Depuis quand le quartier du "Vieux Lyon" s'appelle-t-il ainsi ?
Question d'origine :
Depuis quand le quartier du "Vieux Lyon" s'appelle-t-il ainsi ?
Réponse du Guichet
L’appellation «Vieux Lyon» apparaît dès les années 1830 puis à partir du milieu du 19e siècle notamment lorsque des «notables commissaires» furent désignés pour constituer des commissions de salubrité publique. Les contextes démographique et économique ont déterminé l'évolution de l'urbanisation de la ville de Lyon à cette époque.
Bonjour,
Vous recherchez la période historique à laquelle remonte la dénomination «Vieux Lyon» pour désigner cet ensemble de quartiers lyonnais du centre-ville, rive droite de la Saône en contrebas de la colline de Fourvière.
L’appellation «Vieux Lyon» apparaît à partir des années 1830 puis au milieu du 19e siècle notamment lorsque des «notables commissaires» furent désignés pour faire partie des commissions de salubrité publique.
Nous avons retrouvé un article d'ethnologie très intéressant sur la question publié suite aux travaux de recherche de Pierre Yves Saunier. Il s’intitule «De la pioche des démolisseurs au patrimoine lyonnais : le "Vieux Lyon" au XIXe siècle» et a été publié en 1997 dans la revue "Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie" (p.69-81), il est disponible en libre accès sur le site Persée.
Cet article évoque les représentations et la manière dont les lyonnais percevaient le Vieux-Lyon au 19e siècle.
Il s’agit donc de trouver à partir de quand le «Vieux-Lyon» a cessé d’être le centre principal de la ville pour être ainsi désigné. Page 71, la note 11 en bas de page précise :
«Jusqu’à la régénération des années 1850-60, le terme désigne surtout les quartiers du centre de la ville. C’est par exemple pour désigner ces derniers que les différents rapports préparant ces projets de régénération parlent de «vieux Lyon». Au fur et à mesure de leur disparition, le terme se cantonne sur la rive droite de la Saône, et se dote de la double majuscule : Vieux Lyon, écrit-on alors. Aujourd’hui, le Lyonnais a du mal à imaginer qu’il y a un vieux Lyon entre Rhône et Saône, autour de la rue Mercière.»
(p. 71-note 11)
Le terme prend également ancrage dans la critique de la salubrité de cette zone et la volonté de raser le quartier pour reconstruire :
«(…) les délaissés des divers états sociaux ou professionnels se voient ainsi désigné un «milieu naturel». On sait que c’était effectivement dans le quartier de Saint-Georges que vivaient et travaillaient les moins aisés des canuts et qu’on y trouvait bien moins de métiers Jacquard qu’à la Croix-Rousse. (…) Un tel constat de «déclassement» est d’ailleurs fait en haut lieu lors des travaux du Second Empire, et tout cet espace a une fonction d’habitat de repli (…). La critique de la salubrité de cette partie de la ville vient s’ajouter à son passif. (…) En conséquence, les traitements préconisés à partir de 1850 sont simples : raser et reconstruire, selon les membres du conseil de salubrité et certains auteurs de topographies médicales.»
(p.70-71)
Sur Gallica, bibliothèque numérique de la BnF, nous pouvons retrouver des traces de documents numérisés mentionnant ce nom depuis la première moitié du 19e siècle (dans les environs des années 1830).
Dans l’"Atlas historique du Grand Lyon", il est précisé que la première moitié du 19e siècle est marqué par une forte croissance démographique amenant à une extension d’autres secteurs de la ville, et décentrant ainsi le centre de gravité du centre-ville lyonnais vers l’ouest :
«Le spectaculaire essor des activités de la soierie, qu’accompagnent de nouvelles productions dans des domaines très variés notamment la métallurgie et la chimie (…) a des conséquences multiformes. (…) La croissance démographique est spectaculaire : les faubourgs de la Croix-Rousse, de la Guillotière et de Vaise se développent rapidement, accueillant tous types de populations ouvrières, en particulier des canuts. L’augmentation du nombre des hommes et le développement des activités apportent à la municipalité lyonnaise de nouveaux moyens financiers qui lui permettent de procéder, avec l’aide de l’Etat, à de grands travaux d’édilité (théâtre) et d’équipement, comme des quais sur les deux fleuves.»
(p.108)
Pour aller plus loin sur l’histoire de la ville, nous vous invitons à vous rendre au Musée d'Histoire de Lyon (MHL) à l’Hôtel de Gadagne. Vous aurez notamment accès à un centre de documentation.
Au 20e siècle le quartier du Vieux-Lyon doit sa conservation au Plan de Sauvegarde et à la loi Malraux protégeant le site dès 1964. Enfin la patrimonialisation du quartier s’est poursuivie plus récemment. Le Site historique de Lyon rejoint la liste du patrimoine mondial établi par l’UNESCO le 5 décembre 1998. Le quartier du "Vieux-Lyon" est donc dorénavant classé parmi d'autres quartiers lyonnais au patrimoine de l’humanité.
Sur ce sujet, nous vous invitons à consulter l’article Influx "Lyon, un patrimoine vivant : 20 ans d’inscription à l’UNESCO" rédigé par une collègue.
Enfin parmi nos collections à la BML, voici quelques ouvrages complémentaires que vous pourrez consulter évoquant l’histoire, l’urbanisation et l’évolution de ce quartier au cours de différentes périodes historiques jusqu’à nos jours :
- "Atlas historique du Grand Lyon" , Jean Pelletier, Charles Delfante.
- "Vieux Lyon : 30 ans de secteur sauvegardé" , Renaissance du Vieux Lyon, 1995.
- "Renaissance du Vieux-Lyon, 50 ans (1946-1996)", 1997.
- "Lyon 5e arrondissement aux origines de la ville" , sous la direction d’André Pelletier, 2015.
- "Vieux Lyon, années 60" , Bernard Agreil, Gilbert Vaudey, 2018.
- "Le Vieux-Lyon : Saint Georges, Saint-Jean, Saint-Paul au fil du temps" , Cécile Mathias.
- "Vieux Lyon doubles vues", Yves Neyrolles, Kyle R. Brooks.