Qu'est-ce qu'une oeuvre "shakespearienne" ?
Question d'origine :
Bonjour.
J'aimerais savoir ce que l'on qualifie d'oeuvre "shapesearienne" ?
Par avance, merci :)
Réponse du Guichet
Une "oeuvre shakespearienne" est soit une oeuvre créée par Shakespeare, soit une autre oeuvre (pièce, roman, film...) dont les thèmes, l'ambiance ou les personnages évoquent l'oeuvre de Shakespeare.
Bonjour,
Nous supposons que vous nous interrogez sur le sens de l'expression "oeuvre shakespearienne". Si nous nous sommes trompés, n'hésitez pas à clarifier votre question soit via un commentaire, soit en posant une nouvelle question.
L'adjectif "shakespearien" désigne ce qui est relatif au dramaturge William Shakespeare, à son théâtre, à son oeuvre.
Il désigne aussi tout ce qui évoque l'univers du théâtre de Shakespeare. Citons à ce propos Christine Sukic qui dans son article « Il est shakespeare! » : le génie shakespearien dans quelques vies françaises s'interroge sur le sens de ce terme :
Cet article, qui s’inscrit dans un travail mené en collaboration avec des spécialistes de Shakespeare et d’études françaises, vise à se demander ce qui est «shakespearien», adjectif utilisé dans nombre de contextes, du trivial à l’érudit. Ainsi, dans le Trésor de la langue française, le mot est défini comme voulant dire «qui évoque l’univers du théâtre de Shakespeare» ; on parle d’une «ambiance shakespearienne». Un des exemples donnés vient du Journal de Goncourt pour 1863 : «Il est ivre, ivre de vin et de sa fête [...], du bruit, de tout ce décor éblouissant de joie... il était, ainsi, fantastique idéal, shakespearien, de l’Hoffmann mêlé à du Balzac» (p.1236). Il est à noter que l’autre exemple, tiré de la Correspondance de Flaubert, combine également deux auteurs: « il me semble que Michel-Ange est quelque chose d’inouï, comme serait un Homère shakespearien, un mélange d’antique et de moyen âge, je ne sais quoi» (1851, p.313)1. Chez Goncourt, le «shakespearien» est une espèce de fête permanente que caractérise le bruit, alors que pour Flaubert, il s’agit plutôt de quelque chose d’indéfinissable: « quelque chose d’inouï », « je ne sais quoi ». On note également que, plutôt qu’un adjectif qui dénoterait un style littéraire, ou bien une thématique particulière, celui-ci semble plutôt définir une personne, en particulier chez Goncourt.
La définition du «shakespearien» intéresse tous les «Shakespeariens» et les «Shakespeariennes» — le substantif définissant ici non un caractère, mais les membres d’une communauté de spécialistes. Pourquoi l’adjectif porte-t-il à la fois sur un aspect littéraire de l’œuvre (ce qui serait de l’ordre du fantasque, du passionné, de tout ce qui appartient aux sens plutôt qu’à la raison), et sur une personnalité, un comportement humain ?
Pour revenir à votre question, une "oeuvre shakespearienne" est donc, selon le contexte, soit une oeuvre créée par Shakespeare, soit une autre oeuvre (pièce, roman, film...) dont les thèmes, l'ambiance ou les personnages évoquent l'oeuvre de Shakespeare.
On peut aussi parler de "l'oeuvre shakespearienne" pour désigner l'oeuvre de Shakespeare dans son ensemble.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur Shakespeare et son oeuvre, voici quelques biographies issues de notre catalogue :
Shakespeare / Henri Suhamy
Une biographie du dramaturge anglais, actif sous les règnes d'Elisabeth Ière et de Jacques VI d'Ecosse. L'auteur retrace son parcours et expose les raisons de son immense prestige, toujours croissant.
Will le magnifique / Stephen Greenblatt
Qui était Shakespeare ? De l'homme, rien ou presque n'a survécu. Seule l'oeuvre a traversé les siècles. Se pourrait-il qu'elle éclaire une partie de ce mystère que le dramaturge semble avoir délibérément entretenu ? Stephen Greenblatt le croit. Et avec sa tranquille érudition nous en offre une lecture passionnante, la confrontant à l'histoire du XVIe siècle élisabéthain et aux plus récentes découvertes. La voix de Shakespeare est alors si présente, l'Angleterre décrite si vivante qu'elles donnent à l'ouvrage une saveur d'autobiographie. Le monde dans lequel le dramaturge a grandi revit sous nos yeux, les rites et les traditions, les travaux des jours et des saisons, les expériences sensorielles et émotionnelles. On découvre avec étonnement comment s'est forgé l'imaginaire de l'artiste, de quels souvenirs son oeuvre est pétrie, quelles associations d'idées sont à l'origine d'un vers ou d'une scène, comment cet homme, qui a fui sa province natale et le métier de gantier qui lui était promis, a transformé sa vie, sans appui ni héritage, en une incroyable success story. Mais le portrait serait incomplet s'il n'avait pour toile de fond l'Angleterre elle-même, Londres et sa prodigieuse vitalité, coeur d'une nation déchirée par les persécutions religieuses et sur le point de basculer du Moyen Âge vers les Temps modernes, dans cette Renaissance foisonnante que Stephen Greenblatt - les lecteurs de Quattrocento le savent - raconte mieux que personne.
Bonne journée.