Les pratiques des réseaux sociaux et leur évolution sont un sujet de recherches inépuisable pour chercheurs et chercheuses. Voici quelques pistes récentes pour vous documenter.
Bonjour,
Il y a pléthore de documents sur l'évolution des pratiques sur Facebook. Il sera donc difficile de vous faire une réponse exhaustive.
Tout d'abord, nous vous invitons à lire l'article de sociologie "Facebook, pour quoi faire ? Configurations d’activités et structures relationnelles" par Irène Bastard, Dominique Cardon, Raphaël Charbey, Jean-Philippe Cointet et Christophe Prieur, Sociologie, 2017, lisible sur Cairn. Son approche est globale :
En quelques années, Facebook est devenu la principale plateforme de réseau social en ligne. En France, l’entreprise de Mark Zuckerberg revendique, depuis septembre 2015, 30 millions d’utilisateurs « actifs » (1,5 milliard dans le monde) et leurs usages, majoritairement mobiles, sont désormais si immédiats, quotidiens et communs que le service s’est banalisé au point de devenir une pratique sociale très ordinaire. Mais derrière ces chiffres vertigineux, que savons‑nous exactement des usages de la plateforme et quelle méthode est la plus appropriée à la production d’une telle connaissance ? La plupart des discours publics portant sur les réseaux sociaux en ligne, et sur Facebook en particulier, insistent sur la dimension individuelle, voire narcissique, de cette exposition de soi. Cette image correspond‑elle à la réalité des pratiques des utilisateurs ? N’existe‑t‑il pas d’autres usages et d’autres manières d’investir Facebook que la quête de réputation ? Dans cet article, on souhaite montrer que la réalité des usages de Facebook est bien plus hétérogène que ce que cette représentation univoque laisse penser en raison des spécificités relationnelles des pratiques en ligne. Les fonctionnalités proposées par la plateforme associent en effet très étroitement des outils permettant l’expressivité de l’utilisateur et la conversation avec son réseau d’« amis ». Aussi, l’analyse des usages de Facebook doit‑elle articuler les activités de l’utilisateur aux interactions qu’elles suscitent auprès des amis.
« Être sur Facebook » peut signifier un grand nombre de choses. L’hégémonie symbolique de la plateforme exerce un effet de curiosité, de mimétisme ou de prescription qui a conduit de nombreuses personnes à s’inscrire pour ne pas ignorer ce que se disent leurs amis, surveiller leurs enfants ou simplement comprendre comment cela marche. Beaucoup de ces comptes n’ont jamais été vraiment « actifs », ne le sont que de façon irrégulière ou par obligation, par exemple pour apporter une réponse de politesse aux vœux laissés par les amis à l’occasion de leur anniversaire. Par ailleurs, les usagers de Facebook n’ont cessé de créer des profils pour toutes sortes de raison et sous des identités variées : personnelle, professionnelle, institutionnelle, marchande, associative, familiale, pour ne pas parler des « faux comptes » de test, de jeux, de drague, de concours commerciaux ou de voyage que les utilisateurs ont multiplié – ces « faux comptes » n’étant désignés comme tel que pour donner consistance à la norme des usages authentiques du « vrai » compte. À cette variété de motifs d’inscription et d’identités projetées, Facebook a ajouté une profusion de services différents que la plateforme cherche à articuler : un répertoire relationnel avec des proches ou des inconnus qui définit le périmètre des amis du profil, un système de communication interpersonnelle, des outils d’auto‑publication permettant de s’exprimer avec du texte, des photos et des vidéos, un système de sélection, de promotion et de mise en circulation des liens du web, des outils d’évaluations (likes et commentaires) qui permettent à l’utilisateur de déposer ses jugements partout sur le web (boyd & Ellison, 2007 ; Gerlitz & Helmond, 2013). Offrant des fonctionnalités aussi diverses, s’imposant comme le point de passage obligé de nombreuses pratiques numériques, Facebook ne peut qu’être investi d’une mosaïque d’usages.
Cette variété invite à conduire une exploration globale des comportements sur la plateforme afin de dégager les formes stables et régulières de pratiques que l’on peut véritablement identifier comme des configurations d’activités. À partir d’une enquête quantitative portant sur les données extraites de 15 145 comptes Facebook, on voudrait montrer les apports et les limites des « méthodes digitales » (Venturini et al., 2014) à la production d’une interprétation morphologique et structurale des comportements sur les réseaux sociaux en ligne.
