Que sont devenues les collections de graines de l'Institut du Tabac de Bergerac ?
Question d'origine :
Sait-on ce que sont devenues les collections de graines de l'Institut du Tabac de Bergerac (Dordogne) depuis sa fermeture ?
Réponse du Guichet
C'est la société Bergerac Seeds and Breeding (BSB) qui a en charge l'une des plus grandes collections de tabac du monde depuis la fermeture au printemps 2022 de l’Institut du tabac de Bergerac qui l'hébergeait.
Bonjour,
L’Institut du tabac de Bergerac (ITB) qui abritait une collection de graines de plus de 1 100 espèces de Nicotianées, dont près de 800 de tabac, a été créé en 1927 suite au Rapport Citroën de la commission chargée d'étudier les questions concernant l'organisation et le fonctionnement des monopoles des tabacs et des allumettes, remis en 1923 :
Le but : mener des recherches tous azimuts pour améliorer les techniques de production, les variétés, les résistances aux maladies et aux ravageurs…, et conserver ainsi une industrie compétitive. « L’idée était d’améliorer le tabac … de la graine à la fumée … » raconte son ancien directeur, René Delon, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.
•• Pendant des décennies, les équipes de l’institut mènent des activités de recherche et de production. Jusque dans les années 1980, une vraie ferme de 90 hectares en polyculture-élevage y est entretenue. Le fumier d’un troupeau de vaches laitières et d’autres animaux permet notamment d’amender les cultures de tabac.
Dans les années 1970, l’institut emploie une centaine de salariés permanents et de nombreux saisonniers.
En 2007, il occupe 40 000 mètres carrés avec 1 000 mètres carrés de laboratoires et 900 mètres carrés de serres. L’ITB est aussi un lieu d’échange de savoirs et une vitrine qui accueille, en 1955, le premier Congrès scientifique international du tabac, et inaugure en 1980 l’itinéraire touristique de la « Route du tabac ».
•• La fin du monopole de la Seita (Société nationale d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes) dans les années 1970, les fusions et rachats successifs contribuent au déclin de l’Institut du tabac. « Quand je suis devenu directeur, en 2000, nous n’étions plus que 38 », se souvient René Delon (voir 23 octobre 2014).
Peu à peu, les terrains de l’Institut du tabac sont vendus. L’institut est officiellement fermé en 2014. Le groupe britannique Imperial Tobacco, propriétaire de la Seita depuis 2008, ne conserve sur place qu’un laboratoire de génétique appliquée où travaillent cinq personnes. La fermeture de ce dernier est annoncée en septembre 2021, en même temps que 127 licenciements à la Seita.
Les trois techniciens ont officiellement quitté leur poste fin avril. Tous auraient retrouvé un emploi en Dordogne et dans leur secteur d’activité. Les deux docteurs en génétique appliquée, dont le directeur François Dorlhac de Borne, sont aussi sur le départ.
Qu'est devenu ce patrimoine unique en Europe déclaré « collection nationale » par le Conservatoire des collections végétales spécialisées ?
Contactée par Sud-Ouest, la Seita assure que « tout sera mis en œuvre pour pérenniser la collection », tout en précisant « qu’aucune décision n’a été » prise quant à son devenir. La collection est pour l’heure entretenue sur place par la société BSB.
Source : Institut du Tabac de Bergerac : que vont devenir les 1 100 espèces de Nicotianées ?, Le monde du tabac, 19 mai 2022
Cependant l'article Tabaculture : la Dordogne héberge toujours une des plus grandes collections de graines de tabac au monde, Le monde du tabac, 21 juillet 2024 indique que, officiellement, elle appartient toujours au groupe Imperial Brands, propriétaire de la Seita, qui en a ouvert l’accès aux chercheurs du monde entier :
Mais une collection de graines, contrairement aux timbres ou aux fèves, cela s’entretient. Il faut les replanter régulièrement pour produire des graines fraîches. C’est l’entreprise Bergerac Seed and Breeding (BSB) qui se charge de ce travail.
•• Née à la disparition de l’Institut du tabac, elle est spécialisée dans la production de semences pour les tabaculteurs du monde entier. Elle occupe toujours le Domaine de la Tour, à Bergerac, face à la poudrerie.
« Comme nous utilisons cette collection au quotidien dans nos travaux, nous partageons les frais d’entretien avec Imperial Brands » explique Anna Malpica, responsable de recherches. « La collection compte 1 211 variétés déclarées, mais nous avons continué de l’enrichir avec des dons du monde entier. On fait en sorte que chacune soit multipliée tous les huit ans à raison de 150 par an environ. »
•• Les milliers de minuscules graines sont rigoureusement classées et conservées dans des salles où la température et l’hygrométrie sont contrôlées en permanence. « Cette collection est la matière première qui nous sert à pérenniser ou créer des variétés » précise Anna Malpica. « On va y trouver des caractères d’intérêt et les marier à des variétés qui s’adaptent bien aux conditions locales de production de nos clients. »
Depuis quelques années, BSB ne fait pas que du tabac et met aussi à profit son savoir-faire pour le compte de clients extérieurs sur d’autres espèces de végétaux comme des fruits et légumes. Toujours dans une optique de sélection.
Sur sa page Tabaculture : BSB, l’héritier de l’Institut du tabac de Bergerac, approvisionne le monde entier, le site Le monde du tabac confirme qu'en 2015, alors que l’Institut du Tabac de Bergerac (Dordogne) est officiellement fermé, la société Bergerac Seeds and Breeding (BSB) est créée :
C’est France Tabac, regroupement des producteurs, qui en est à l’origine. Elle est spécialisée dans la création et la production de semences de tabac pour l’agriculture (voir 9 avril 2015).
•• Elle s’installe dans d’anciens locaux de l’institut, sur le site de La Tour à Bergerac, et démarre avec six de ses anciens salariés.
Aujourd’hui, BSB reproduit toujours ses variétés de tabac sur une parcelle de quatre hectares, le long du boulevard Charles-Garraud où, déjà, l’institut avait une partie de ses plantations.
La petite entreprise fournit des graines de tabacs à des planteurs du monde entier pour répondre à des besoins bien spécifiques selon l’usage (cigarettes, shishas, cigarillos, extraction de nicotine…) et les conditions de production (climats, résistance aux maladies et aux ravageurs …).
•• À la disparition de France Tabac, BSB a été repris par la Caisse de réassurance mutuelle agricole des planteurs de tabac français, qui dépend de Groupama.
C’est aussi BSB qui entretient la collection de graines de tabac et autres Nicotianées réunie à l’Institut du tabac.
Aujourd'hui l'INSTITUT DU TABAC, toujours situé à Bergerac, se spécialise dans la biotechnologie du tabac. L'institut se focalise sur l'ADN recombinant et le séquençage du génome pour améliorer les variétés de tabac. Il gère une base de données exhaustive sur le tabac, facilitant la recherche génétique et la sélection végétale. Grâce à des techniques avancées, il optimise la résistance des plantes aux maladies et améliore les rendements. Ces efforts soutiennent l'innovation agricole et la durabilité dans la culture du tabac.
Si besoins, vous pouvez contacter l'institut grâce à son tchat en ligne.
A lire aussi :
« 1 211 variétés déclarées » : Pourquoi la Dordogne héberge toujours une des plus grandes collections de graines de tabac au monde ?, Sud-Ouest, 20/07/2024
Institut du tabac de Bergerac : l’histoire de près d’un siècle de recherches, Sud-Ouest, 14 mai 2022
Institut du tabac de Bergerac : « Le dernier labo de recherche va fermer », Sud-Ouest, 28 septembre 2021
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