Comment tourner la page quand quelqu'un refuse de vous pardonner une faute ?
Question d'origine :
Bonjour,
Quand quelqu'un refuse de vous pardonner une faute ou un ensemble d'erreurs que vous avez commise(s) par le passé, cela peut vous faire ressentir un profond sentiment de culpabilité. Bien des années après, vous restez hanté.e.s. par de mauvaises pensées; votre esprit est encore et encore bien trop occupé par cette affaire désagréable dont vous avez l'impression qu'elle durera peut-être toute la vie. Si l'on vous avait pardonné.e.s, vous auriez pu espérer passer à autre chose, mais l'on ne vous pardonne pas et on ne le fera sans doute jamais. Comment avancer?
Réponse du Guichet
Sentiment culturel ayant son utilité car il témoigne de notre capacité d'empathie, la culpabilité devient pourtant contre-productive lorsqu'elle provoque anxiété et dépression. Voici quelques sources qui vous permettront, nous l'espérons, de faire avancer votre réflexion sur cet affect.
Bonjour,
Nous n'avons pas, hélas, de recette miracle pour la gestion de la culpabilité. Nous pouvons toutefois vous aiguiller vers des sources qui pourront vous aider à gérer cet affect encombrant :
Dans le cerveau, on trouve l’empreinte cérébrale de la culpabilité à la jonction temporo-pariétale du cerveau. C’est la partie dont on se sert lorsqu’on se représente les états mentaux d’autrui.
L’être humain est équipé pour ressentir cette émotion parce qu’elle a une fonction sociale bien précise. Dans la culpabilité, on se met un peu dans la peau de la personne qui a été lésée et on examine ça de son point de vue. C’est ce qui donne l’impulsion pour aller vers elle pour s’excuser, se justifier… La culpabilité a donc une dimension réparatrice.
La culpabilité apparaît lorsque nous avons commis une faute, transgressé une règle ou fait du tort à autrui.
C’est une émotion très subjective car la culpabilité part souvent d’une autoévaluation. [...] On peut aussi se sentir coupable alors qu’il n’y a pas lieu de l’être.
Notamment, car il arrive que la culpabilité vienne d'un sentiment de toute-puissance : "Le "j’aurais dû" qui accompagne la culpabilité, c’est l’idée que la personne aurait pu agir autrement, que si elle s’était comportée différemment, les choses se seraient passées autrement… En fait, on préfère parfois se sentir coupable pour s’imaginer que l’on avait toutes les cartes en main plutôt que de se dire qu’on était impuissant."
Toutefois, nul ne sort de la culpabilité seul. Une bonne rencontre avec une personne fine et sensible, sachant nous accueillir, peut nous réconcilier avec nous-mêmes. Mais quand nous souffrons trop, une thérapie s’impose. Une écoute qui ne juge pas est le meilleur antidote à la honte d’exister. « Se savoir entendus permet de nous faire prendre corps et de nous sentir à l’aise dans ce corps, souligne Virginie Megglé. Nous apprenons alors à faire preuve de bienveillance et de sincérité avec nous-mêmes. Progressivement, nous ne cherchons plus à plaire, nous agissons. Et nous plaisons. Ou pas. Nous avons moins peur du rejet, nous nous acceptons. Nous sentons que nous rencontrerons quelqu’un à qui plaire, le moment venu. Nous apprenons à nous pardonner. À agir à notre échelle. » Mais, pour obtenir des résultats durables, il nous faut aussi repenser nos liens aux autres, cesser de les percevoir comme des rivaux et des témoins de notre médiocrité. Alfred Adler conseillait de cultiver le sentiment d’appartenance à la communauté humaine.
Prétendre qu’un travail sur soi puisse éradiquer définitivement la mauvaise graine de la culpabilité serait mentir. Il nous permet néanmoins de cesser d’en être dupes, et de lui sacrifier notre énergie quand elle revient, ponctuellement, nous titiller. Et ce à tout âge. Mais encore faut-il avoir le désir, la curiosité, de savoir qui l’on est.