Qui était Stéphane Pras qui habitait à côté du palais de justice de Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour
qui était Stéphane Pras dont on voit la maison sur cette carte postale à côté du palais de justice
merci pour tout bon courage
Réponse du Guichet
Stéphane Pras était un industriel, fabriquant "de chaussures et de galoches", dont l'entreprise "Pras frères" eut une existence éphémère, entre 1904 et 1914-15.
Bonjour,
La mention "Pras frères" sur les vitrines de l'établissement visible à gauche du palais de justice nous a mis sur la voie d'une entreprise. Et de fait, nous trouvons trace d'un chausseur de ce nom dans l'Annuaire de l'Union fraternelle du commerce et de l'industrie, édition 1907, lisible sur Gallica. Ce grossiste en chaussures et galoches était établi 25 quai de l'archevêché, aujourd'hui Quai Romain Rolland, où se trouve bien le palais de justice.
On peut retracer l'histoire de Stéphane Pras et de son entreprise sur le site histoire-genealogie.com, dans un article rédigé par sa petite-fille Danièle Treuil. On apprend qu'il marchait dans les pas de son père, fabriquant de sabots :
Nous savons que Stéphane mon grand-père est entré en 1904 dans l’affaire qui devient alors « Pras Frères », juste un an avant la mort de son père, qui vient donc de passer presque quarante ans dans le monde du sabot, dont trente à la direction de la fabrique. Il était content sans doute que deux de ses fils puissent reprendre les parts de la société, une SARL : Joseph, grâce à sa belle famille ; Stéphane, grâce à un héritage de sa marraine. Mais peu après, Joseph quitte l’entreprise pour créer sa propre affaire dans le pays de sa femme, près de Saint Étienne. Stéphane va poursuivre et faire construire une usine 41-47 rue du Dauphiné, un quartier familier proche de la rue Garibaldi ; mais il garde un magasin de vente et ses bureaux sur le quai. J’ai retrouvé quelques papiers à en-tête et de petites cartes de présentation, à distribuer aux fournisseurs et à la clientèle.
[...]
L’histoire de cette fabrique m’a paru exemplaire ; elle montre la grande effervescence qui règne dans les affaires dans cette moitié de siècle. Cet essor est favorisé par la construction du chemin de fer (3 000 km en l852, 18 000 km en 1872), l’apparition du télégraphe, le développement prodigieux des banques, la création de la Caisse d’Épargne, la stabilité du franc et peut-être surtout l’absence d’imposition sur les revenus (qui fut créée le 17 juillet 1914).
[...]
Dans notre histoire, à l’origine commerce de détail puis de marchandises en gros, l’affaire devient fabrique avec Claude et s’adapte aux besoins de la clientèle. Après avoir été entièrement consacrée aux sabots, elle propose d’autres produits, notamment les espadrilles, les chaussons, complémentaires du sabot puisqu’ils se portent à l’intérieur, les pantoufles, les galoches et galochettes. Nous ne saurons jamais combien de savetiers l’entreprise a regroupés, du temps de Claude et de ses fils… D’après mon père, une trentaine, je pense plus modestement une vingtaine. Elle fait vivre aussi plusieurs membres de la famille, des fils Pras comme associés ou représentants, ainsi que des beaux-frères et neveux.
Le monde du sabot en déclin
Le règne du sabot commence cependant à décliner, surtout dans les villes. De toute façon, à partir de la fin du siècle - et donc dès avant la mort de Claude - on note la disparition progressive des entreprises artisanales, au profit de grandes industries qui regroupent d’énormes concentrations de capitaux. De nombreuses petites fabriques et ateliers ferment, tandis que s’élèvent de vastes usines.
[...]
La tentative menée par Stéphane, en 1909, pour sauver la fabrique en l’agrandissant et en construisant une véritable usine, n’aboutit pas. Certes Stéphane, mal conseillé, a fait une spéculation malheureuse pour rembourser plus rapidement les emprunts qu’il avait fait auprès de la famille, mais de toute façon aurait-il surmonté les difficultés liées à un marché plus complexe et devenu de plus en plus concurrentiel ? À la veille de la première guerre mondiale, il dépose le bilan.
De l'usine de la rue du Dauphiné, on sait par une fiche de pop.culture.gouv.fr consacrée à son histoire qu'elle sera cédée en 1915 à la société des fontaines à gaz et des brevets Achard, et à la chapellerie Le Soudan.
Bonne journée.