Comment s'appelle une personne qui a une soif intarissable de savoir ?
Question d'origine :
Comment s'appelle une personne qui a une soif intarissable de savoir ?
Réponse du Guichet
Le mot qui vous manque ne serait-il pas épistémophile ?
Réponse du Département Langues et Littérature :
Bonjour Greg,
Pour désigner la soif insatiable de savoir, le substantif qui tout de suite nous vient en tête est la curiosité. Cependant, employé en tant qu’adjectif, curieux ne semble à la fois ni assez fort, et ni assez précis pour coller réellement au sens recherché.
Au XIIIe siècle, le philosophe Thomas d’Aquin a proposé le terme de studiosité pour désigner cet attrait inextinguible pour la connaissance et se défaire des connotations négatives qui accompagnent la notion de curiosité. Mais là encore, l’adjectif que l’on en tire, à savoir studieux, ne correspond pas car il désigne plus particulièrement un personne qui fait preuve d’application dans ses études.
Le mot idéal serait-il absent de notre langue ? Non, rassurez-vous il existe bien, mais c’est dans l’histoire récente de la langue qu’il nous faut le chercher. Au XXe siècle parmi les champs de connaissances qui se développent, il en est un qui va plus spécifiquement s’intéresser à l’étude de l’homme, à ses manies, à ses habitudes et aux désirs qui l’animent : la psychologie. Et c’est dans cette sphère que nous avons trouvé le mot tant recherché.
Dans ses écrits, Freud aborde cette soif de connaissances comme un besoin de compréhension primaire qui apparaîtrait dans l’enfance et qui se construirait en rapport avec le mystère des origines. Il utilise ainsi les termes de « pulsion de savoir » (Wisstrieb en langue originale) et de « pulsion du chercheur » (Forschertrieb) pour retranscrire le caractère impérieux de cet élan de curiosité.
En 1906, un mot fait finalement son apparition dans ses textes pour désigner cette soif : l’épistémophilie. Conçu à partir de la racine grecque epistêmê qui désigne les sciences et le savoir et du suffixe -philie désignant l’amour, ce substantif désigne l’amour de la connaissance et la soif d’apprendre.
On appelera donc épistémophile une personne animée de cette soif sans limite, un qualificatif qui correspond sans doute à bon nombre des usagers du Guichet du Savoir.