Qui possède et gère les grands musées de Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
Ma question concerne les grands musées lyonnais : musée des Confluences, musée des Tissus, Gadagne, CHRD, musée des Beaux-Arts, collections de feu le musée des HCL, Guimet l'abandonné, Lugdunum musée et théâtres romains, musée Lumière, musée urbain Tony Garnier, musée de l'Imprimerie, musée de la Miniature et du cinéma, musée d'Art contemporain, musée de l'automobile de Rochetaillée... J'en oublie.
Qui est propriétaire des bâtiments ? Des collections ?
De qui relève le financement et la gestion de ces institutions ? Ville ? Métropole ? Région ? État ? Privé ?
Quels sont les élus municipaux, métropolitains ou régionaux qui ont délégation de compétence sur les différents musées publics de l'agglomération ?
Existe-t-il des documents ou des publications sur ce sujet ? Que de questions ! Merci de l'aide que vous m'apporterez pour débrouiller cet écheveau de responsabilités.
Réponse du Guichet
Le statut et la situation des musées lyonnais recouvrent des cas de figure assez variés. Si nous vous apportons ici quelques éléments de réponse, l'ampleur de la recherche et l'absence d'un document de synthèse préexistant ne nous permet pas de balayer tous les aspects qui vous intéressent.
Le panel des musées lyonnais recouvre des réalités assez hétérogènes, comme en témoigne Isabelle Lefort dans un document intitulé L’identité lyonnaise au risque de ses musées, publié en 2011 (consultable sur halshs.archives-ouvertes.fr):
«L’hétérogénéité qualifie également les statuts de ces musées; elle constitue nécessairement une variable dans la mise en place d’une synergie globale des acteurs et des structures. En l’absence de musées nationaux donc, les musées lyonnais relèvent des statuts municipaux (musées de l’Imprimerie, des Beaux Arts, Gadagne, d’Art Contemporain –MAC -, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation –CHRD -, associatif de 1965 à 1992), départementaux (Musée gallo-romain de Fourvière, Confluence) ou privés, sous statut associatif (Musée africain, Institut Lumière) voire consulaire (musée des Tissus). Le label Musée de France est par ailleurs transversal à cette classification (CHRD,MAC, Musée de l’Imprimerie, Musée des Hospices civils, des Arts décoratifs, des Beaux Arts, des Tissus entre autres).»
Le statut et la tutelle de plusieurs musées ont évolué depuis la réalisation de ce document : les musées départementaux situés sur le territoire de la Métropole sont passées sous la tutelle métropolitaine, le Musée des tissus est passé de la tutelle de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon à une gestion par un groupement d’intérêt …
Nous n’avons malheureusement pas trouvé de document faisant une synthèse de toutes les questions que vous posez pour les différents musées lyonnais. Vu le nombre de lieux évoqués, nous nous efforcerons donc de vous fournir autant d’informations et pistes de recherche que possible, mais ne pourrons pas répondre à toutes vos questions.
Les musées municipaux
La Ville de Lyon gère six musées municipaux, listés sur la page consacrée par la ville à sa carte musées :
- Centred'Histoire de la Résistance et de la Déportation
- Musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique
- Musée de l’automobile Henri Malartre
Comme l’indique la charte de coopération culturelle de la Ville de Lyon 2017-2020, ces six musées sont en régie municipale directe.
Claire Bosseboeuf, dans Les collectivités territoriales et leurs musées : recherches sur le développement et les modalités de gestion et de gouvernance d’un service public local (Université René Descartes- Paris V, 2012, consultable sur tel.archives-ouvertes.fr) indique que «La ville de Lyon recourt au procédé de la délégation de signature pour assurer la gestion de ses six musées: rattachés à la direction générale à la culture, ils disposent d’un budget voté annuellement par le conseil municipal, et en assurent eux-mêmes une partie de son exécution, dans le respect des enveloppes budgétaires qui leur ont été allouées.»
Vous trouverez l’organigramme de la Direction des affaires culturelles sur le site de la Ville de Lyon, rubrique «Vie municipale»,voir «culture, patrimoine et évènements. Pour connaître les élus en charge de la culture à la Ville de Lyon, reportez-vous à la rubrique Vie municipale.
Les bâtiments de l’Hôtel de Gadagne et de l’ancien Palais Saint-Pierre appartiennent à la Ville de Lyon, comme en témoignent les notices de la base Merimée portant sur ces bâtiments. Nous supposons que les autres musées sont dans la même situation mais vous laissons le soin de le vérifier par vous-même. Il en est de même pour les collections de ces musées.
Pour plus de détails sur la gestion de ces institutions, vous pouvez contacter directement la Direction des affaires culturelles de la Ville de Lyon. Vous pouvez également consulter les rapports d’activité des différents établissements, généralement en ligne sur leurs sites respectifs.
