur s’intéresse au prolongement de la rue du Doyenné, qui implique la démolition d’un bâtiment appartenant au sœurs et leur déplacement à proximité, voir p. 78-79 : «Un important accord fut conclu, le 16 août 1842, entre la ville de Lyon et le bureau de bienfaisance du 6e arrondissement, représentant les sœurs et l’œuvre, au sujet du percement de la rue du Doyenné. La ville, est-il dit dans l’acte, a depuis longtemps conçu le projet de faire communiquer la place Saint-Jean avec celle de Saint-Georges par l’ouverture de cette rue. Ce projet avait même reçu un commencement d’exécution depuis l’archevêché jusqu’à la rue Saint-Pierre-le-Vieux; là, on fut arrêté par la difficulté de trouver un local pour loger les sœurs en attendant la reconstruction de leur maison qui arrivait jusqu’à la rue Dorée et qui était condamnée à être démolie pour faire place à la nouvelle rue. Une intéressante lettre de M. Gilardin à M. Terme, maire de Lyon, en date du 17 avril 1841, révèle une autre difficulté (…) Enfin la ville s’étant fait autoriser, le 3 mai 1841, à recourir à l’expropriation, on traita de gré à gré. Elle donna 70.000 francs pour la démolition de la maison et la cession d’une bande de 8 mètres; on ajoutait 3.000 francs pour le déplacement des sœurs. (…) Pour avoir, dans la maison qu’elles allaient construire, autant de logement que dans l’ancienne, les sœurs durent acheter à leur voisin M. Mory un terrain de 16 mètres de long qui lui restait sur la nouvelle rue. L’acte fut signé en mars 1844; (…) Il fallut aussi surélever la maison Lagneau, afin de gagner en hauteur ce qu’on perdait en surface. Les constructions se firent en 1843 et 1844. (…)»
Voir également dans Lyon : silhouettes d'une ville recomposée : architecture et urbanisme, 1789-1914 / Dominique Bertin et Nathalie Mathian, p. 48-50 "Le quartier du palais de justice et de Saint-Georges", ainsi que la note n°58, p. 58 consacrée à ce percement.
Une recherche auprès des Archives municipales de Lyon vous permettrait sans doute d'obtenir des dates plus précises pour le déroulé des travaux et ses différentes étapes.
Changement de dénomination
A propos du changement de dénomination de la rue de la boucherie Saint-Georges, on trouve dans le Censeur du 2 avril 1846 un compte-rendu de séance du conseil municipal de Lyon du 26 mars 1846 entérinant le changement de plusieurs noms de rues. Vous pouvez y lire le rapport de M. Boullée, on l’on apprend que suite à des pétitions de propriétaires des rues du Petit-Soulier et de la rue Misère, le maire fit plusieurs propositions de nouvelles dénominations, avec comme objectifs: «restreindre les changements réclamés aux seules rues que la naïve crudité de nos pères avait marquées de dénominations indécentes ou disgracieuses par leurs termes mêmes ou par les allusions qu’elles rappellent; soumettre, autant que possible, à une appellation univoque toutes les parties d’une voie publique qui suivent la même direction; n’admettre que des noms d’une prononciation nette et facile pour la classe inférieure (…)». La commission des intérêts publics s’étant prononcée sur les propositions du maire, elle propose également «d’étendre la dénomination de rue du Doyenné à l’ancienne rue de la Boucherie-Saint Georges, de sorte que la rue du Doyenné s’étendrait jusqu’à la place Saint-Georges». Selon le compte-rendu publié dans le Censeur, la proposition est adoptée.
La Nomenclature des rues de la ville de Lyon parue en 1847 (consultable sur Google books) semble confirmer le changement tout frais de ce nom : une première entrée Doyenné (rue du) la fait débuter rues de l'Archevêché et des Deux-cousins et aboutir rue de Bellièvre, tandis que la page "Omissions" publiée en fin de liste ajoute l'élément suivant : "Doyenné (rue du), prolongée de celle de la Boucherie-Saint-Georges"
Mais dans la Revue du Lyonnais n°11, de 1855 (p. 271), on peut lire un article sur des "Modifications apportées dans la dénomination de quelques rues de Lyon" où figure une mention de la rue du Doyenné : «Vers la fin de juillet, l’autorité a fait placarder un arrêté préfectoral apportant de nombreux changements dans la dénomination des voix publiques de la ville de Lyon (…) Cinquième arrondissement (…) Rue du Doyenné – Rue du Doyenné (de la place Saint-Georges à la place Saint-Jean)». Il nous semble étonnant qu'il ait fallu presque dix ans pour officialiser ce changement de nom. S'agirait-il de l'absorbtion d'un nouveau tronçon ?
Concernant votre dernière question, nous vous laissons le soin de venir consulter la documentation à votre disposition au service de la Documentation régionale, ou de poser une nouvelle question au Guichet du savoir (voir la rubrique du Guichet du savoir - Comment ça marche qui stipule de poser une seule question à la fois)
En vous souhaitant bonne continuation dans vos recherches !