Sur l'impact de l'année 2020 avec la pandémie de covid-19 et les confinements sur les pratiques des réseaux sociaux, vous pouvez consulter le rapport Usages numériques : quelles pratiques en 2020 ? publié par l'Arcep et le CSA, deux autorités de régulation dans le champ de la communication et de l'audiovisuel.
Sur un sujet semblable, mais beaucoup plus détaillé, vous pouvez consulter Infodémie et vulnérabilité informationnelle liée au Covid-19 en Belgique francophone de l'Observatoire de recherche sur les médias et le journalisme (Université de Louvain). Ce rapport s'intéresse aux " Pratiques d’information, confiance envers les médias, les experts et les gouvernements, adhésion aux mesures, hésitation vaccinale, perception du risque, mésinformation et conspiration" et les réseaux sociaux y tiennent une place prépondérante.
Dans le même ordre d'idée, vous trouverez l'article "Facebook pour s’informer ? Actualité et usages de la plateforme par les jeunes" Arnaud Mercier, Alan Ouakrat et Nathalie Pignard-Cheynel, extrait de l'ouvrage Commenter et partager l’actualité sur Twitter et Facebook, Maison des Sciences de l’Homme, pp.169-197, 2017, PDF disponible sur hal.archives-ouvertes.fr
De nombeuses études ont été faites sur les pratiques des réseaux sociaux liées à la politique. Quelques exemples (relativement) récents :
- "Les députés européens sur Facebook et Twitter: une ethnographie des usages", Sandrine Roginsky, Communications & Langages, 2015, lisible sur Cairn
- "De quelle(s) couleur(s) sont les Gilets jaunes ? Plonger des posts Facebook dans un espace idéologique latent", Jean-Philippe Cointet, Pedro Ramaciotti Morales, Dominique Cardon, Caterina Froio, Andrei Mogoutov, Benjamin Ooghe, Guillaume Plique, Statistique et société, 2021, surhal.archives-ouvertes.fr
- "Facebook en campagne - styles communicationnels et réseaux sociaux : le cas de la République en Marche et de la France insoumise lors de l'élection présidentielle de 2017", Sandrine Beck, mémoire de master soutenu à l'Université de Genève, 2019, sur archive-ouverte.unige.ch
- "Usages des médias sociaux et pratiques informationnelles des jeunes Québécois: le cas de Facebook pendant la grève étudiante de 2012", Guillaume Latzo-Toth, Madeleine Pastinelli et Nicole Gallant, Recherches sociographiques, 2017, erudit.org
- "Pratiques de médiation informationnelle sur Facebook : l'appropriation politique de la presse quotidienne régionale lors de la campagne présidentielle de 2017" de Franck Bousquet, Julien Figeac, guillaume Cabanac et Camille Noûs, Mots. Les langages du politique, 2020, sur Cairn
De nombreux articles abordent la question de la construction de l'image de soi :
- "Les CROUS et les étudiants : vers une co-construction d'une image de soi sur Facebook ?" d'Axelle Hypolite Martin, Communication & management, 2019, consultable sur Cairn
- "Usages sur Facebook : Entre reconnaissance et visibilitée de Godefroy Dang-Nguyen, Emilie Huiban et Nicolas Deporte, Marsouin, Telecom Bretagne, Institut Mines Telecom, 2015, lisible sur Marsouin.fr
- 'L’usage de Facebook et les enjeux de l’adolescence : une étude qualitative", d'A.Moreau, O.Roustit, E.Chauchard et H.Chabrol, Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 2015, résumé accessible sur Science direct
- "Une dialectique de la pudeur: les pratiques de mise en visibilité de soi sur Facebook" Laurent Mell; TIC & société, 2016, lisible sur journals.openedition.org
De nombreux autres études touches des sujets aussi variés que l'évolution des pratiques sociolinguistiques, les pratiques des community managers dans les musées, ou encore l'image de la mort et les rituels du deuil... si un aspect plutôt qu'un autre des pratiques de Facebook vous intéresse, nous vous suggérons donc de continuer votre recherche avec le moteur de recherche Google scholar.
Les Métavers suscitent un grand intérêt dans la presse, surtout depuis l'annonce par Facebook du développement du projet Meta et la première plaine pour agression sexuelle d'un avatar sur un autre.
Vous trouverez des articles grand public détaillés sur :
Wikipédia
The Conversation
Futura sciences
Siècle digital
Les Echos
TV5Monde
France culture
Le Monde
Des études universitaires sur le sujet sont également aisément accessibles.
Bonne journée.