Peut-on connaître le nom des 60 nations gauloises et de leurs délégués qui se rassemblaient sur les pentes de la Croix-Rousse ?
Question d'origine :
Bonjour à vous tous ;
Après la conquête de Jules César, Auguste redécoupe la Gaule en 4 provinces.
Trois provinces Impériales : Lyonnaise – Aquitaine – Belgique, (les trois Gaules).
La Narbonnaise demeure province sénatoriale (administrée par le Sénat).
Puis, en regroupant des petites cités à des plus grandes, Auguste forme les 60 nations des Trois Gaules.
⚊25 dans la Lyonnaise.
⚊18 dans la Belgique.
⚊17 pour l’Aquitaine.
Lugdunum (Lyon), aux frontières des quatre provinces, est fondée et va devenir la capitale des Trois Gaules.
Sur les pentes de la Croix-Rousse se trouve le sanctuaire fédéral des Trois Gaules.
Chaque année, le1er août avait lieu le rassemblement du conseil des Gaules. Représenté par les délégués des 60 nations gauloises qui s'y réunissaient et renouvelaient leur serment d'allégeance à Rome et à Auguste autour de l'autel fédéral, aujourd'hui disparu.
Question : est-il possible de connaître le nom de ces 60 nations et si possible de leurs délégués ?
Merci de votre réponse.
Nafnaf.
Réponse du Guichet
Bonjour,
Le service Archéologie de la Ville de Lyon a mis en ligne sur son site web une fiche relative au conseil des Gaules. Vous y trouverez une carte des peuples gaulois et des villes des provinces de la Lyonnaise, Belgique, et Aquitaine. Vous pouvez compléter cette lecture par Les villes des trois Gaules (1999) de Robert Bedon, ou Le temple d'Auguste et la nationalité gauloise (1863) d'Auguste Bernard, qui listent et comptabilisent entre 60 et 64 cités et peuples au sein des trois Gaules que sont la Lyonnaise, la Belgique et l'Aquitaine. Quant au nom des délégués représentant ces cités et peuples pendant plus de deux siècles, ils demanderaient une recherche historique que nous n'avons pas la possibilité de mener ici.
Bonjour,
Le Service archéologie de la Ville de Lyon propose sur son site un dossier consacré au Sanctuaire fédéral des trois Gaules à Lyon. Il synthétise l'état de la recherche sur ce sujet et propose en téléchargement deux fichiers qui vous intéresseront (voir en bas de page)
- Les panneaux d'une exposition consacrée au Sanctuaire fédéral des trois Gaules à Lyon en 2007
- 1 fichier consacré plus spécifiquement au Conseil des Gaules, comprenant une carte des quatre provinces de Gaule (Lyonnaise, Belgique, Aquitaine et Narbonnaise, les trois premières constituant les Trois Gaules), ainsi qu'une carte des peuples gaulois et des villes des différentes provinces. On peut lire dans le texte qui accompagne ces cartes, à propos du conseil fédéral :
"association à autonomie territoriale, financière et administrative, il est composé d'un nombre imprécis (100 ? 200 ?) de délégués des soixante cités des Trois Gaules, élus par les sénats locaux parmi leurs anciens magistrats." "(...) Le conseil des Gaules se réunira pendant deux siècles et demi : le dernier témoignage concernant son activité date de 258-260 ap. J.C."
Au vu du temps limité de notre recherche, nous ne nous lancerons pas dans une tentative d'identification de ces nombreux délégués sur deux siècles et demi !
Vous pouvez vous référer à la carte pour visualiser l'emplacement des peuples et villes constituant alors les Trois Gaules (Belgique, Celtique, Aquitaine), les villes étant généralement les chefs-lieux des "cités", ces entités administratives romaines.
Le blog de Jacques Richard s'appuie sur l'ouvrage de Robert Bedon, Les villes des trois Gaules : de César à Néron : dans leur contexte historique, territorial et politique (Paris : Picard, 1999) pour dresser une liste des cités établies en Gaule par les Romains dans les provinces des Trois Gaules. Si le contre-rendu de lecture de l'ouvrage de Robert Bedon publié par Monique Dondin-Peyre dans la Revue belge de Philologie et d'Histoire émet quelques critiques sur le contenu du livre, notamment l'assimilation des villes aux cités, l'ouvrage reste néanmoins une bonne base de lecture pour compléter ces premières informations.
60 ou 64 cités en Gaule Lyonnaise ?
Les listes reproduites par Jacques Richard à partir du livre de Robert Bedon forment un total de 64 cités, et non 60 comme indiqué par Strabon. Dans Le temple d'Auguste et la nationalité gauloise (1863) Auguste Bernard s'intéresse à ces écarts de chiffres, et reproduit la liste des peuples fournie par Ptolémé, qui compte... 63 noms. Nous vous laissons prendre connaissance du chapitre III de son ouvrage, "Peuples qui ont contribué à l'érection du temple d'Auguste" pour en savoir plus (consultable sur Google books).
En vous souhaitant une bonne lecture !
A lire en complément :
Dans Un bimillénaire méconnu : l'assemblée des trois Gaules, Robert Turcan, in : Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 1991 135-4 pp. 733-742
Réponse du Guichet
Si la question paraît simple, la réponse s'avère complexe à cause de nombreuses incertitudes qui suscitent des débats entre scientifiques. Une chercheuse archéologue que nous remercions chaleureusement nous apporte ces précisions :
La question est assez complexe de donner une réponse précise à votre question, et ce pour plusieurs raisons. Il existe un débat sur le nombre ainsi que les noms des cités. Tout d'abord, une question se pose sur l'existence d'une assemblée particulière à Saint Bertrand de Comminges. En fonction de cela, la liste des cités varie quelque peu car certains peuples aquitains en font partie et d'autres non. Le deuxième problème qui complexifie la restitution d'une liste précise des cités des Trois Gaules qui pouvaient désigner leur délégué au sanctuaire est celui d'une connaissance insuffisante de certaines cités et de leur évolution. Ainsi, pour vous donner un exemple de débat, tous les chercheurs n'ont pas trouvé d'accord sur l'existence de la cité des Ambarres à l'époque impériale. Il n'est pas exclu que le peuple pré-romain ait été rattaché à une autre cité (et notamment la cité des Eduens, des Segusiaves, de Lyon). Il faudrait alors distinguer les cités qui suscitent débat pour différentes raisons de celles dont les spécialistes sont sûrs qu'elles ont envoyé leur délégué au sanctuaire des Trois Gaules.
La question posée peut donc paraître simple, mais la constitution d'une liste précise requiert des recherches. Celles-ci prendront en compte de nombreuses nuances, d'autant plus que les sources connues, et notamment Strabon et Tacite, ne donnent pas les mêmes chiffres...
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