Quel est le site météo le plus fiable ?
Question d'origine :
Bonjour
Je viens vers vous pour la question suivante :
J'habite à Valence dans la Drôme et je fais des activités extérieures sur Montmeyran. Je constate que les prévisions sont réactualisées au jour le jour et parfois de façon peu conformes à ce qui était annoncé 2-3 jours auparavant.
Quel est le site le plus fiable pour mon lieu de vie qui permet de connaître les prévisions météo ( soleil pluie vent température) sur 2 à 3 jours ?
Merci beaucoup
Olivier Joubin
Réponse du Guichet
Désolé, mais conseiller une application météo plus fiable que les autres est aussi compliqué que prévoir le temps à cinq jours.
Bonjour,
Aucune source consultée n'a pu nous donner un modèle météo universellement reconnu comme plus fiable que les autres. La météorologie est en effet une science exploitant des données si nombreuses et complexes que prédire de façon satisfaisante au-delà d'un jour ou deux relève de la gageure, comme l'explique un intéressant article de La Recherche :
Le lancer de dé n'est pas un jeu de hasard ! Si l'on parvenait à mesurer parfaitement toutes les conditions initiales (la position du dé au moment du lancer, sa vitesse initiale...), on pourrait prédire sa trajectoire, et donc le résultat, grâce aux équations de la mécanique. En théorie seulement. Car dans les faits, les mesures contiennent toujours une petite part d'incertitude qui empêche de rendre compte des conditions initiales exactes du lancer. Il suffit en effet d'un imperceptible écart, par exemple dans la position de la main, pour changer le résultat final. Quel rapport avec la météo ? En fait, notre dé est un système physique dit chaotique... comme l'atmosphère terrestre ! Dans ces systèmes, une modification infime des conditions initiales entraîne des résultats imprévisibles sur le long terme. Découvert par Edward Lorenz, ce phénomène a été popularisé sous le terme d'« effet papillon » à la suite d'une conférence du météorologue américain en 1972, intitulée « Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? »
[...]
Aujourd'hui encore, la météo est victime de ce chaos. Même si les modèles permettent de réaliser des prédictions très fiables à quarante-huit heures et sur des échelles de deux ou trois kilomètres, les sources d'erreurs sont multiples. Elles se nichent dans les modèles eux-mêmes, qui comprennent une part de simplification, et dans les équations qui les sous-tendent. Ces équations non linéaires n'ont pas de solution analytique, exacte, de sorte qu'on peut n'en obtenir qu'une solution numérique approchée, à l'aide de supercalculateurs. Ces calculateurs, eux aussi, sont limités dans le nombre de bits dédiés au stockage d'un chiffre. Ils font donc des approximations, même si c'est à la 50e décimale près. De même, les mesures atmosphériques réalisées par les satellites et des radars au sol, aussi précises soient-elles, contiennent leur part d'incertitude. Ainsi, ces petites erreurs se propagent dans le modèle à mesure que l'ordinateur réalise ses calculs. Elles ont rarement un grand impact sur la météo du lendemain. En revanche, plus on veut voir loin et dans le détail, plus elles s'amplifient. Au-delà de quelques jours, le chaos ne pardonne plus, l'indice de confiance des prévisions chute, bref la grêle remplace le beau temps annoncé !
Le site Météo Marine liste cinq modèles météo, ces programmes informatiques qui vont " tenter de prévoir le comportement de l’atmosphère en appliquant des règles physiques et mathématiques à des paramètres météo connus ", parmi les plus reconnus :
GFS
Je vous présente GFS (Global Forecast System), le mastodonte américain. Modèle général par excellence, très utilisé sur sa maille de 22km, vous le retrouvez sur la majorité des sites météo.
Avantages : où que vous vous trouviez dans le monde, GFS saura vous fournir une prévision météo long terme gratuitement.
Inconvénients : modèle relativement basique donnant des résultats parfois décevants, surtout localement.
ECMWF
Dans la cour des grands, nous trouvons ECMWF (European Centre for Medium-Range Weather Forecasts). Modèle européen connu et reconnu, sa maille de 9km en fait un excellent outil de travail pour les centres qui ont (ou se donnent) les moyens de l’utiliser.
Avantages : certainement l’un des meilleurs modèles globaux de par la qualité et la fiabilité des prévisions fournies.
Inconvénients : la qualité a souvent un prix, ce modèle payant est peu répandu en ligne car coûteux.
ICON
ICON (Icosahedral Nonhydrostatic) est un modèle allemand de très bonne qualité, aussi bien utilisé pour sa maille de 22km que pour celle de 5km. Le modèle passe-partout par excellence.
