Quel personnage de la littérature a les mêmes traits de caractère que dom Juan de Molière ?

Bonjour,

Lorsqu’est évoquée la question de la séduction masculine en littérature, on pense immédiatement à Don Juan. On dit d’un séducteur qu’il est un Don Juan et on qualifie de «donjuanisme» une recherche inlassable de la relation amoureuse. Né de l’imagination d’un Espagnol, moine de son état, mais auteur à succès, Tirso de Molina, le personnage de Don Juan subit de multiples transformations à travers les siècles jusqu’à la célèbre pièce de Molière.

Dans le personnage du Don Juan que vous évoquez dans votre question, Molière peint un libertin au sens du XVII^esiècle, c’est-à-dire un athée, en marge de toute croyance et de toute morale, accomplissant le mal de façon aussi naturelle que d’autres font le bien. Sa technique de séduction s’inscrit dans cette volonté générale de transgression. Ses armes sont le mensonge et la violence alors que la séduction, tout au contraire, c’est l’art de la parole et des préliminaires. Chez Don Juan, les préliminaires sont réduits à de grossiers mensonges qui n’ont même pas l’apparence de la vraisemblance. Ce qui le passionne dans la séduction, c’est l’accumulation des victoires, leur nombre et leur quantité. Sa séduction est à la fois tragique et perverse. Comme les héros de Sade, il s’inscrit dans une contestation généralisée de toutes les formes de règles sociales ou morales, dans l’inversion de toutes les valeurs et la primauté absolue de son désir.

Le «donjuanisme» signifiant libertinage des mœurs, on trouve des préfigurations bien avant le Siècle d'or espagnol. L'Antiquité gréco-latine en fournit de très nombreux exemples : des dieux (Zeus), des héros mythiques (Thésée), des personnalités historiques (Alcibiade), des poètes théoriciens de l'amour libre (Ovide, dans son Art d'aimer). En bref, chaque fois que, chez un homme, l'appétit sexuel revêt un aspect de violation audacieuse des normes, de scandale et de fascination, il s'apparente d’une certaine manière au « donjuanisme ».

Lorsqu’on cherche des exemples de séduction dans les œuvres littéraires, on trouve des personnages comme Casanova, Valmont, Julien Sorel, Rastignac, George Du Roy, etc. Aucun n’est comme Don Juan.

Cependant tout autre est la séduction de Casanova. Si Don Juan est un mythe littéraire, Casanova est un personnage réel qui a laissé des mémoires. La séduction de Casanova est très différente de celle de Don Juan. Casanova aime la vie, entend en jouir et prétend en faire jouir les femmes qu’il rencontre. Il séduit des femmes qui lui répondent avec leurs propres armes, acceptent ou refusent d’être séduites et sont des partenaires à part entière, non des victimes vaincues d’avance. Casanova ne sépare pas la séduction de l’amour.

Valmont lui, imagine une forme de séduction destinée à emporter la forteresse des femmes vertueuses. Menant ce jeu avec la marquise de Merteuil, sa complice, le vicomte de Valmont est un des personnages principaux du roman épistolaire Les liaisons dangereuses écrit par Choderlos de Laclos. Tous deux ont en commun d'être particulièrement beaux et de mener une vie de libertinage amoureux. Instrumentalisé par la perversité de la marquise, ce duo élabore des stratégies destinées à faire céder la vertu de Madame de Tourvel, femme admirable, fidèle, prude et dévote, au-dessus de tout soupçon. Valmont ne désire la séduire que parce qu’il la suppose rebelle à la séduction. C’est un défi.

Julien Sorel, protagoniste du roman de Stendhal, Le rouge et le noir, apparaît comme un héros romantique assez bien caractérisé, porté à la fois par la jeunesse, le déclassement, l'ambition et l'orgueil, le sentiment amoureux, l'apprentissage de soi et du monde avant de dresser sa propre statue de rebelle qui accomplit son destin tragique. Epris d'absolu et imbu de lui-même, il cherche en toute occasion à jouer le rôle qu'il pense que l'on attend de lui: c’est la séduction par devoir. Il sacrifie le bonheur de ceux qu'il aime, comme Madame de Rênal, à sa réussite personnelle.

Tout comme le personnage de Stendhal, Eugène de Rastignac, crée par Honoré de Balzac, est un personnage romanesque dont les aventures débutent dans Le père Goriot et dont l'évolution va se poursuivre dans un nombre considérable de romans de la Comédie Humaine. Monté à Paris pour ses études, ce jeune homme ambitieux se montre prêt à tout pour parvenir à ses fins en utilisant la séduction comme ascenseur social.

Le roman Bel Ami de Maupassant quant à lui retrace l'ascension de George Du Roy du Cantel, homme ambitieux et séducteur sans scrupule, arriviste et opportuniste, employé au bureau des chemins de fer du Nord, parvenu au sommet de la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses.

Enfin vous trouverez dans Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde le personnage de Lord Henry, dit "Harry", qui est le mentor de Dorian. A l'inverse de son jeune ami, il est éloquent et sûr de lui. Il agit en cohérence avec le mouvement décadent de l'époque et ne cherche dans la vie qu'un idéal d'esthétisme. Son existence n'est que matérialisme, luxe, séduction et réalisation de ses plaisirs. 

Nous espérons que ces pistes de réflexions vous aideront à choisir parmi ces séducteurs pour mener à bien votre devoir de français.