Les musées métropolitains
Vous trouverez sur le site de la Métropole de Lyon la liste des musées dont elle assure la gestion, musées qui dépendaient du département du Rhône avant la création de la Métropole :
- Lugdunum, Musée et Théâtres romains. Selon cet article paru dans le Progrès du 13 novembre 2015, Bâtiment invisible, le musée gallo-romain veut retrouver la lumière, le bâtiment appartient désormais à la Métropole de Lyon.
- Musée des Confluences: Sur la page du site web du musée consacrée au projet, on peut lire que sa construction a été initiée par le Département du Rhône, qui a «décidé la création d’un établissement public de coopération culturelle à caractère industriel et commercial (EPCC-IC) pour la gestion du musée des Confluences.Cet établissement public, créé par arrêté préfectoral en avril 2014 est administré par un conseil d’administration, composé de 23 membres, représentant des personnes publiques (Grand Lyon Métropole, École normale supérieure de Lyon, Ville de Lyon), des personnalités qualifiées et des élus du personnel du musée.»
Vous pouvez lire en ligne le rapport d’activité 2019 du musée des Confluences, voir les rubriques Finances et juridique et Gouvernance où vous trouverez les membres du Conseil d’administration.
Sur sa page Culture, le site web de la métropole indique également l’Hôtel-Dieu et Charité parmi les musées «pilotés» par la Métropole. Après la fermeture de la Cité de la gastronomie, qui avait fait l’objet d’une délégation de service public (voir l’article paru dans La Gazette des communes (site web) le jeudi 1 octobre 2020, Confier des lieux culturels à des acteurs privés, une fausse bonne idée ?), la Métropole a décidé de rouvrir au public l’accès à certaines salles de l’Hôtel-Dieu, dont certaines faisaient partie de l'ancien musée des hospices civils de Lyon.
En revanche, le musée des Hospices civils de Lyon qui a dû quitter l’Hôtel-Dieu lors de sa reconversion reste un musée sans lieu d’accueil du public dont les collections appartiennent aux Hospices civils de Lyon.
Pour plus d’informations sur les différents élus et commissions de la Métropole, voir la rubrique Organisation politique. Vous pouvez également contacter directement la Métropole pour obtenir les réponses qui vous manqueraient.
Le musée des tissus, un partenariat public-privé
Le Musée des tissus, anciennement géré par la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon, a été menacé de fermeture. C’est finalement la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a été moteur pour le sauvetage de ce musée, voir cette brève de l’Influx du 12 octobre 2017: Musée des Tissus : un projet pour une « renaissance ».
Vous trouverez sur le site de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne une note de session relative à la vente des bâtiments du Musée des Tissus et du Musée des Arts Décoratifs à la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Sur le site web du musée, la page consacrée au renouveau du musée nous apprend que «Le musée est porté par un groupement d'intérêt public composé de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Chambre de Commerce et d'Industrie Lyon Métropole–Saint-Étienne–Roanne et l'Union Interentreprises Textiles Auvergne-Rhône-Alpes.». Voir également la page Structure et comité
Pour connaître les élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes, voir la rubrique Les élus sur le site web de la région.
Musées privés
- Le musée urbain Tony Garnier est porté par une association loi 1901 Musée urbain Tony Garnier. On peut lire sur son site web qu’il est subventionné par la Ville de Lyon, la Région Auvergne Rhône-Alpes, Grand Lyon Habitat.
- Le Musée des moulages dépend quant à lui de l’université de Lyon 2, propriétaire des bâtiments et des collections. Voir Usine de confection corsetterie Revel & Grillot, actuellement musée des Moulages de l'université Lumière Lyon 2 sur Mérimée (notice de 2001). Lire également Nouveaux espaces, nouveau Mumo. Retour sur la réouverture du musée des Moulages de Lyon, Sarah Betite, La lettre de l’OCIM, n°195, mai-juin 2021, p. 46-52«il est un service de l’université Lumière Lyon 2»
Tribune de Lyon publiait dans son numéro du 25 février 2021 un article intitulé A Lyon, les musées privés s’essoufflent, que vous pouvez consulter à la bibliothèque ou sur la base Cafeyn, que vous pourriez lire avec profit.
Plusieurs des musées lyonnais bénéficient du label «Musée de France», voir sur le site culture.gouv.fr, ce qui induit que leurs collections sont inaliénables.
Nous avons peu parlé du financement dans nos précédentes réponses. Si les collectivités en charge de la gestion de musées ont bien sûr un rôle prépondérant dans leur financement, les sources de financement sont généralement multiples, peuvent marier subventions publiques et apports privés, mécénat… nous vous laissons le soin de faire vos recherches sur ce sujet. N’hésitez pas à exploiter, outre les sites des musées eux-mêmes et des collectivités, la presse en ligne, qui s’avère être une source de renseignements intéressante, comme cet article sur les subventions du musée des Confluences paru en 2016 sur France info culture, ou cet article paru dans le Tout Lyon le 14 février 2016, Financement des musées : la nécessaire ouverture au privé . Vous pouvez notamment interroger la base de données Europresse.
A lire également: la question du guichet Musée privé