Avantages : offre une alternative de qualité intéressante sur l’EuropeInconvénients : et bien, je n’en vois pas vraiment !
AROME
Les français ont développé le modèle très haute résolution AROME (Application of Research to Operations at Mesoscale) pour répondre à des besoins locaux. Sa maille de 1km en fait un outil redoutable de précision.
Avantages : très précis localement à courte échéance.
Inconvénients : usage restreint à ses seuls avantages.
NEMS
Et voici pour finir un modèle un peu différent, le suisse NEMS (NOAA Environment Modeling System). En effet, ce dernier est issu de la compilation de modèles classiques sur lesquels ont été appliqués de l’intelligence artificielle (AI). Il est fort à parier que le deep learning sera de plus en plus présent en météo dans le futur.
Avantages : une approche différente souvent pertinente.
Inconvénients : modèle beaucoup plus performant en montagne qu’en mer.
Bien sûr, il existe de nombreux autres modèles connus tels que ARPEGE, WRF, CFS, … J’ai fait le choix ici de ne vous présenter que ceux qui me semblent indispensables à connaitre sur le bout des doigts !
Un article de Terre.net.fr rapporte les propos du météorologiste et présentateur Louis Bodin, qui explique que chaque modèle a sa spécificité locale, en plus de sa spécificité technologique. La France, en raison de sa diversité géographique, étant un cas particulièrement complexe :
« Les modèles ont des vocations "locales" ». Les algorithmes ne sont pas les mêmes en fonction des spécificités du pays. Par exemple, « en Angleterre où l’influence maritime et océanique est grande, on va travailler un peu plus sur l’intensité des perturbations », de même qu’« en Allemagne où le climat est plus continental on va regarder les zones anticycloniques et de blocages, et les conflits de masses d’air ».
[...]
De son côté, la France est un pays un peu plus compliqué parce qu’on a « plusieurs influences (atlantique, continentale, méditerranéenne) ; tout ça peut se mélanger et complexifier les prévisions ». Il faut donc étudier plusieurs modèles météos pour prévoir le temps qu’il fera dans l’Hexagone.
Là où ça se complique, c’est que « les prévisions peuvent différer en fonction du pays de provenance du modèle. » Il est donc compliqué de choisir le meilleur modèle (s’il existe). « Ça implique un travail de comparaison quotidien sur sa zone ». De plus, « les modèles météo ne sont pas fiables à 100 %, et ne le seront peut-être jamais, la nature nous résistera toujours ». Mais « si on fait le bilan sur une année, sur une prévision à 24h, on est sur une fiabilité de 90 % à 95 % ». Il y a une progression régulière mais elle est moins rapide aujourd’hui qu’elle ne l’était dans les années 90 où on gagnait d’une année sur l’autre 5 à 10 points de fiabilité à 48 h ou à 72 h et encore plus à 24 h ».
Dans le même article, une entreprise spécialisée dans la météo agricole ayant réalisé des comparaison de relevés de centaines de station météo confirme qu'aucune station météo n'est plus fiable que les autres. Il faut ajouter à cela que les crises comme celle du Covid-19 ont des conséquences sur les relevés, ce qui rend les prévisions encore plus hasardeuses :
Sencrop a analysé les relevés météo d’environ 300 stations à travers l’Europe et le résultat est sans appel. « Il n y’a pas un modèle meilleur qu’un autre sur l’ensemble du territoire, ça va dépendre des régions » explique Kevin Guilbert, responsable de l’application Sencrop.
Par exemple concernant les prévisions à court terme (0-24h), le modèle français Arome, est « plutôt bien noté », mais pour la partie ouest de l’Europe, c’est le modèle néerlandais Harmonie qui ressort. Sur la partie long terme (3-7 jours), « on a trois modèles qui se détachent : Arpège de Météo France sur la partie centrale du pays, le modèle suisse MétéoBlue (peut-être en raison de la proximité des Alpes) et Icon, le modèle allemand. »
À noter : un grand absent dans l’utilisation des modèles en Europe, GFS le modèle américain, « repris par la majorité des sites météo en ligne aujourd’hui ». « Il a probablement été impacté par la crise de la covid notamment avec le manque d’observations au niveau des avions ».
Selon le principe qu'à chaque usage convient - relativement - son modèle météo, certains sites dressent toutefois des comparateurs d'application. WikiAgri fait par exemple le point sur plusieurs applications destinées aux agriculteur-trices selon des critères qui leur sont spécifiques. Mais rappelez-vous que plus les prévisions sont éloignées dans le temps, moins les prévisions sont fiables...
Que choisir a également publié un comparateur d'applications météo (article protégé).
Bonne journée (ensoleillée à légèrement nuageuse en ce qui nous concerne).