Quelles relations entretenait Carl Orff avec les nazis ?

Bonjour,

Opportunisme, compromission ou réelle collaboration? Durant la période 1933-1945, l'attitude ambiguë de Carl Orff à l’égard du IIIe Reich soulève encore de nos jours de nombreuses polémiques.

Pour ses détracteurs, le fait qu’il n’a pas fui le régime nazi et qu’au contraire le succès de ses œuvres lui a permis de rester jouer et composer en Allemagne est déjà à mettre à sa défaveur.

Mais surtout les reproches ci-dessous sont avérés :

- Il a participé à la composition de la musique des Jeux Olympiques de Munich en 1936.

- Il a composé, à la demande des autorités allemandes, une nouvelle musique du Songe d’une nuit d’été (Ein Sommernachtstraum) de William Shakespeare pour faire oublier la version de Felix Mendelssohn, compositeur juif.

Son œuvre principale «les Carmina Burana» est elle aussi suspectée d’être une œuvre nazie, comme l’explique cet article de Diapason. Au contraire, ses admirateurs pensent que "l’usage du latin, l’ersatz de couleur russe lorgnant sur Les Noces – Stravinsky, [...], quelques relents de jazz et l’érotisme du texte ne sont pas exactement conformes aux canons du national-socialisme. "

Le travail de recherche de l’historien britannique Michael H. Kater semble être le plus abouti sur ce point. Dans son ouvrage extrêmement documenté «Huit portraits de compositeurs sous le nazisme», un chapitre est consacré à Carl Orff. Il semble que le compositeur ne soit pas le plus mal placé de ses contemporains allemands.

Vous pouvez trouver un large extrait de ce livre sur Google Livre et la version intégrale est disponible à la BU de Lyon II (Chevreul).

Dans cet article de radio classique, on apprend qu’en 2021 une commission allemande a étudié le degré d’engagement de 66 musiciens allemands pendant la seconde guerre mondiale et Carl Orff reste un des moins impliqués :

Si le compositeur Carl Orff (Carmina Burana) a été classé en catégorie 1 et le chef d’orchestre et compositeur Wilhelm Furtwängler en catégorie 2, quatre autres grands noms de la musique autrichienne ont été placés dans la catégorie 3, celle du déshonneur. C’est le cas pour Heinrich Damisch (co-fondateur du Festival de Salzbourg), Hans Pfitzner (compositeur et chef d’orchestre), Franz Sauer (organiste de la cathédrale et professeur du Mozarteum), Erich Schrenk (musicologue) et surtout Herbert von Karajan, même si, pour le maestro originaire de Salzbourg, 4 des 9 membres de la commission ont voté pour un classement dans la catégorie 2.

Enfin l’émission Musicus Politicus sur France musique s’est aussi attardé sur le cas Orff.

Pour aller plus loin vous trouverez dans nos collections des documents concernant la musique et le national-socialisme.

Bonne journée.