La confession existait-elle dans l'Antiquité et existe-t-elle dans d'autres religions ?
Question d'origine :
Bonjour,
La confession est un des piliers du catholiscisme. Cette pratique existe-t'elle dans d'autres religions et existait-elle dans l'Antiquité ?
Merci par avance.
Eveline
Question d'origine :
Bonjour,
La notion de pardon est primordiale dans la religion catholique. Elle me semble l'être également dans le protestantisme.
Existait-elle déjà dans l'Antiquité et existe-t'elle dans d'autres religions actuelles ?
Merci par avance de votre réponse.
Eveline
Réponse du Guichet

La confession et le pardon sont intimement liés dans le contexte chrétien. Bien qu'elle puissent recouvrir des notions et pratiques différentes, cette pratique et cette notion sont présentes dans un grand nombre d'aires culturelles.
Dans le catholicisme, la notion de pardon est intimement liée à la pratique de la confession lors du sacrement de pénitence et de réconciliation. D’après le Dictionnaire des religions dirigé par Paul Poupard, (T.02, entrée réconciliation):
«L’homme, qui demeure enclin au péché, peut retrouver l’union avec Dieu par l’aveu de ses fautes accompagné de repentir, suivi du pardon remis au nom de la miséricorde de Dieu, par le prêtre, ministre du sacrement au nom de l'Église.»
- La confession:
Cette pratique de l’aveu de ses fautes se retrouve dans des contextes très variés. Ainsi, toujours dans le Dictionnaire des religions dirigé par Paul Poupard, sont recensées des pratiques de ce type dans des contextes culturels très différents, par exemple chez les aztèques:
«Chez les aztèques, ceux qui avaient commis quelque lourde faute pouvaient se confesser et se faire absoudre. Mais on ne pouvait se confesser qu’une fois dans sa vie: aussi ne le faisait-on que le plus tard possible. […]
Le pénitent s’adressait à un prêtre qui fixait une date appropriée en consultant les livres sacrés. Après avoir brulé de l’encens, le prêtre invoquait le couple primordial et invitait le fidèle à dire toute la vérité. Il lui imposait une pénitence (jeûnes, scarifications) plus ou moins sévère. Il était tenu au secret le plus absolu.
La confession ne permettait pas seulement au pénitent de se faire absoudre, mais encore le mettait à l’abri de toute poursuite, de toute condamnation par la justice humaine.»
Le même dictionnaire s’attarde également sur la pratique de la confession dans le jaïnisme. Dans cette religion, qui ne conçoit pas l’existence de Dieu, les péchés ne sont pas des offenses à un être suprême, mais des souillures qui contribuent à l’accumulation de karma, obstacle sur le chemin de la libération. Il existe donc dans le contexte jaïn deux formes rituelles de confession, pratikramana et âlocanâ. La première est une confession périodique et communautaire, qui permet d’effacer les fautes commises par négligence, inattention ou fragilité. La seconde est individuelle, et consiste confesser une faute en particulier à un religieux ou un laïc. Celui-ci indiquera alors au pénitent les modalités de réparation adéquates.
Enfin, une entrée est consacrée à la confession des péchés chez les populations à traditions orales. Celui-ci s’appuie en grande partie sur les recherches menées entre 1926 et 1936 par le pionnier de l’histoire des religions Raffaele Pettazzoni.
Dans son ouvrage La confession des péchés, paru en 3 volumes entre 1929 et 1936, celui-ci s’attachait justement à montrer le caractère universel de ce fait religieux.
La confession est également une pratique bouddhique, qui commence par le repentir de toutes les fautes commises devant les Bouddhas et Bodhisattvas, puis par la résolution de faire des actes vertueux et de pratiquer diligemment. Le site de l’Association Bouddhiste vajrayana en France consacre une page à cette pratique.
Concernant l’existence de rites de confession dans l’antiquité, celle-ci est avérée dans le contexte égyptien, et est notamment évoquée au chapitre 125 du Livre des morts.
Enfin, pour ce qui est de l’antiquité romaine, on peut citer le cas des «stèles de confession» retrouvées en Anatolie et datant essentiellement des IIe et IIIe siècles. Nicole Belayche présente une synthèse des travaux qui leur sont consacrées dans sa communication «Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie».
- Le Pardon
Le pardon, quand à lui, est défini par le trésor de la langue française comme «action de tenir pour non avenue une faute, une offense, de ne pas en tenir rigueur au coupable et de ne pas lui en garder de ressentiment». Il recouvre donc, dans le cadre religieux, deux dimensions, profondément connectées dans le contexte chrétien. D’une part le pardon que l’on peut recevoir de Dieu, d’autre part celui que l’on peut accorder aux hommes.
