Y'a t-il une police et un ménage du Web ?

Bonjour,

Il existe plusieurs manières de trier, de renouveler, de recycler ou de "faire le ménage" au sein d'un contenu Web devenu parfois désuet. Cette charge revient généralement aux propriétaires des sites internet ainsi qu'aux moteurs de recherche. Suppression, archivage, recyclage, le Web est en perpétuel mouvement :

• L'archivage : Un site internet peut entièrement disparaitre ou du moins perdre une partie de son contenu. Des mises à jours exigent une actualisation régulière des informations ou une totale refonte de la structure d'un site et des données peuvent être amenées à disparaitre. C'est là qu'intervient Wayback Machine d'Internet Archive. Le site conserve les pages supprimées et les mises à jour d'un nombre incalculable de sites. Une frise chronologique vous permet de vous déplacer dans l'historique du site et de retrouver trace de n'importe quelle information disparue sur le Web traditionnel. Le site Archive.is quant à lui propose carrément d'intervenir par prévention. Si vous pressentez qu'une page s'apprête à disparaitre, vous pouvez la conserver dans sa forme actuelle à l'aide d'un outil intégré. 

• Les domaines expirés : Les noms de domaines d'un site (site.fr, .re etc.), à savoir leur identité numérique, qui leur permet d'être exploitables et référencés sur le Web, peuvent expirer. En France c'est l'Afnic qui contrôle la validité des noms de domaine. Leur propriétaire peut parfois oublier de renouveler ce droit d'utilisation exclusif qui est octroyé sur une période donnée (1 à 10 ans en France). Sur le principe du premier arrivé, premier servi ces noms de domaines arrivés à terme sont parfois cooptés par d'autres utilisateurs. Ils peuvent redonner vie à un nom de domaine tombé en désuétude mais parfois, et surtout si le nom est connu, ils sont lorgnés par des individus malveillants qui misent sur l'inattention de leur propriétaire. C'est ce qu'est arrivé à l'Assurance maladie qui a du débourser une belle somme pour récupérer son nom de domaine (article Le Canard Enchainé). 

• Suppression : Parfois les pages sont tout simplement supprimées par leurs propriétaires, entrainant la fameuse "erreur 404" pour les liens qui pointent vers elles. 

• Recyclage : Il existe de nombreuses techniques pour réactualiser du contenu sur internet en le modifiant au lieu d'en créer du nouveau. Procéder à la revitalisation d'une source à forte valeur qualitative permet aussi d'optimiser le positionnement CEO d'un site, c'est à dire son ordre d'apparition dans un moteur de recherche. Beaucoup de sites donnent des conseils aux propriétaires pour redynamiser et mettre à jour leurs pages internet (article digital-passengers). 

D'un point de vue légal désormais, il existe des réseaux d'instances de régulation qui veillent à la conformité de l'information et des activités sur le web avec le droit. Ce droit "d'internet" s'est matérialisé en France ces deux dernières décennies par l’adoption de lois comme la loi pour la confiance dans l'économie numérique, la loi Hadopi pour citer les plus célèbres ou encore le Règlement général sur la protection des données qui s'applique sur tout territoire de l'Union européenne.  En somme Internet n'est pas le "far west" souvent décrié, c'est un espace comme un autre où la responsabilité pénale des individus peut être engagée si leurs contenus enfreignent la loi.

L'une des dernières grandes réalisations en la matière est le Digital Services Act de l'Union Européenne (il s'applique totalement depuis le 17 février dernier) qui lutte contre la diffusion de contenus illégaux et contraint à une plus grande transparence entre les plateformes et leurs utilisateurs. Des plateformes de signalement permettent aux usagers de dénoncer directement du contenu illégal sur le Web, des arnaques, des menaces etc. C'est le cas en France de la plateforme PHAROS qui recense près de 4000 signalements quotidiens. Malgré tout la loi semble toujours courir après les évolutions technologiques du web et les nouvelles formes prises par ces activités illégales. 

En ce qui concerne la temporalité d'une information partagée sur internet, il convient de regarder la date de publication de l'article, de la vidéo ou d'un commentaire mais aussi,  lorsque c'est indiqué, sa date de mise à jour. Elles se situent souvent en entête ou à la fin d'un texte si c'est un article. Si ce n'est pas indiqué vous pouvez vous référer à cette ancienne question du Guichet du savoir qui vous apportera quelques astuces. 

Enfin voici quelques conseils prodigués par "Les décodeurs du Monde" pour vous aider à faire preuve de discernement et mieux naviguer dans un web surchargé :

• Consulter la page "à propos" d'un site, cela vous permet de savoir qui parle et par quel prisme.

• Trouver les auteurs d'un site rapidement en parcourant la page d'accueil, méfiez vous si leurs noms ne sont pas visibles. 

• Vérifiez si un article cite bien ses sources. Cela permet de distinguer un article d'opinion d'une source factuelle. 

• Est-ce que le titre de l'article est bien conforme au contenu ? Regardez si le propos est mesuré et ouvert à des idées contradictoires. 

Nous vous invitons aussi à consulter cet autre article : Comment vérifier les sources d'une information ? (Le Monde). 

Autres ressources :

Régulation du Web, l'Europe en pointe (Le Monde). 

L'éducation aux médias et à l'information : un état des lieux / Marc Capelle

L'éducation aux médias et à l'information : repenser l'approche critique / Laurent Petit

Bonne journée,