Dans le dictionnaire des faits religieux dirigé par Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger, l’anthropologue Sandra Fancello écrit:
«Dans le christianisme, la mort et la résurrection du Christ sont considérés comme la source de salut et de rédemption («Christ a racheté nos péchés, il nous a libérés»). Cette conception va de pair avec le pardon qui libère, c’est-à-dire la restauration de la relation entre Dieu et les hommes et entre les hommes eux-mêmes. La délivrance au sens large englobe le pardon dans ses deux sens, celui que l’on accorde et celui que l’on reçoit, le pardon étant lui-même la condition première de la délivrance, comme l’illustre la prière chrétienne: «Notre Père, pardonne –nous nos offenses – comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé – et libère-nous du mal». Pour le chrétien, pardon, salut et délivrance vont de pair. Le pardon est l’une des voies du salut dans la mesure où le croyant consent, à l’image de Dieu lui-même («pardonnez-nous nos péchés»), à accorder son pardon à autrui («comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé»), et ouvre ainsi la voie à la réconciliation.»
Même au sein des religions monothéistes, les conceptions du pardon ne se recouvrent pas strictement.
Le site internet du quotidien catholique la croix se demande en quoi le message de Jesus christ transforme profondément la conception de la notion de pardon en vigueur dans le judaïsme, en découplant celui-ci du repentir.
Réformés.ch, le site internet de la Conférence des Églises protestantes de la Suisse Romande, consacre quant à lui un article à la notion de transgression et la recherche de pardon dans les monothéismes.
Vous pouvez également écouter Pardon et réconciliation : assainir le cœur de ses rancœurs, un épisode de l’émission «question d’islam» sur France Culture, consacré au pardon et à la réconciliation dans l’Islam et le christianisme, qui revient sur les deux dimensions du pardon évoquées plus haut.
Mais le pardon peut aussi recouvrir des modalités très différentes dans d’autres contextes culturels. Sandra Fancello écrit, dans l’article déjà cité:
«Mais pardon et délivrance ne se conjuguent pas toujours à la manière judéo-chrétienne. On connaît en Afrique des procédures de pardon et de levée du mal qui coexistent avec les catégories chrétiennes et musulmanes. La tradition mossi au Burkina Faso offre le recours à des procédures de médiation pour faire cesser un cycle de représailles, rétablir un rapport d’alliances qui nécessitent l’intervention des «gens du pardon». […] Mais cette procédure de conciliationest d’vantage une procédure sociale qu’une économie subjective de la culpabilité puisque on demande pardon pour «faire la paix» et se protéger de la violence potentielle du conflit et des représailles. Personne ici ne demande vraiment le pardon ni ne l’accorde, au sens d’un pardon réciproque puisque celui qui «demande le pardon» est un médiateur et, finalement, celui qui «accepte» le pardon, c’est-à-dire qui accepte de «faire la paix», ne pardonne pas, il renonce à recourir à la violence.»
Ce que les autres cultures peuvent nous apprendre sur le pardon, un article publié sur le site BBC News, revient sur les modalités du pardon dans différentes aires culturelles et sur les implications psychologiques de celles-ci.
Vous pouvez également lire l’article de Zhang Ning, professeure à l’université de Genève, dans laquelle elle présente des réflexions sur la notion de pardon dans le contexte linguistique et culturel chinois.
Le dictionnaire d’éthique et de philosophie morale dirigé par Monique Canto-Sperber nous apporte quelques informations sur le pardon dans l’antiquité classique:
«Ce que nous nommons pardon, d’un mot entré dans la langue latine à l’époque carolingienne, est en fait un innommé de la pensée classique. Comment répondre à la faute? La réponse de Platon met en œuvre une logique de l’»ex-cuse», de la mise hors de cause du fautif. Nul n’est méchant volontairement, à nul donc on ne peut philosophiquement «tenir rigueur» de ses fautes. Le fautif est digne de pitié, au même titre que l’étranger dont parlent les Lois. Le méchant certes sera puni: mais la fin rationnelle de son châtiment est médicinale, car «celui qui est puni est débarrassé de la méchanceté de son âme. Une même pitié va pour celui qui subit le mal et celui qui le fait, pour peu que celui-ci soit guérissable. Et l’homme de bien se présente ainsi comme celui qui s’oblige en toute occasion, face au mal commis, à «unir la douceur à l’ardeur des sentiments. […] Une vertu apparaît ainsi […]: la compréhension bienveillante, l’indulgence.».
Vous souhaitant bonnes lecture,
Le département civilisation.